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AMBIENT/NEW WAVE éPIQUE  |  LIVE

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ULVER - Hexahedron (live At Henie Onstad Kunstsenter) (2021)
Par K-ZEN le 9 Octobre 2021          Consultée 1678 fois

Et vous ? Quel était le meilleur concert de votre vie ? Pour ma part, j’en garde un souvenir plutôt précis.

C’était à Lyon, au cœur d’une salle désormais défunte, le Ninkasi de Gerland, quartier où résidait l’ancien stade employé par l’Olympique Lyonnais. Un lundi de novembre pas encore glacial, la froidure mordante du retour pédestre au quartier Part-Dieu ne m’ayant pas marqué plus que cela. Encore que… L’erreur à ne pas commettre en prenant l’air est de laisser son manteau au vestiaire (y en avait-il un ?…), classiquement ce qu’il peut se passer pendant une pause clope en boîte de nuit.

Pour le reste, la bâtisse était plutôt cozy. Une grande salle où se restaurer, bondée bien entendu. A gauche dans l’entrée, l’accès à l’arène où patientent les gladiateurs en coulisses. Le mardi, c’étaient cours de salsa à volonté, information inutile si jamais ça vous intéressait. Bref. Dans le public, on retrouvait encore des métalleux prêts à en découdre qui croyaient ardemment que les mystérieux norvégiens allaient faire un petit retour temporaire à leurs années haineuses. Mais ULVER ne regarde jamais en arrière, a toujours un coup d’avance, un as dans sa manche.

De longues épopées électroniques incroyables sur lesquelles danser toute la nuit. Des lumières aveuglantes. Un temps qui se dilate. Impossible de dire quel millénaire on était. Chaque concert que je vis à présent doit désormais se mesurer à cet insupportable étalon. Et tout live d’ULVER est autant de sortie sur laquelle se jeter goulûment, à la recherche de cette résonance parfaite des corps sur les notes.

En 1968, le centre d’art Henie-Onstad ouvrait ses portes à Høvikodden, au sud de la capitale norvégienne Oslo. Fondé conjointement par la championne de patinage artistique Sonja Henie et son mari armateur et collectionneur d’art Niels Onstad, son idée était de promettre un art pluriel via expositions d’art moderne mais également musique, théâtre, films, littérature et ballets.

Sous la houlette de son premier directeur Ole Henrik Moe, compositeur et agent propagateur de la "nouvelle musique", Karlheinz STOCKHAUSEN, SOFT MACHINE, THIS HEAT, CLUSTER ou Laurie ANDERSON s’y produisirent durant les vingt premières années. Le hall de performance du centre, surnommé Studio, possède aussi une expérience certaine en termes de réalisation de nouveaux travaux artistiques. Au cours de la dernière décennie, Tony CONRAD, Stephen O’MALLEY ou Oren AMBARCHI l’ont employé en tant qu’atelier ou laboratoire de recherche.

Pour une institution à la fois si trans-versale et gressive, il était tout naturel de commander à ULVER une performance. L’inclassable loup siégeait d’ailleurs dans la liste de fantômes élaborée par le conservateur Lars Mørch Finborud, artistes dont il aurait aimé les voir se produire au centre mais dont il savait en même temps la rareté en public. Y figuraient en outre DEATHPROD, Robert WYATT ou Linda PERHACS.

Dans cette optique, le groupe norvégien fut contacté au printemps 2017. Après quelques mois sans réponse, alors que Finborud et son collègue Kristoffer Kinden allaient abandonner, ULVER revint vers eux. Il fut décidé de bloquer novembre 2017 pour cette performance. Cependant, une rétrospective consacrée à Marina Abramović fut organisée à la dernière minute, forçant à un report, bienvenu finalement pour les musiciens, leur octroyant plus de temps pour travailler leurs pièces. Les 15 et 16 avril 2018 étaient les nouvelles dates conjointement choisies. ULVER arriva à Høvikodden le lundi 9, investissant aussitôt le Studio et cédant au syndrome Henie-Onstad : procrastination puis besogne en urgence sous une pression paralysante.

Le Studio se présente comme un espace architectural asymétrique sans angles droits, composé de huit larges murs blancs éclatant dans toutes les directions. Sans mobilier permanent, il est ainsi possible de construire une scène n’importe où dans la pièce et de disposer d’un mur dorsal pour projeter. Mais le groupe eut une toute autre idée. Leur designer visuel Birk Nygaard suggéra de disposer le collectif au cœur d’un cube organique multidimensionnel au centre du Studio, avec projecteurs et lasers sur toutes les faces.

Une fois le cube construit et le matériel déplacé à l’intérieur, il fut enveloppé d’un canevas transparent sur lequel Nygaard pouvait travailler. Le focus fut ainsi déplacé sur cette structure étrange plus que sur l’architecture particulière de la salle, à l’image d’une sculpture trônant dans une salle de musée. Les visuels improvisés se composèrent d’un arsenal de projecteurs vidéo, lasers, polyèdres lumineux et fumées conséquentes. Du côté sonore, l’ingénieur du son Asbjørn Ebbesvik disposa deux micros sur chaque coin du cube créant par conséquent un environnement quadriphonique reflétant la forme de la structure. L’auditeur pouvait se déplacer librement et ressentir un son dense, uniforme et retentissant tel que le corps devienne lui aussi une partie de l’expérience.

En rentrant le jour du concert, Finborud crut que le Studio était devenu un ring de boxe enrobé d’un cocon ou que le Kaaba, édifice sacré de l’islam au centre de la cour de la grande mosquée de la Mecque, avait été déplacé à Høvikodden, avec ULVER piégé à l’intérieur. Le public, dirigé à l’intérieur du Studio via une porte latérale, resta interdit devant la situation ; marchant vers une installation visuelle immergée dans le son. Après une longue montée en puissance, où chacun réalisa lentement mais progressivement que les artistes jouaient déjà, la salle entière commença à frissonner via sons et mouvement.

Avec l’enregistrement réalisé lors de ce deuxième concert entre nos doigts, les mêmes émotions sont parfaitement retranscrites.

En premier lieu, la forme intrigue, similaire au disque live d’HARMONIA : cinq morceaux pour une heure de musique ; on s’attend à de longues épopées épiques, aux durées dignes d’UNDERWORLD. C’est le cas, les deux groupes partagent à cet instant précis ce même goût de l’ambient et de la patience récompensée. Moins rapide, le rythme ne peut toutefois constituer en aucun cas de la techno, plutôt ambient wave ou progressive wave si l’on se risque à la catégorisation. Voire drone ou musique électronique progressive à la Klaus SCHULZE, sur l’ouverture "Enter The Void", austère, imperméable, voire aride qui renvoie irrémédiablement au FLOYDien "Saucerful Of Secrets" avec ces orgues massifs autour de la dixième minute.

Plus popisant, le reste du recueil brille surtout par ses mélodies totalement imparables. "Aeon Blue" propose les lumières tamisées du coup de foudre s’illuminant soudain jusqu’à l’aveuglement. Des percussions s’invitent à la fête au bout de quatre minutes. Y aura-t-il du chant ? La voix merveilleuse de Kristoffer RYGG se fera-t-elle entendre ? Pas encore.

"Bounty Hunter", plus tropical que désertique, croque un chasseur de primes dans le monde des cocotiers de Mario Golf, méditant sur vie et mort. "A Fearful Symmetry" offre quatre premières minutes stratosphériques où il est impossible de ne pas headbanger. Voilà t’y pas que le chant apparaît en plus, transformant le rythme pour un temps, nous confirmant qu’il s’agit d’un brouillon de « Little Boy », avec les mêmes paroles en embryon, futur morceau de Flowers Of Evil. Les vingt dernières minutes nous ramenant finalement à la maison, tribales, s’avèrent un peu trop linéaires bien que toujours fortement hypnotiques.

Ce fameux Monolithe, antenne stellaire des dieux invisibles, n’était-il pas en fait un cube voire un hexaèdre ? Les haut-parleurs, avant de cracher ce sifflement électronique suraigu, distordu puis Ligeti dans un improbable enchaînement, s’étaient éternisés durant trois millions d’années d’obscurité sur "Aeon Blue". Ailleurs, au fond des sombres cavernes, l’œil tapi entre sommeil et attente angoissée, naissaient les cauchemars des générations à venir, alimentés par les souffles indécelables des prédateurs.

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- Ole Alexander Halstengård (claviers)
- Anders Møller (percussions)
- Kristoffer Rygg (percussions, effets, voix)
- Jørn H. Sværen (bruits de pas)
- Ivar Thormodsæter (batterie)
- Tore Ylwizaker (claviers)


1. Enter The Void
2. Aeon Blue
3. Bounty Hunter
4. A Fearful Symmetry
5. The Long Way Home



             



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