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ROCK, GRUNGE  |  STUDIO

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1982 Nothing To Fear
1983 Good For Your Soul
1984 So-Lo
1985 Dead Man's Party
1987 Boi-Ngo
1990 Dark At The End Of The Tunnel
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OINGO BOINGO - Boingo (1994)
Par BAKER le 19 Novembre 2018          Consultée 1079 fois

Parmi les albums difficiles à chroniquer, à cerner, "Boingo" est en tête de peloton. Tour à tour fin de carrière et renouveau avorté, voici un disque à nul autre pareil, avec ses défauts et qualités intrinsèques qu'on ne retrouve guère que dans les albums dits "cultes". Avant tout, il s'agit de préciser que si c'est par moments et sur bien des points un bon album, c'est un très mauvais album de OINGO BOINGO. A vrai dire, des chansons comme "Insanity" ou "Can't See" sont même l'exact inverse de tout ce que le groupe proposait jusque là. On en arrive à ce paradoxe croustillant : si "So-Lo" était un véritable album de BOINGO, "Boingo" est... un album solo. Prenez trois Eferalgan et on y retourne.

Le line-up a changé, déjà. Il n'y a plus de clavier, Carl Graves restant dans les choeurs. Il y a trois guitaristes, le rocker alternatif Warren Fitzgerald se joignant à ELFMAN et Bartek. Il n'y a... plus les cuivres ! Ou plus précisément, ils sont là, mais vous ne les entendrez guère que sur la (très bonne) reprise de "I Am the Walrus". A la place, vous avez un orchestre, complet, qui d'ailleurs ouvre l'album comme pour créer un électrochoc. Les chansons sont majoritairement longues, toutes trop longues d'ailleurs sans quasiment aucune exception, la seule était l'adorable ballade "Can't See". Une ballade très forte, très poignante, où l'on peut entendre sur la fin Danny ELFMAN pleurer. Pleurer ! Le diablotin roux de "Little Girls", pleurer ! Vous vous rendez ainsi compte à quel point on est éloignés du BOINGO originel. On en est même aux antipodes : chansons longues mais très répétitives, cuivres et claviers absents, ambiance nihiliste, accent mis sur les textes.

Les textes ! Ah, à ce niveau, ELFMAN n'a pas mis les freins. On y trouve des perles, pour vous donner une idée de l'ambiance générale : "Un million d'années d'évolution, et on obtient Danny Quayle !", "Je reste là assis ma bite dans la main à attendre la terre promise", "Je suis si excité à l'idée de faire la rencontre d'étrangers dans une ruelle, j'espère qu'ils seront durs sur l'homme", "Savez-vous qu'on a des bombes intelligentes ? Nos gamins sont cons comme des chaises mais on a des bombes intelligentes, quelle chance !". Comme vous le voyez, la gaudriole est absente, le second degré aussi. On est en pleine déshumanisation Génération X. Et ça tombe bien car c'est un des éléments de cet album à nul autre pareil.

Car maintenant qu'on a vu les défauts, et ils sont nombreux et pour certains impossibles à passer outre, il faut avouer que ce disque possède une qualité rare : on sait immédiatement qu'on l'écoute. Quel autre disque mélange grunge (les guitares sales et multiples, le riff de "Hey" qui est du pur ALICE IN CHAINS), progressif (chansons très longues), folk (peu d'accords, textes importants) et orchestre symphonique gothique purement ELFMAN ? Aucun. Et du coup, si on passe outre la longueur démesurée, quelques chansons titillent l'hypophyse : déjà, "Insanity" donc qui ouvre le bal avec un mantra hypnotique à rendre dingue, entre percussions tribales, orchestre démentiel (quelle puissance !), choeurs d'enfants salaces à la THIEFAINE, effets sonores tourbillonnants, et pour peu qu'on se laisse prendre, la fin est à en laisser l'auditeur exsangue. Plus commerciale car disposant d'une vraie batterie, la version single mix est pourtant encore plus incroyable, un chef-d'oeuvre du genre.

"Hey" a pour lui un certain dynamisme juvénile. "Mary" est un petit conte cruel avec le dernier vrai solo de Bartek (snif), et des arrangemens de cordes qui n'ont rien d'ELFMAN, mais font plus penser à Jar of Flies de... ALICE IN CHAINS (quand je dis !!!). "Spider" et "War Again" sont deux excellentes petites chansons rock / alternatif bien fichues (mais trop longues, bis repetita). Difficile en revanche de s'enthousiasmer pour "Lost Like This" trop poisseux (malgré une excellente fin théâtrale) et surtout pour "Pedestrian Wolves" qui du haut de ses neuf minutes finit par lasser, folie furieuse dans le studio ou pas. Le cas de "Change" à lui seul résume le disque : cette chanson de seize minutes ne... change pas, ou si peu (à peine une cowbell pour soigner la fièvre), et sa répétitivité est tout à la fois source d'irritation incommensurable et parti-pris artistique culotté où ELFMAN joue avec nos nerfs.

Depuis sa sortie, il faut l'avouer très humblement, j'avais quelque peu idyllisé cet album, qui a par ailleurs clairement divisé la communauté des fans, et ça se comprend. Ses défauts éclatent en plein jour désormais, mais son ego peut se satisfaire de son unicité tant aucun disque ne s'approche de ce Boingo, de près ou de loin. Epuisant, frustrant, mais rempli de mélodies inoubliables pour peu qu'on s'y laisse prendre, Boingo est un testament curieux, une fin de carrière assez stupéfiante. Le groupe donnera un concert d'adieu (un vrai, hein KISS et SCORPIONS ?) où ces nouveaux titres si différents trouveront pourtant leur place. Et si OINGO BOINGO est définitivement mort, à l'exception d'UNE chanson jouée en 23 ans par DEUX musiciens, on aurait aimé un autre album solo typé rock de Danny ELFMAN puisque Boingo en est clairement un. 23 ans, il doit bien avoir quelques bribes de riffs dingues dans un coin de sa rouquine caboche !

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- Danny Elfman (guitare, chant)
- Steve Bartek (guitare, direction d'orchestre)
- Warren Fitzgerald (guitare)
- John Avila (basse, choeurs)
- Johnny 'vatos' Hernandez (batterie, percussions)
- Marc Mann (claviers)
- Leon Schneiderman (saxophone)
- Sam Phipps (saxophone)
- Dale Turner (saxophone)
- Fred Seykora (violoncelle)
- Doug Lacy (accordéon)
- Carl Graves (choeurs)
- Cameron Graves (choeurs)
- Taylor Graves (choeurs)
- Julia Waters (choeurs)
- Maxine Waters (choeurs)


1. Insanity
2. Hey !
3. Mary
4. Can't See (useless)
5. Pedestrian Wolves
6. Lost Like This
7. Spider
8. War Again
9. I Am The Walrus
10. Tender Lumplings
11. Change
- bonus Track Sur K7
12. Helpless



             



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