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- Style : Candi Staton

Bettye LAVETTE - Tell Me A Lie (1982)
Par LE KINGBEE le 26 Février 2024          Consultée 231 fois

Bettye LAVETTE a tout juste seize ans quand elle enregistre "My Man – He’s A Lovin Man", un single publié par la firme Atlantic qui entre de plein fouet dans le Top Ten. Bien qu’elle soit toujours restée active, la suite a été un long chemin de croix. Bettye doit se contenter d’excellents singles pour divers indépendants (Calla, Silver Fox, Karen, SSS International). En 1972, dix ans après ses débuts en fanfare, Atlantic reprend contact avec la chanteuse. Curieusement, la firme renonce au dernier moment à sortir Child Of The Seventies, la chanteuse devant se contenter de deux singles. Ce coup de Trafalgar est rude pour la chanteuse mais LAVETTE est une battante. Après avoir triomphé pendant trois ans dans la comédie musicale Bubbling Brown Sugar, la native du Michigan aurait pu rebondir chez Motown. Malheureusement, suite à des problèmes internes et l’éviction de Lee Young de la présidence du label, Tell Me A Lie ne perce pas, la faute à une promotion bâclée. Si LAVETTE peut à juste raison s’estimer lésée par d’incroyables décisions faites en dépit du bon sens, il arrive parfois que des retours de manivelle remettent plus ou moins les choses à l’endroit. Tell Me A Lie publié, pressé et distribué en France en 1982 par Vogue connait en 2008 une seconde vie via Reel Music. Un beau pied de nez à l’Industrie du disque, alors qu’à l’orée du nouveau millénaire Bettye LaVette avait gagné le statut de star internationale, révélée bien tardivement au grand public avec la sortie de I’ve Got My Own Hell To Raise.

Motown décide de placer la chanteuse sous la houlette de Steve Buckingham, un guitariste de session qui a connu le succès en produisant Alicia Bridges. Le Virginien, futur vice-président de la Columbia et grand manitou de Vanguard et Sugar Hill Records, décide d’emmener la chanteuse à deux pas de chez lui à Nashville. Le producteur fait appel à une cohorte de musiciens de sessions principalement tous en provenance de Motor City, hormis une partie de la section cuivre venue de Muscle Shoals. On peut se demander s’il n’aurait pas été plus simple et plus adéquat d’aller enregistrer en Alabama au cœur des Shoals. On retrouve ici des sessionmen dont les curriculum sont aussi épais que des bottins et qui gravitent autour de leur pote producteur avec pour dénominateurs communs Melissa Manchester et Mac Davis.

D’entrée de jeux, Bettye LAVETTE place la barre très haut avec "Right In The Middle (Of Falling In Love)", une compo de Sam Dees. Aussi bien du point de vue de l’orchestration que du chant, cette interprétation relègue à des années lumière celle préalablement enregistrée par Solaris. Peut-être la meilleure version avec celle de Sandra Hall, alors que son créateur reprend le titre à son compte à la fin des nineties. Joe COCKER s'attaque lui aussi au titre en 2002, nous offrant un bon petit massacre.

La troupe de Buckingham n’étant pas venue les mains vides a pris soin d’apporter plusieurs friandises :"Either Way We Lose" s’avère terriblement lancinant, avec un bref solo d’harmonica, des chœurs légèrement trop présents et un clavier un brin bouffi réminiscent des sonorités eighties. Ce titre aurait pu se transformer en pépite. Randy McCormick lui refourgue "Suspicions", titre co-écrit avec Eddie Rabbitt. Posée sur un tempo lent, la voix intense produit un effet dramatique. Une reprise bien supérieure à celles de Marva King ou de Lenny Williams. On regrette juste que les cuivres n’aient pas fait preuve de plus de pondération. Plus léger et plus rythmé, "I Can’t Stop", une compo de McCormick, se révèle plus festive dans la lignée de certains titres de Betty WRIGHT.

La frontière entre la Country et la Soul est souvent plus mince qu’il n’y parait. Ray CHARLES avait pioché dès le début des sixties dans le répertoire Country pour transformer des chansons à sa sauce. Barbara Wyrick et Mickey Buckins, deux compositeurs Country, lui apportent "Tell Me A Lie", une ballade ayant fait le bonheur de chanteuses Country (Sami Jo, Lynn Anderson, Connie Cato ou Janie Fricke). On laisse libre à chacun de juger de ces différentes versions selon ses affinités, mais l’orchestration plus tempérée associée à une rythmique plus groovy permettent de rendre le dramatisme plus palpable. Excellente songwriter établie à Nashville, Barbara Wyrick lui offre une seconde obole avec "I Like It Like That" **un honnête mid-tempo dans lequel les chœurs et la guitare se montrent hélas trop présents. Autre emprunt au domaine de la Country avec "Before I Even Knew Your Name", un inusité de Steve Dorff, père de l’acteur Stephen Dorff, interprété ici sous forme d’une Soul contemporaine annonciatrice de Whitney HOUSTON.

Un autre inusité échappe à la bande de Buckingham : titre le plus court, "You Seen One You Seen Em All" * vient booster l’album. Un titre aux consonnances plus Pop qui pourrait provenir de Cyndi LAUPER ou Melissa Etheridge.

Enfin chez Motown, personne n’oubliait de rentabiliser la machine à billets en reprenant d’anciens hits de la maison d’éditions. C’est ainsi qu’en guise de fermeture Bettye reprend "If I Were Your Woman", popularisé par Gladys Knight & The Pips. La version se révèle plus pêchue que l’original, le chant de Bettye LAVETTE se révèle plus véhément que celui de Gladys KNIGHT. Une version qui ridiculiserait presque les reprises de Jermaine JACKSON, George MICHAEL et le sample d’Alicia KEYS. Histoire d’être certain de remplir le tiroir-caisse à moindre frais, Buckingham obéissant probablement aux ordres lui fait reprendre "I Heard It Through The Grapevine", célèbre compo du tandem Norman Whitfield/Barrett Strong popularisé pour la première fois par Gladys KNIGHT avant de se transformer en carton via Marvin GAYE et CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL. La pratique de reprendre ses propres morceaux n’est pas nouvelle chez la Motown, outre Marvin GAYE et les Pips, les Miracles de Smokey Robinson et les TEMPTATIONS reprendront eux aussi le morceau, passé depuis à toutes les sauces. Contrairement à CCR qui rallongeait la chanson en termes de durée, là on va à l’essentiel et si Bettye LAVETTE se montre excellente, avouons qu’il n’y a pas de quoi sauter au plafond.

Cette pochette sensée illustrer le titre (un danseur, quasi sosie de Marvin GAYE, retire son alliance pour charmer sa belle) pourrait aujourd’hui paraître parodique. Miné par le départ de Marvin GAYE en 1981, la Motown n’a strictement rien fait pour promouvoir ce disque, préoccupé avant tout par les carrières de Rick JAMES et De Barge. Si l’orchestration tente de marcher sur les pas de Muscle Shoals (on retrouve une partie de la section cuivre), la qualité des arrangements de Steve Dorff et une certaine manie à boursoufler la production constituent de petits bémols par rapport aux références de la Soul Sudiste. Néanmoins hormis deux titres plus faiblards, Bettye LAVETTE parvient à tirer son épingle du jeu et tire la troupe dans son sillage, un moindre mal alors que la Soul connaissait de nouvelles tendances avec l’émergence d’IMAGINATION, The Time et Boys Town Gang.

Note réelle 3,5.


*Titre homonyme à celui de David Hallyday.
**Titre homonyme à ceux des 5 Royales, Van Morrison, Chris Kenner, Willie King et Smokey Robinson.

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- Bettye Lavette (chant)
- Ken Bell (guitare)
- Steve Buckingham (guitare)
- Larry Byrom (guitare)
- Kenny Mims (guitare)
- Tom Robb (basse)
- James Stroud (batterie)
- Mickey Buckins (percussions)
- Randy Mccormick (claviers)
- Ronnie Eades (saxophone, harmonica 2)
- Don Jackson 'saxophone)
- Jay Scott (saxophone)
- Buddy Skipper (saxophone)
- Denis Solee (saxophone)
- Harvey Thompson (saxophone)
- Charles Rose (trombone)
- Harrison Calloway (trompette)
- George Tidwell (trompette)
- Clydene Jackson (chœurs)
- Maxine Waters Willard (chœurs)
- Julia Tillman Waters (chœurs)
- Luther Waters (chœurs)
- Oren Waters (chœurs)


1. Right In The Middle
2. Either Way We Lose
3. Suspicions
4. You Seen One You Seen Em All
5. I Heard It Through The Grapevine
6. Tell Me A Lie
7. I Like It Like That
8. Before I Even Knew Your Name
9. I Can't Stop
10. If I Were Your Woman



             



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