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ULVER - Flowers Of Evil (2020)
Par K-ZEN le 22 Novembre 2020          Consultée 1699 fois

Comme j’avais envie de me la raconter dans mon accroche, j’ai cherché un proverbe concernant les loups sur le net. La démarche sonne un peu téléphonée, je vous l’accorde. J’aurais pu citer ce grand poète de Jacquouille la Fripouille et ses leus mais je vous livre cette sentence russe : « Fais ami avec le loup mais garde ta hache prête ». Pour un animal ayant fréquenté des bergeries pleines de pandas, ça peut le faire.

Patience.

Le meilleur concert de ma vie a (pour l’instant) eu lieu au Ninkasi de Lyon, petite salle très sympatoche près de l’ancien stade Gerland de l’Olympique Lyonnais. C’était un froid soir de novembre. Le contraste fut saisissant en rentrant à l’intérieur de la salle, bondée. Il faut savoir que le Ninkasi n’est pas qu’une salle de concert, on peut également s’y restaurer, faire des karaokés ou venir pour des soirées à thème. Un vrai lieu de vie en quelque sorte. Après deux, trois pintes en extérieur (car la chaleur est étouffante), rendez-vous dans la petite salle encastrée sur la gauche de l’entrée. Bientôt, son et lumière ne feront plus qu’un, comme dans une parade techno. Une prestation assourdissante, ébouriffante, l’album The Assassination Of Julius Caesar totalement transfiguré, quasi déifié. Les métalleux étaient là, bien sûr, avec leurs badges EMPEROR, MAYHEM, DARKTHRONE. Avaient-ils écouté la dernière mutation du loup ? Ou s’attendaient-t-ils à des titres extraits de Nattens Madrigal, l’album le plus rêche d’ULVER ? En rentrant à pied du concert, je songeai à cette reprise finale de "The Power Of Love" de FRANKIE GOES TO HOLLYWOOD. Sacrée évolution pour un groupe de black metal, quand on y pense.

Retour en 2020. Non, Seijitsu, pas d’album reggae pour ULVER pour le moment, on continue dans l’exploration de cette pop synthétique assez tubesque, où claviers et guitares sont à l’équilibre, lorgnant ainsi assez idéalement vers DEPECHE MODE, les deux groupes sachant parfaitement trouver l’écrin idéal pour mettre en valeur le chant de leur frontman, ici Kristoffer RYGG anciennement GARM. Contrairement au précédent album quasi-immédiat, celui-ci doit maturer quelque peu pour atteindre sa plénitude.

Flowers Of Evil est un album-concept. Comme le précise RYGG, les citations et images véhiculées dans les paroles sont plus complexes et éloignées des préoccupations habituelles de la musique pop.

Avant tout, son oxymorique titre est emprunté au recueil de poèmes outrageux de Charles Baudelaire. L’orientalisant "Little Boy" en reprend les codes, le citant, en plus du « serpent qui danse », omniprésent dans l’œuvre de l’auteur français et qui se trémousse sur des notes de cornemuse, dans la grande tradition des charmeurs du reptile. Mais il va déjà au-delà, en transposant l’action dans l’époque contemporaine. "L’aigle doré", "le symbole solaire" sont des signes qui ne trompent pas. La photo de la pochette non plus à vrai dire ; tout porte à croire que cette femme est une de celles qu’on a tondues à l’heure de la victoire, ayant eu une liaison avec un officier allemand ou une attitude un peu trop amicale ou collaboratrice avec l’occupant.

Après l’assassinat de César et la fin de la république romaine, cadre du disque précédent, place à la seconde guerre mondiale et à son prolongement, la société de la guerre froide. La violence, le désespoir, les tréfonds de l’âme humaine sont triturés, secoués, mis au jour.

"One Last Dance" est une magnifique prière d’ouverture, très froide, rigide. La voix de RYGG y fait merveille immédiatement. Le texte emprunte énormément à l’Ecclésiaste, livre de la Bible hébraïque, en jouant sur les doubles sens. « Toute cette oppression qui a eu lieu sous le soleil », il s’agit de la guerre sans nul doute. « Les loups sous la lune » sont prêts à partir. Ou plutôt à mourir. Dans la diagonale, "A Thousand Cuts", sur une musique plutôt détendue, apaisée où brille le piano – on songe à Chris REA et à son "On The Beach", lignes d’ailleurs citées telles quelles – réinterprète les dernières minutes de Salò, iconique film de Pier Paolo Pasolini sorti en 1975. Basé sur le sulfureux Les 120 jours de Sodome du divin Marquis de Sade, le long-métrage décrit les crimes de guerre commis sous la république fasciste de Salò. Un contraste assez saisissant finalement. Stian WESTERHUS distille de superbes motifs de guitare, ajoutant une dose de dramatique à ce final.

"Hour of the Wolf" est LE titre imparable de la galette ; tendu, mécanique mais également fort en émotion. RYGG y évoque « un vampire à la porte », parfait hologramme de celui qui se présentait à FRANKIE GOES TO HOLLYWOOD dans "The Power Of Love" déjà repris par ULVER sur l’E.P Sic Transit Gloria Mundi. Qui est-il ? Est-ce une description de Sa dernière nuit, avant son avion pour le Brésil ou la balle qu’il s’est réservée dans son bunker ? Si on veut être moins dramatique, on peut songer à son alter-ego galactique le chancelier Palpatine. La « femme sans visage », servant ses desseins, Padmé, ne veut pas quitter son esprit. La nuit du « verre brisé » plus que celle des longs-couteaux, ressemble furieusement à celle de la révélation et du basculement des valeurs. L’exécution de l’ordre 66 obligera les jedi survivants à « disparaître sans laisser de trace ».

Contextuellement, les autres titres se rapprochent plus de notre époque moderne. "Russian Doll" est une réflexion sur les concepts d’amour, d’exploitation et d’innocence perdue, avec en ligne de mire le film Lilja 4 Ever, décrivant le trafic d’êtres humains dans la région baltique : la poupée russe ou babouchka devient un objet de désir, ardemment convoité. Plutôt détaché, "Apocalypse 1993" évoque une des affaires les plus sombres du gouvernement américain. En 1993, l’ATF (Bureau fédéral des alcools, tabacs, armes à feu et explosifs) et le FBI obtiennent, après infiltration, un mandat pour détention illégale d’armes auprès d’une propriété texane dans laquelle réside les « Davidiens », groupe religieux dissident, sectaire et paramilitaire, dont le leader était David Koresh. Après une première fusillade, l’intervention se transforme en lent siège. Il durera plus de deux mois et prendra fin dans un bain de sang et un incendie d’origine assez floue. 82 Davidiens perdirent la vie dont beaucoup d’enfants et Koresh lui-même. Indirectement lié via son propos, "Machine Guns and Peacock Feathers" est un excellent tube, dansant, presque disco, notamment grâce à son refrain et aux parties de guitare de WESTERHUS. Nul doute que la chanson est une critique de l’ultra modernité qui oblitère l’humain. Un certain androïde rêvant de moutons électriques y est d’ailleurs cité.

Survolant les cauchemars et les verres de whisky, le visage de Rachel s’affiche sur les panneaux publicitaires, entre Coca Cola et Samsung. Deckard songe à cette pulsation cardiaque, rythmant la tension dramatique de cet instant décisif où le roi est mis en échec par le fou, pendant que le pion assiste, impuissant, à la chute d’un dieu.

3.5 objectivé en 3 pour garder une certaine cohérence vis-à-vis de la note de l’album précédent.

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- Ole Alexander Halstengård (claviers)
- Kristoffer Rygg (chant, programmation)
- Jørn H. Sværen (textes)
- Tore Ylwizaker (claviers, programmation)
- Christian Fennesz (guitare, claviers sur 1)
- Ole-henrik Moe (violoncelle, alto sur 2, 6 et 8)
- Anders Møller (percussions)
- Kari Rønnekleiv (violon sur 2 et 8)
- John Stark (basse sur 1 et 8)
- Sisi Sumbundu, Mimmi Tamba (chant sur 3 et 7)
- Ivar Thormodsæter (batterie)
- Stian Westerhus (guitare sur 2, 3, 4, 6, 7 et 8)
- Michael J. York (cornemuse sur 6)


1. One Last Dance
2. Russian Doll
3. Machine Guns And Peacock Feathers
4. Hour Of The Wolf
5. Apocalypse 1993
6. Little Boy
7. Nostalgia
8. A Thousand Cuts



             



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