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SOUTHERN SOUL  |  STUDIO

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- Style : Aretha Franklin , Bettye Lavette , Carla Thomas , Barbara & The Browns

Candi STATON - Stand By Your Man (1971)
Par LE KINGBEE le 30 Avril 2021          Consultée 1687 fois

Ces dix titres figurent sur la compilation "Candy Staton" parue en 2004 et préalablement chroniquée sur ce site. On ne reviendra pas sur le parcours de la charmante Candi STATON (voir la compilation précitée ou la chronique du JEWELL GOSPEL TRIO) mais nous allons essayer d’aborder ce disque par l’autre bout de la lorgnette.

Nous sommes en 1969 et les nuages ont pris une soudaine teinte grise pour Rick Hall, producteur et propriétaire du label Fame Records, acronyme de Florence Alabama, Music Enterprises. Hall vient de perdre son orchestre maison parti tenter sa chance à deux pas de là en ouvrant son studio. La pilule est d’autant plus dure à avaler que Hall a l’impression d’avoir été roulé par Jerry Wexler, grand manitou de la firme Atlantic. Voir partir la crème des musiciens n’est guère réjouissant, d’autant plus que Rick Hall les a tous connus alors qu’ils étaient adolescents. Lors d’une interview postérieure, Roger Hawkins déclara: "C’est moi qui lui ai annoncé la nouvelle. C’était un peu comme si je devais annoncer un truc terrible à mon père. Rick est tombé des nues, il ne s’attendait pas à notre départ mais nous a néanmoins souhaité bonne chance". En l’espace d’une journée, Rick Hall qui s’était déjà fait piquer Duane ALLMAN, vient de perdre Jimmy Johnson, David Hood, Barry Beckett et Roger Hawkins, l’une des meilleures troupes de Soul Sudiste avec celles des Frères Hodges chez Hi Records et Booker & The MG’s pour la Stax, deux labels implantés à Memphis.

Le départ de son orchestre de choc en mars 69 est d’autant plus rude, que Rick Hall est sur le point de signer un accord d’un million de dollars avec Capitol, accord dont une clause stipule clairement que l’orchestre maison doit être intégré et resté exclusif. Mais Rick Hall est un battant, le bonhomme a de la ressource et après tout une telle mésaventure lui est déjà tombée sur le museau quand son orchestre précédent a quitté Muscle Shoals pour tenter sa chance à Nashville.
Le producteur décide de recruter une nouvelle troupe de musiciens avec un contrat d’exclusivité. Sous la houlette de l’arrangeur Mickey Buckins, ancien homme à tout faire du label, tour à tour compositeur, ingé-son, Hall recrute entre autres les guitaristes Junior Lowe, Travis Wammack, le bassiste Jesse Boyce, le batteur Freeman Brown en provenance de Nashville et l’organiste Clayton Ivey. Désireux d’avoir une section cuivre, le trompettiste Harrison Calloway ramène dans ses valises les sax nashvilliens Aaron Varnell et Harvey Thompson.
Si Rick Hall voit d’un mauvais œil ses anciens musiciens ouvrir les portes de Muscle Shoals Sound (MSS) leur propre studio et commencer à entasser quelques succès, il ne tarde pas à se réjouir de la publicité que rapportent les exploits de ses désormais concurrents. La notoriété des studios de Muscle Shoals rejaillit sur son porte-drapeau, Fame Records. L’accord finalement signé avec Capitol lui permet de garantir une distribution nationale et lui ouvre de nouveaux horizons.

Si Clarence CARTER, la vedette phare, est désormais sous contrat avec Atlantic, Hall continue à s’occuper des enregistrements du guitariste aveugle. C’est par le biais de Carter que Rick Hall parvient à prendre une revanche éclatante sur Jerry Wexler, qu’il a toujours plus ou moins accusé d’avoir manigancé le départ des ses anciens musiciens virtuoses. Marié depuis peu, Carter a la bonne idée de présenter sa bienaimée au producteur. Si Rick Hall a connu des succès épisodiques avec Etta JAMES et Aretha FRANKLIN, son flair ne le trompe pas, avec Candi STATON il tient enfin sa perle. Plus commode, plus maniable qu’Aretha FRANKLIN, STATON si elle est également moins versatile que Lady Soul offre l’avantage de densifier le répertoire féminin, le catalogue proposant alors un contenu loin de la parité Homme/Femme. Si le premier single de la chanteuse avait déclenché quelques remous en atteignant une 9ème place dans les charts, la suite sera encore plus belle, et Candi STATON allait confirmer tous les espoirs mis en elle par un entourage de plus en plus attentionné. En 1970, Fame publie "I’m Just A Prisoner", un premier album qui place la chanteuse au sommet de la carte Southern Soul. En bon producteur, Rick Hall sait qu’il ne faut pas traîner, c’est ainsi qu’il décide de remettre une seconde couche avec "Stand By Your Man", album qui permettra à Candi d’être nominée aux Grammy Awards.

La pochette ne présageait pas au départ d'une originalité débordante. Une photo du buste de Candi se tenant la tête à deux mains avec un grand sourire vient se poser au milieu d’un fond bleu marine. On doit ce visuel à Roy Kohara, un designer attitré de la firme Capitol. Un gars auteur au passage de plus de 500 pochettes de 33-tours. On lui doit notamment "Extra Texture" (George HARRISON), "Goodnight Vienna" (Ringo STARR) mais aussi de nombreuses pochettes des MOTELS ou de Bob SEGERS. A priori, un visuel sans grande originalité, agrémenté sur le haut à gauche des titres de l’album placés en dépit de tout bon sens. Rien d’extraordinaire si ce n’est ce beau sourire qui respire la sincérité.

En ouverture, Candi STATON revisite "Stand By Your Man", une immense ballade popularisée par Tammy WYNETTE (son plus grand succès). Si les guitares se décalent d’un demi ton et si quelques violons offrent un nappage discutable, c’est la voix pleine d’exaltation qui marque les esprits, une voix précise mais maitrisée de bout en bout. Rien à voir avec l’original, là Candi se réapproprie carrément la chanson. Rien à voir non plus avec les reprises péquenaudes de Loretta Lynn, Wanda Jackson ou Kitty Wells. Je ne parle pas de celles de Carla BRUNI ou Elton JOHN, là ça fâche ! Autre intervenant important lié à la réussite de l’album, George Jackson apporte sa pierre à l’édifice avec quatre chansons. "How Can I Put Out The Flame", une ballade Country Soul proche des sommets, fait oublier la fougue du titre d’ouverture par sa douceur. Autre bonne pièce avec "Too Hurt To Cry" qui s’annonce toutefois plus légère. Little Milton reprendra la chanson sous une forme exagérément dramatique à notre goût. Mais le coup de massue arrive avec "I’m Just A Prisoner (Of Your Good Lovin’)". Si la guitare instaure dès le début une ambiance d’église, les guitares et la batterie montent en gamme tandis que la voix et les chœurs s’offrent un petit voyage au cœur d’une effervescence pleine de passion. Là, ce ne sont pas des louanges au Seigneur que la chanteuse propulse mais une déclaration d’amour à un bienaimé. C’est une compo du prolifique George Jackson qui vient clore le disque avec "Freedom Is Just Beyond The Door", titre qui nous expédie en plein Memphis Sound. La rythmique imprime un rythme de sénateur dont il est difficile de se départir, le chant provoque son lot d’émotion, Candi lance un appel à la liberté comme elle le ferait avec des voies plus impénétrables, tandis que la guitare semble toucher le centre de sa cible à chaque note. Les autres pistes sont du même acabit : "Mr And Mrs Untrue", une compo de Toni Wine (épouse de Chips Moman), nous offre un décor churchy avec son passage d’orgue. Une version qui relègue bien loin celles de Mighty Sam McClain ou Lloyd PRICE. Celles de l’acteur Doug McClure (comparse de James Drury dans la série TV Le Virginien) ou des countrymen Price Mitchell, Johnny Russell étant à fuir comme la peste.
L’interprétation de "He Called Me Baby", le pendant féminin de "She Called Me Baby" du foisonnant Harlan Howard, démontre bien que si de nombreux artistes Country ont mis de la Soul dans leur musette, le contraire est également une pratique courante. Si vous êtes amateur d’une Country Nashvilienne, d’une variétoche bien propre sur elle, vous opterez pour les versions (guignolesques oserais-je écrire) chantées par Skeeter Davis, Jeanne Newman ou Charlie Louvin ⃰. Chacun voit midi à sa porte. Terminons ce tour d’horizon avec les deux compos de la chanteuse : "To Hear You Say You’re Mine", une ballade pleine de douceur dans laquelle l’orgue ouvre des brèches aux cuivres et au chant. Coécrit avec Clarence CARTER, "Sweet Feeling" ne pourrait pas mieux porter son titre.

Plus d’un demi-siècle après l’enregistrement, "Stand By Your Man" se profile aux sommets de la Country Soul. Producteur avisé, Rick Hall a su tirer de cette formidable chanteuse le maximum. Pas moins de cinq titres se classeront dans les hit-parades Pop et R&B de l’époque. Pas le moindre grain de sable dans ces dix titres quasi intemporels et surtout pas de voix traficotée dont on masque les faiblesses à coup de boite à rythmes ou d’effets souvent inutiles.

⃰ Il s’agit là d’artistes cités à titre d’exemples. On peut supposer qu’il doit, hélas, y avoir bien pire.

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- Candi Staton (chant)
- Travis Warmmack (guitare)
- Junior Lowe (guitare)
- Clarence Carter (guitare)
- Jesse Boyce (basse)
- Freeman Brown (batterie)
- Clayton Ivey (orgue, piano)
- Harvey Thompson (saxophone)
- Aavon Varnell (saxophone)
- Harrison Calloway (trompette)
- Jack Peck (trompette)
- Dave Quillen (trombone)
- Jimmie Haskell (arrangement cordes & violons)


1. Stand By Your Man
2. How Can I Put Out The Flame (when You Keep The Fir
3. I'm Just A Prisoner (of Your Good Lovin')
4. Mr. And Mrs. Untrue
5. Too Hurt To Cry
6. He Called Me Baby
7. Sweet Feeling
8. To Hear You Say You're Mine
9. What Would Become Of Me
10. Freedom Is Just Beyond The Door



             



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