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SOUL - DEEP SOUL  |  COMPILATION

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- Style : Candi Staton

Bettye LAVETTE - Souvenirs - The Complete Atlantic/atco Recordings (2000)
Par LE KINGBEE le 3 Avril 2016          Consultée 2974 fois

Non, chers lecteurs, votre humble serviteur n’a pas mal orthographié le nom de cette interprète. De son vrai nom Betty Jo Haskins, Betty voit le jour en janvier 1946 à Muskegon, une bourgade située à une encablure du Lac Michigan. Sa famille quitte la région pour s’installer à Detroit alors qu’elle n’a que six ans. Elle enregistre à 16 ans son premier single pour Atlantic sous le nom de Betty LAVETTE. Ce n’est que bien plus tard que la chanteuse transformera son nom de scène en Bettye LAVETTE (LaVette pour être plus précis).
Après avoir connu les lumières et les fastes des projecteurs, Betty va connaitre de longues années de galère. Et pourtant son premier single « My Man-He’s A Lovin’Man » couplé à « Shut Your Mouth » grimpe à la 7ème place des charts, à une époque où il fallait être costaud pour rentrer dans le Top Ten R&B. Pendant des années, elle va graver de superbes pièces pour de petits labels souvent mal distribués et sans grosse promo (LuPine, Calla, Big Wheel, Karen, Silver Fox et SSS Int.), réussissant à faire rentrer quelques titres dans les charts R&B.
En 1972, après avoir mis en boîte d’excellents singles pour le compte de Shelby Singleton, Betty se retrouve encore une fois en plan. Contactée par Atlantic, elle croit pouvoir enfin rebondir, le label lui proposant d’enregistrer un album complet pour sa filiale Atco. Les pontes d’Atlantic l’envoient à Detroit au mois de mai et la placent entre les mains du producteur Ollie Mc Laughlin, l’ancien patron du label Karen. Celui-ci connaît parfaitement les possibilités de la chanteuse et lui voue une admiration sans faille. En novembre, Atco décide d’expédier la chanteuse à Muscle Shoals pour des sessions supervisées par Brad Shapiro. Betty va enregistrer un album somptueux plongeant dans la quintessence de la Deep Soul seventies. Tout va bien pour la chanteuse … … sauf que l’album ne sort pas, Atco se contentant de publier deux petits singles. Incompréhensible !

Ce n’est qu’à l’orée du nouveau millénaire que Bettye LaVette va enfin connaître une seconde consécration. Adulée par les amateurs de Northern Soul et par le public européen, Bettye réapparait sur les écrans radar de la Soul en 2003 avec « A Woman Like Me ». Deux ans plus tard, elle explose avec « I’ve Got My Own Hell To Raise », un album édité par le label Anti, qui la replace sur les devant de la scène mondiale. En 2009, Bettye participe à la cérémonie d’investiture du Président Obama, chantant en duo avec Jon Bon Jovi « A Change Gonna Come » hit de Sam Cooke et titre emblématique du Civil Right Movement, sous les acclamations d’un public de connaisseurs. La présentation de la chanteuse par les acteurs Jamie Foxx et Steve Carell vaut à elle seule le détour, Foxx n’hésitant pas à placer la chanteuse parmi les meilleures interprètes afro américaines du registre Soul.

Revenons donc à notre album. En 72, les sessions de Muscle Shoals devaient déboucher sur un album qui ne verra curieusement pas le jour. Il faudra attendre 2006 pour que Rhino édite ces enregistrements sous le titre de « Child Of The Seventies ». Mais bien avant, c’est grâce à l’acharnement de Gilles Pétard, collectionneur et grand érudit en matière de Soul, que l’on pouvait enfin découvrir ces formidables faces 28 ans après leur enregistrement.
Le compilateur propose donc ici 18 titres dont 10 inédits. On retrouve donc les quatre chansons gravées en 1962 : « My Man – He’s Lovin’ Man », un titre aussi puissant que sensuel dans lequel le vocal de Betty(e) s’affirmait déjà, « Shut Your Mouth », « « You’ll Never Change » et « Here I Am » ce dernier combinant Jump Blues et R&B early sixties.
Les quatre titres issus des singles Atco datant de 72 figurent eux aussi en bonne place : « Soul Tambourine Man », « You Turn To Cry » le prototype de ballade Deep Soul, « Heart Of Gold » succès de Neil Young arrangé par Rudy Robinson, pianiste et directeur musical de Betty pendant de longues années, et enfin « You’ll Wake Up Wiser » une ballade plus dans l’esprit Motown.
Les dix inédits proposent de bons moments : « It’Ain’t Easy » dont l’intensité dramatique n’est pas sans rappeler « Let Me Down Easy », la ballade « Fortune Teller » compo de Shapiro n’a rien à voir avec le titre homonyme écrit par Allen Toussaint et popularisé par Benny Spellman, les Stones et nos Dogs. Autre superbe ballade « Our Own Love Song » dans laquelle les arrangements épurés permettent de percevoir un vocal sensuel hors norme. Betty n’hésite pas à apporter une touche funk à son répertoire comme en atteste « Ain’t Nothing Gonna Change Me » qui booste l’ensemble. Le timbre tantôt acide tantôt rauque fait merveille sur « Outside Woman ». Terminons ce rapide panorama avec une reprise ébouriffante de « The Stealer », grand morceau de Free repris entre autres par Blackfoot, Bob Seeger ou Long John Baldry. Bien avant que ces formations … disons dynamiques reprennent le morceau original, Betty n’avait pas hésité à booster son répertoire en s’attaquant au titre, le gorgeant de funk et d’une sauce cuivrée. Ce titre figure toujours au répertoire de la chanteuse.

C’est donc grâce au label français Art & Soul que les amateurs de Soul pouvaient enfin découvrir ces faces alors qu’on pensait que les masters avaient été détruits dans un incendie. Une voix techniquement alerte, capable de prouesses acrobatiques et qui surtout dégage une émotion parfois proche de la dramaturgie. S’il convient de rester mesurer, votre chroniqueur classe cependant cette formidable artiste dans son Top Five des chanteuses de Soul ou de Gospel, peut-être un rang au dessus de Candi Staton, Ann Peebles, Marion Williams ou Tina Turner. Seule ombre au tableau, certains risquent de trouver certains arrangements et orchestrations un peu lourds, comme surproduits, mais c’était la tendance du moment. Co-auteure de sa propre biographie intitulée « A Woman Like Me » en 2014, il se murmure qu’Alicia Keys aurait acheté les droits du bouquin avec dans l’idée de porter la vie de son aînée à l’écran.

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   LE KINGBEE

 
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- Betty (e lavette )
- Rudy Robinson (piano, claviers)


1. It Ain't Easy.
2. Fortune Teller.
3. Our Own Love Song.
4. Soul Tambourine.
5. Your Turn To Cry.
6. Ain't Nothing Gonna Change Me.
7. All The Black And White Children.
8. If I Can't Be Your Woman.
9. Outside Woman.
10. The Stealer.
11. My Love Is Showing.
12. Souvenirs.
13. Heart Of Gold.
14. You'll Wake Up Wiser.
15. My Man-he's A Lovin'man.
16. Shut Your Mouth.
17. You'll Never Change.
18. Here I Am.



             



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