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Candi STATON - Young Hearts Run Free (1976)
Par LE KINGBEE le 23 Mars 2023          Consultée 547 fois

Nous sommes en 1976, la rengaine qui revient dans toutes les têtes se résume en deux mots : Que Calor ! A part cela, trois entrepreneurs fondent Apple, bicentenaire de l’Indépendance des Etats Unis, Gerald Ford est remplacé au profit de Jimmy Carter. Chez nous autres, le Concorde effectue son premier vol commercial, LIP met la clef sous la porte, Spaggiari se remplit les poches au détriment de la Société Générale, le projet Superphénix pose déjà des problèmes. Ah j’oubliais les supporters de Saint Etienne maudissent les poteaux carrés.

Musicalement si les WINGS triomphent avec "Silly Love Song" et Elton JOHN en duo avec Kiki Dee avec "Don’t Go Breaking My Heart" il faut retenir le succès de nombreux titres Disco : "Love Hangover" (Diana ROSS), "Shake Your Booty" (KC & SUNSHINE BAND), "You Should Be Dancing" (BEE GEES). 1976, c’est aussi l’année de sortie de "Young Hearts Run Free", second disque de Candi STATON pour la firme Warner Bros. A cette époque, Candi est une personne vulnérable, comme on la qualifierait aujourd’hui. La chanteuse est sous le joug de son mari Jimmy James, un poivrot notoire, escroc et proxo qui fait aussi office de manager. C’est qu’il faut faire bouillir la marmite, Candi a de nombreux enfants issus de mariages abusifs et ratés et c’est elle qui remplit la marmite en se produisant deux fois par soirées dans des bouges du Chitlin’ Circuit où les vestiaires sont parfois inexistants, alors que le brave Jimmy bouffe tout sur son passage, menaçant jusqu’à la vie de ses enfants. Un personnage éminemment sympathique dont Candi est sur le point de se défaire.

D’un autre côté, si Warner Bros Records est une firme financièrement puissante, les succès se font rares, faute à une ligne et un catalogue cohérent. En 1976, les grosses ventes se comptent sur les doigts d’une main, si Warner connait bien quelques réussites avec le double live de COMMANDER CODY, Night On The Town de Rod STEWART ou The Roaring Silence de MANFRED MANN EARTH’s BAND, le registre Soul du catalogue est au plus bas. Hormis Mirror du Graham Central Station, aucun album dédié à la musique noire ne rentre dans un Top Ten, la faute à une ligne de production brouillonne, un peu à l’image du chien qui tourne en essayant de se mordre la queue. En fait le catalogue Soul de la Warner pourrait être représentée par une benne tout-venant provenant d’une déchèterie. Rien n’y est clair.

Afin de conjurer le sort, Warner fait appel à Dave Crawford pour assurer la production. Ancien flutiste, pianiste et disc-jockey, Crawford est un producteur indépendant qui a brièvement officié dans le giron d’Atlantic. Si adolescent, il a chanté au sein des Caravans et auprès de Shirley Caesar, Crawford s’est fait connaitre en composant "What A Ma", hit mineur de Linda Lyndell (future cible du KKK). En compagnie de Brad Shapiro, Crawford a travaillé avec Wilson PICKETT, BB KING et Dee Dee Warwick et a produit le premier disque du J GEILS BAND. S’il joue encore au sein de la troupe Gospel The Mighty Clouds Of Joy, Crawford est également un producteur doublé d’un auteur compositeur attentionné, le bonhomme ne vient pas les mains vides, il apporte cinq chansons parmi les huit de l’album.

Crawford collabore avec l’arrangeur Sylvester Rivers, ancien pianiste de session (Laura Lee, Stanley Turrentine, Aretha FRANKLIN) qui vient d’acquérir une certaine notoriété auprès de Nancy Wilson et Al Wilson. Crawford fait venir quelques-uns des meilleurs sidemen du moment : le bassiste Scott Edwards (Stevie WONDER, HALL & OATES, Albert KING), le batteur Ollie Brown (ex membre du duo Ollie & Jerry, Joe COCKER et membre de la tournée 76 des STONES) les guitaristes Ray PARKER Jr. (Marvin GAYE, Tina TURNER, Bill WITHERS) et Jay Graydon (The FOUR TOPS, Edwin STARR, STEELY DAN), les claviéristes Michael Boddicker (Quincy Jones, Elkie Brooks) et Sonny Burke ( Freddy KING, Bobby WOMACK), le vibraphoniste synthétiseur Monty Stark (ex Mandrill), et enfin le percussionniste Jack Ashford ( The TEMPTATIONS, Bob SEGER, Diana ROSS). Une belle brochette de virtuoses dont certains peuvent se flatter d’un curriculum aussi épais qu’un bottin.

Grande spécialiste de la chanson adultérine, Candi Staton n’est jamais autant à son aise sur des thématiques tristes avec des histoires d’amour malheureuses et des lendemains sans perspective et des quotidiens qui déchantent. Ce registre lui a valu d’enregistrer bon nombre de pépites pour Rick Hall et FAME Records. C’est ainsi que les premières mesures de "Run To Me"* risquent de désarçonner les plus grands fans de Soul Sudiste. Là, la brave Candi nous entraine carrément sur les bords d’une piste de danse, en plein territoire Disco. On croirait avoir glissé sur la platine un disque de Labelle ou de First Choice.
On se dit que cette ouverture est probablement destinée à lancer le disque sur de bons rails avec un bon plein de charbon ou de vitamines, mais avec "Destiny" le doute n’est plus permis, la frontière entre Deep Soul et Disco a été franchie. "What A Feeling"**, la troisième compo de Dave Crawford, s’oriente vers une Deep Soul beaucoup moins intempestive que ses prédécesseuses ; si la voix se fait lascive, elle n’a rien à voir avec les gémissements que délivraient Gloria Gaynor et Donna Summer. Cette face A se termine sur "You Bet Your Sweet Sweet Love", une ballade Country de Kenny O’Dell transformée ici en une petite pépite de Country Soul qui ne paye pas de mine mais qui sied parfaitement à la chanteuse.

La face B s’ouvre avec "Young Hearts Run Free" titre qui donne son nom à l’album et qui vaudra au printemps son plus gros succès avec une première place dans les charts Soul et une 20ème dans le Hot 100. Derrière un rythme entrainant, Candi dévoile avec pudeur la tristesse d’une vie polluée par l’autorité et la méchanceté d’un mari coureur de jupon, irrespectueux et picolo. On ressent la douleur de la chanteuse sur certains passages. Une belle tranche de vie superbement composée par Crawford. Le titre repris par Kym Mazelle, une chanteuse de Soul et de House de Chicago, figure au générique du film "Romeo And Juliette", une transposition californienne des Capulet et Montaigu avec Leonardo DiCaprio et Claire Danes. Le titre sera également au générique d’un épisode de la série "Desperate Housewives" via Gloria Estefan. De nombreuses jeunes chanteuses de radio crochet et de concours en tout genre reprendront la chanson, mais à l’image de la vieille pub pour Canada Dry, ce n’est pas la même saveur. Comme l’annonce l’adage : on ne mélange pas les serviettes et les torchons.

Candi Staton reprend "Living For You", une compo d’Al GREEN, sous forme de ballade Soul. Si l’orchestration sonne aujourd’hui embourbée dans une sonorité propre au milieu seventies, c’est encore la voix, superbement secondée par une troupe de choristes de renom qui relève la chanson. Ollie Brown lui offre "Summer Time With You", une ballade Soul sensuelle qui a contribué à faire ou défaire plus d’un couple. Une version, selon nous, largement supérieure par rapport à celle de La Toya JACKSON. C’est sur un tempo entrainant et dansant que cette galette termine son tour de danse avec "I Know", dernière compo de Crawford, un titre qui aujourd’hui se révèlera anecdotique. Certains auditeurs plus djeuns feront peut être un parallèle avec "You Gonna Want Me", samplé par le canadien Tiga et le DJ Colton.

En dépit des deux premières pistes sonnant véritablement Disco, genre qui déferla tel un tsunami, cet album aura permis à Candi Staton de remonter aux sommets des charts. Les textes de Crawford demeurent bien écrits et se démarquent de la médiocrité générale qui aura envahi les registres Soul, R&B et la branche Disco. On pourra parfois reprocher certains arrangements et une orchestration parfois bourrative, mais celles-ci restent dans les clous de son époque. Conclusion, il faut séparer le bon grain de l’ivraie. Ce disque a été réédité par Edsel en format CD regroupé avec son prédécesseur Candi.
Note réelle un petit 3.


*Titre homonyme à celui des Bee Gees.
**Titre homonyme à ceux de Roy Gaines et Gregory Isaacs.

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   LE KINGBEE

 
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- Candi Staton (chant)
- Ray Parker Jr. (guitare)
- Jay Graydon (guitare)
- Scotty Edwards (basse)
- Ollie E. Brown (batterie)
- Eddie Bongo (congas)
- Jack Ashford (percussions)
- Sylvester Rivers (claviers, arrangements)
- Sonny Burke (claviers)
- Michael Boddicker (claviers)
- Monty Stark (synthétiseur)
- Vic Feldman (vibraphone)
- Deniece Williams (chœurs)
- Loni Groves (chœurs)
- Rochelle Runnells (chœurs)
- Jim Gilstrap (chœurs)
- Angie Johnson (chœurs)
- Fleming Williams (chœurs)


1. Run To Me
2. Destiny
3. What A Feeling
4. You Bet Your Sweet Sweet Love
5. Young Hearts Run Free
6. Living For You
7. Summer Time With You
8. I Know



             



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