Jamais un titre d'album n'aura été plus judicieusement choisi ! Tout chez HUMAN LEAGUE est en train de se faire la malle. Le départ de Jo Callis en 85 n'a pas arrangé leurs affaires quand à la composition des titres et les voilà forcés par Virgin d'aller s'acoquiner à Minneapolis avec la paire de compositeurs Jam et Lewis, qui viennent de faire le dernier Janet JACKSON. On n'est pas à la fête, les musiciens sont évincés et remplacés par des requins de studios. Le groupe, habitué à un processus démocratique fort simple, se voit dépossédé d'une bonne part de son identité. La situation devient un tel pandemonium qu'ils vont d'ailleurs faire le choix de laisser la paire de producteurs finir l'album seuls et retournent dans leur Angleterre natale avant la fin du mixage. Ca s'annonce mal !

Les trois titre qui sortent en single sont donc des compositions du duo américain. Attendez-vous à des changements : "Human" va atteindre la première place du billboard... certes, c'est bien, et les boss de virgin doivent être contents de compter un max de billets verts. Artistiquement cependant, on est aux antipodes de la synth pop pratiquée par la ligue humaine. Voila un titre entièrement calibré pour les radios, de la pop très basique, dans l'air du temps d'alors. Ce n'est pas inaudible, mais ça ne présente aucun intérêt, Phil Oakey semble peu concerné, et les backing ne sont pas ceux de Joanne et Suzanne. L'histoire retiendra la place de numéro un, mais c'est dommage, ce n'est plus du HUMAN LEAGUE.

"I need your loving" avec son petit riff de gratte funky à la PRINCE, pioche dans le répertoire très pompier de cette époque, des gros sons hachés et des lignes de chant qui manquent de mélodie, de délicatesse. Enfin, "Love is all that matters" nous replonge dans des effluves qui se veulent New wave mais ont déjà du mal à atteindre le statut pop, les vocaux ne sont pas réussis, comme si le groupe tout entier était utilisé à contre courant, un vrai paradoxe. Les effets sont cheap, je n'aime pas du tout. Les trois singles sont donc pour moi à jeter... mais oui !

Farfouillons voir si un titre est seulement potable sur cette rondelle. Allez oui, "Love in the run" propose un peu plus de bonne humeur et une vraie dynamique. Le chant de Phil se réveille, et les claviers de Phil Adrian Wright abattent un joli boulot. Une grosse basse rondelette drive le titre "The real thing", comme il se doit j'ai envie de dire, plutôt sympathique mais l'abondance de synthés un brin cheap et de cuivres donnent une image trop poppy à cette chanson.

Pour le reste, on est à la rue complet ! Le beat de "Money" est très 86/87, la batterie en carton, les licks de guitare, les backing... Oui-da, mais l'ensemble sonne particulièrement raté, je déconseille vivement. "Party" est trop haché, Phil ne peut pas utiliser à plein rendement sa voix velouté sur ce genre de compos. "Jam" est un morceau pop sans réelle saveur et "Are you ever coming back" ressemble à de la muzak, peu d'émotions, pas de passion.

Cet album est catastrophique ! Un must dans la mauvaise qualité ! Malgré la place de numéro un du billboard de "Human" qui ne la mérite pas à mon sens. Le reste est juste inexistant. Quel drame, même la photo de couverture est un échec, sur une session photo désastreuse. Le clavier Adrian Wright et le bassiste Ian Burden vont quitter le groupe peu après la sortie de l'album. Pour Oakey et les deux files, il va falloir faire preuve d'une belle volonté pour s'en sortir en ces tapageuses mid eighties !