En 1992 Les SHERIFF avaient atomisé nos oreilles avec ce qui reste à mes yeux l’un des meilleurs album live Rock de tous les temps : Les deux doigts dans la prise. Un témoignage d’une intensité rare de l’âme Punk Rock qui les animait alors.Quatre années, et seulement deux albums studio, plus tard, ils nous reviennent
avec ce Pagaille générale qui reprend les mêmes principes avec l’effet de surprise en moins.
La recette est la suivante : enchainer le maximum de morceaux ultra rapides sans perdre de temps en pauses et en discussions avec le public.

Ne vous méprenez pas, le groupe ne verse tout de même pas dans le Grindcore, mais il y a un peu de cette urgence et de cette violence directe. Cela est sensible dès "Je suis pas menteur" qui est asséné avec une puissance et une vélocité sans faille. Pourtant après vérification, il s’avère que la version live dure, à la seconde près, la même durée que la version studio. Mais si on retranche les dix secondes de présentation on a bien un tempo qui va 6% plus vite. Et cela se sent. L’enchainement "L'essayer c'est l'adopter" / "Décollage immédiat" est à l’image du groupe : pas de perte de temps, l’efficacité avant tout !

Le choix des morceaux au regard de leur précédent album live, qui ne datait que de quatre années, est à la fois judicieux et un peu frustrant. En effet, à une exception près, tous les morceaux présents ici sont issus des deux albums parut entre temps : Soleil de plomb (1993) et Allegro turbo (1995). Ce qui veut dire que le groupe a fait l’impasse sur ses classiques du début de sa carrière. De ce fait on ne parvient pas à reproduire le caractère exceptionnellement jouissif de Les deux doigts dans la prise. Mais cela est assez logique car, le groupe ne modifiant presque pas l’interprétation de ses titres en live, cela n’avait pas beaucoup d’intérêt d’avoir un copier-coller de leur précédant Live.

D’ailleurs, le groupe a abordé cet album comme étant un témoignage de la manière dont il sonnait avec leur nouveau batteur de l’époque, Sam. Le seul titre qui n’est pas issu de Soleil de plomb ou de Allegro turbo est l’adaptation d’un titre des obscures australiens de CARNIVAL of SHAME, "Swan Dive", qui donne son nom à l’album. Initialement ce titre était chanté en anglais, comme l’original. Mais Olivier n’était pas satisfait du résultat qui le voyait chanter des paroles qu’il ne comprenait pas, en « yaourt ». Alors il a intégré des paroles en français, pour un résultat assez convaincant. La version originale est légèrement plus grave et lente, et possède un chant plus Rockabilly. Pour la petite histoire, Les SHERIFF étaient fans de uniquement deux des titres de ces Aussies qu’ils écoutaient lors des tournées, le reste de leurs albums étant considéré comme « pas trop génial ». Ce qui n’est pas le cas de la version de "Tic-Tac" qui est une véritable tuerie. Mené par une batterie furieuse et la frappe bien sèche de Sam, ce titre emporte tout sur son passage. Un grand moment de Punk Rock basique et efficace. Le véloce "Bon à rien" est tout aussi jouissif.

Alors soit, on peut être un peu déçu par la durée relativement courte de ce Pagaille générale, et par le choix restreint de titres. Et de fait, on n’atteint pas le nirvana nihiliste dans lequel l’incontournable Les deux doigts dans la prise nous a plongé. Mais cela reste un album Live très agréable et très conforme à l’esprit des SHERIFF.