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Candi STATON - Candi (1974)
Par LE KINGBEE le 27 Février 2023          Consultée 457 fois

Nous sommes en 1974, Candi STATON n’a plus enregistré depuis deux ans. La rupture entre Capitol et FAME Records n'est pas sans conséquence pour la chanteuse et Rick Hall. L’arrivée d’un nouveau distributeur avec United Artists change complètement la donne.
En réalité, Candi connaît une érosion de son palmarès pour plusieurs raisons : une usure du temps, son divorce avec Clarence CARTER, un changement de distributeur et d’accompagnement et, surtout, la vague du phénomène Disco qui ne va pas tarder à emporter tout sur son passage, même si on n'en ressent encore que les embruns.

En fait, l’année 74 annonce les prémices d’un changement. Si Stevie WONDER rafle pas moins de cinq Grammy Awards, Roberta FLACK remporte le Grammy de la meilleure chanson avec "Killing Me Softly With This Song", de l’autre côté George McCRAE impose le Miami Sound avec le best-seller "Rock Your Baby", Gloria GAYNOR, une chanteuse du New Jersey, se classe pour la première fois avec "Honey Bee", tandis que Barry WHITE décroche le cocotier avec quatre disques d’or concernant ses productions personnelles mais aussi celles de Love Unlimited Orchestra.

Autre preuve de cette métamorphose musicale, le label Spring commercialise le premier album mixé de bout en bout avec "Disco Par-r-r-ty", une galette qui regroupe des faces de MANDRILL, Barry WHITE, Joe Simon ou James BROWN, enchainées les unes aux autres sans aucun effort de mixage.

Désireuse de grossir son catalogue, la Warner Bros décide de prendre sous contrat Candi STATON. La firme loin d’être spécialisée avec la Soul ne dispose dans son catalogue que d’Ashford & Simpson et de Graham Central Station, ce qui est pour le moins assez maigre. Warner décide donc de renvoyer sa nouvelle pouliche là où elle a commis ses plus grosses tueries, à Muscle Shoals dans les studios de Rick Hall. Seul hic et pas des moindres, si Hall se voit encore convier la production, le cœur n’y est pas, du moins pas autant qu’avant.

Paradoxalement, alors que le FAME GANG a tiré sa révérence depuis presque deux ans, quittant Rick Hall pour rejoindre le Widget Recording Studio, autre studio d’enregistrement situé à quelques centaines de mètres des studios FAME, on retrouve la crème des sidemen de Muscle Shoals. Au vu des différents ingé-son présents derrière les consoles, on peut se demander dans quel état d’esprit était véritablement Rick Hall lors de la venue de Candi. Si Larry Hamby, l’un des gars ayant participé au Stinky Fingers des STONES, Jerry Masters (STAPLE SINGERS, Ry COODER, CANNED HEAT) et Steve Melton sont là pour épauler Hall, on a parfois l’impression d’une fracture au niveau de la trame musicale. Le producteur doit aussi faire face au départ précipité d’Al Cartee, parti en mars 74 rejoindre George Soulé au sein de Music Mill, un autre studio d’enregistrements.
Autre fait marquant, si la crème des accompagnateurs de Muscle Shoals est bien présente, on a le sentiment qu’une routine s’est installée, la plupart de ces musiciens participant à une quarantaine d’albums annuels. Idem du répertoire : si on retrouve plusieurs noms d’auteurs compositeurs ayant connu le succès au sein de FAME, on a l’impression qu’ils ont proposé des titres qu’ils avaient sous la main, des faces sur lesquelles l’esprit de la Soul Sudiste se retrouve gommée au profit d’une orchestration annonciatrice du Disco.

Le disque s’ouvre de la meilleure des façons avec "Here I Am Again" *, une compo de Phillip Mitchell, auteur-compositeur lié à Muscle Shoals Sound, une maison d’édition fondée par Barry Beckett et Roger Hawkins. L’orgue instaure d’entrée une ambiance d’église tandis que STATON délivre une sorte de confession avec un début de spoken song. Un grand moment de Deep Soul, mais en réalité une refourgue judicieuse d’un titre enregistré sans succès par Ollie Nightingale pour Pride Records deux ans plus tôt. Le chanteur Latimore reprend le titre dix ans plus tard dans une version valant le détour. Mitchell fournit avec "As Long As He Takes Care Of Home" une seconde petite pépite évoquant Ann PEEBLES et le décor des studios Hi de Memphis (normal Phillip a travaillé pour le label de Willie Mitchell, sans lien de parenté).

George Jackson, prolifique auteur avec pas loin de 500 compos à son palmarès, lui apporte trois chansons : "You Opening Night", avec une orchestration naviguant entre Philly Sound et la Soul de Miami. Autre titre à avoir les honneurs d’être publié en single, "A Little Taste Of Love" s’avère bien rythmé avec son intro cuivrée, une guitare au phrasé funky et des chœurs parfois trop présents. Le titre sera repris par Millie JACKSON sans plus de succès. "Six Nights And A Day" coécrit avec Dan Greer se situe plus en direction du Memphis Sound, l’orgue et la guitare de Jimmy Johnson apportant une accroche très Memphis Sound. On regrette juste le manque de discrétion de la section des cuivres.

Alors que nos dirigeants nous concoctent en ce moment une réforme de nos retraites destinée à nous faire bosser jusqu’à la Saint Glinglin, on apprécie à sa juste valeur "Stop and Smell The Roses", une compo de Mac Davis. Ce countryman avait jadis collaboré sans succès avec Rick Hall, mais les deux hommes avaient gardé le contact. Représentant pour le label Vee Jay de Chicago, Davis s’est reconverti dans l’écriture, commettant plusieurs hits pour d’autres : Elvis lui doit "In The Ghetto" et "Don’t Cry Daddy", Glen Campbell "Honey". Pour l’anecdote, en guise de remerciement, le beau Glen repartira avec la femme du songwriter. Toujours est-il que Candi reprend cette chanson simple enregistrée quelques mois plus tôt par son créateur pour la Columbia. Le timbre de la chanteuse et l’orchestration apportent un plus incontestable et en font une petite pépite de Country Soul. Davis met en texte une maxime essentielle : Ne perdons pas votre vie à la gagner.

Songwriter renommé à Muscle Shoals, George Soulé lui apporte "We Can Work It Out" **, une douce ballade qui ne s’éternise pas et dans laquelle la section des cuivres s’avère dépouillée ; second titre, "Can’t Stop Being Your Fool", s'avère plus entraînant mais au ton déclamatoire. On pourrait croire à une compo de la chanteuse, la chanson faisant plus ou moins référence à sa séparation avec Clarence CARTER. Troisième titre avec "Clean Up America" un coup de semonce contre la politique sociale du pays et un appel à l’écoute et à la tolérance. Une version bien dans l’air du temps mais qui, malheureusement, ne semble avoir eu aucune répercussion sur les autochtones.
Tom Bahler, choriste au sein des California Dreamers, lui concocte "Going Through The Motions", une ballade lascive sans grand intérêt. Les accompagnateurs retrouvent parfois la verve des enregistrements FAME comme en atteste "But I Do" une ballade où Country et Southern Soul fusionnent impeccablement. Rien à voir avec la future soupe des Oak Ridge Boys, le groupe de Country Gospel qui chanta lors des funérailles de George H.W. Bush.

Au moment de faire les comptes, le contenu de l’assiette nous paraît plutôt maigre, surtout en comparaison avec les trois premiers albums monumentaux de la chanteuse. S’il paraissait difficile, voire impossible, de faire aussi bien, Candi souffre probablement d’une usure, d’un manque d’implication de la production et des diverses équipes d’auteurs pourtant réputées. Autre bémol, la recherche d’une certaine sophistication sur certains titres, un phénomène lié aux changements de modes qui allaient modifier le paysage musical. Dernier petit hic, pas un seul hit capable de se placer dans les charts du moment.

Note réelle 2,5.


*Titre homonyme à celui chanté par Loretta Lynn.
**Titre homonyme à celui des Beatles.

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- Candi Staton (chant)
- Jimmy Johnson (guitare)
- Ken Bell (guitare)
- Petecarr (guitare)
- Reggie Young (guitare)
- Travis Wammack (guitare)
- David Hood (basse)
- Roger Hawkins (batterie, tambourin, percussions)
- Tom Roady (congas, tambourin)
- Barry Beckett (claviers, synthétiseur)
- Spooner Oldham (orgue, vibraphone)
- Harvey Thompson (saxophone)
- Ronnie Eades (saxophone)
- Stacy Goss (saxophone, trombone)
- Harrison Calloway (trompette)
- Donna Rhodes (chœurs)
- Sandra Chalmers (chœurs)
- Charles Chalmers (chœurs)


1. Here I Am Again
2. Your Opening Night
3. A Little Taste Of Love
4. Going Through The Motions
5. Stop And Smell The Roses
6. We Can Work It Out
7. As Long As He Takes Care Of Home
8. But I Do
9. Can't Stop Being Your Fool
10. Clean Up America
11. Six Nights And A Day



             



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