Dernier album paru chez EPM Musique, Femme de Légende marque une collaboration d'Anne VANDERLOVE avec Marc ROBINE, l'un des pères du folk à la française. Tout se passe dans le sud-est du Lot, au studio Baltimore dans la commune de Limogne-en-Quercy. La dame devient coutumière de ces enregistrements aux arômes du terroir, depuis 1974. En plus de ROBINE, elle est aidée par Serge Bouzouki, pour l'instrumentation et l'enregistrement. Pour la première fois depuis longtemps, elle n'est plus seule guitariste.

Un peu à la manière d'Escales, l'opus précédent (sorti en 2000), nous avons affaire à un disque tout à fait honorable, à la fois folk country et folk celtique, partagé entre rythmes américains et arpèges délicats imprégnés de magie druidique, si bien mêlés parfois que l'on ne sait plus tout à fait de quel bord de l'Atlantique on se trouve. En tout cas, au milieu des percussions, accordéon et divers instruments à vent, la guitare conserve son importance, mais le piano la lui ravit de temps en temps.

On rencontre deux superbes piano-voix : "Virginia Love" et "Le gris-bleu de Scheveningen". Cette dernière pourrait être particulièrement touchante car Anne VANDERLOVE évoque son père peintre, qu'elle a si peu connu ; elle chante donc un air de "la vie est ainsi, mais le manque demeure", les "autres rivages" qu'elle a connu en Bretagne grâce à sa famille maternelle qui l'a élevée, et c'est très poignant. Seulement, il ne faut pas pour autant sous-estimer "Virginia Love", véritable déclaration d'amour enflammée, absolument magique.

Dans "Les rendez-vous manqués", dame VANDERLOVE s'adresse à la personne solitaire qui choisit de vivre au présent et fuit l'amour même le plus dévoué par vengeance, avec un ton moraliste susceptible d'émouvoir, alors que la musique country se veut plutôt joyeuse. On se laisse aussi surprendre par le texte désabusé de "La mare aux fées", symbole d'une vie qui avance et d'une enfance qui se perd, sans espoir de conservation : alors tant pis on jette son coeur au fond du puits / fin de l'histoire, on jette son coeur au fond de la mare.

Ce sont de belles chansons, et l'enfance se trouve néanmoins aussi défendue avec un parfum de rêve, comme lorsque Anne chante cette Femme de légende, tout droit sortie des contes, avec des accords amples et des whistles irlandais légers pour l'accompagner. La dernière chanson, "À toi Lili Marlène" est, au contraire, fortement nostalgique, dans un esprit New-Orleans étonnant sur le plan musical ! Comme nous sommes au début des années 2000, VANDERLOVE s'amuse ensuite à comparer l'image de la première femme, Lucy, à celle de ces Lofteurs qui se dandinent dans la télé et qu'elle considère avec sévérité.

On retrouve mieux ailleurs des thématiques qui lui sont chères, à commencer par "Les demoiselles du vent d'octobre", un "Pour un peu plus d'amour dans l'air" fortement lumineux avec de belles paroles optimistes, puis, une nouvelle fois, l'amour manqué. Porté par l'accordéon autant que les cornemuses, "L'aile d'un ange" est un des plus beaux morceaux écrits et chantés par Anne VANDERLOVE ces dernières années. Ce disque, en revanche, n'est pas celui que l'on retient en premier, même si comme d'habitude, il y a, pour l'amateur, de quoi se sustenter. De plus, par rapport au contexte et aux intervenants, on perçoit bien l'esprit d'amitié !