Recherche avancée       Liste groupes



      
BLUES ROCK FUNKY  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Style : Benabar, Bernard Lavilliers , Johnny Cash , Les Croquants

SANSEVERINO - Les Deux Doigts Dans La Prise (2021)
Par RAMON PEREZ le 8 Mars 2022          Consultée 1185 fois

Comment sortirons-nous de tout ça ? Si c’est avec la même niaque que SANSEVERINO, alors tout n’est peut-être pas perdu. Confiné comme tout un chacun, le chanteur reprend la route avec l’envie d’en découdre sur scène, de retrouver le public pour rallumer les amplis et pousser tout le monde dans ses retranchements. Pour cela il mise sur la formule en trio, réputée être la plus catchy. Ce n’est pas la première fois qu’il la joue ainsi, mais cela n’avait été alors que des parenthèses scéniques entre deux disques et non un nouvel enregistrement comme ici. Pour former ce trio il convie un nouveau venu dans son univers (François Puyalto à la basse) et rappelle celui qui devient album après album son complice favori, le batteur Stéphane Huchard (troisième collaboration consécutive).

Stylistiquement, il repart de là où il en était avant sa parenthèse tango, c’est-à-dire de son côté blues-rock (voir album Montreuil-Memphis). Mais c’est pour rapidement élargir le périmètre, en se rapprochant particulièrement des musiques urbaines américaines. Celles d’avant le hip-hop : funk, soul, afrobeat… Celles qu’en ce temps on appelait volontiers les musiques noires et qui se jouaient dans les grandes villes (alors que le blues, la country et le rock venaient plutôt du monde rural). La pochette résume donc assez bien le propos, entre ce titre évocateur et cette photo significative.

On retrouve un SANSEVERINO à nouveau très économe sur la mélodie, faisant entrechoquer ses mots sur une rythmique des plus rugueuses. Le chanteur se fait clairement plus mordant que sur ses dernières livraisons, ainsi que l’atteste le premier titre (des plus rentre-dedans), une nomenclature des évolutions récentes qui le gonflent. Un petit coup d’œil aux titres le vérifie : énervé comme jamais, "Les deux doigts dans la prise" donc, notre homme cogne ("Ca boxe") et repart au combat ("Craonne"). Bien qu’il y ait aussi son lot de textes tendres ou amusants, c’est surtout un grand "Nein" qui ressort de cet album, comme toujours très bien écrit ; plein de bons mots, d’images surprenantes et de jolies trouvailles.

Des mots qui se fondent parfaitement dans le rendu musical. SANSEVERINO s’entend extrêmement bien avec son batteur, grand fan comme lui des ruptures rythmiques permanentes. Il faut se tenir sur ses gardes tout au long du disque, tant il cherche à faire trébucher l'auditeur à la moindre baisse de vigilance. La basse, vicieuse, suit elle aussi méchamment le mouvement. Tout comme évidemment la guitare de notre ami. Peu mise en avant et malgré tout omniprésente, elle n’est pas là pour enchainer les soli mais pour accentuer le roulis grâce à sa rythmique sans pitié. Ce trio envoie un travail de sape de première, qui amène régulièrement vers de vrais moments de transe lorsque le véritable instrument solo prend le relais, à savoir le sax basse de Frédéric Gastard. Invité par le trio à son sabbat, il emplit régulièrement l’air de ses notes graves jusqu’à le rendre étouffant. L’électricité promis par le titre du disque passe alors à pleins câbles.

Un autre musicien est invité à colorer l’album, pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de l’excellent Xavier Tribolet qui avait déjà accompagné SANSEVERINO dans les années 2000. Un des meilleurs claviéristes du circuit qui a de son côté la charge de surveiller la respiration des patients. Des goulées d’oxygène savamment réparties au long du disque amènent quelques notes de fraicheur ici ou là. L’ensemble trouve ainsi occasionnellement des refuges musicaux bienvenus. Pour le reste c’est l’apnée totale. Evidemment, il faut aimer cette ambiance. Mais, si on a de bons poumons, il y a des chances de se sentir superbement porté par le fluide charrié par ces instruments.

SANSEVERINO montre une nouvelle fois qu’il est probablement le plus musicien de nos chanteurs et c’est au fond ce qui le rend particulièrement appréciable. Le fait de l’entendre à chaque album (dont le rythme de parution s’enchaine en outre à une allure devenue rare de nos jours) varier à ce point ses intentions musicales tout en étant capable de rester lui-même suscite le plus grand des respects. Ainsi que de le voir toujours aussi bien s’entourer de musiciens au milieu desquels il réussit à piloter sa guitare, quelle que soit la force des vents. Cela fait maintenant vingt ans que ce vieux routard revient visiter nos platines, puisque le premier album date déjà de 2001. Un anniversaire célébré comme il se doit avec la relecture du morceau qui l’avait fait connaitre à ses débuts, "Les embouteillages". La première version était fraiche, pleine d’une douce folie swing. Celle-ci n’a plus grand-chose à voir avec sa rythmique plus heurtée, mais elle a sans aucun doute une force plus développée. Ainsi SANSEVERINO n’est pas resté bloqué sur son périphérique, mais il a su au contraire bourlinguer comme pas deux durant ces deux décennies. Comme un vrai baroudeur, il n’a plus aucun mal à chaque nouvelle rencontre à nous embarquer dans un nouveau voyage.

A lire aussi en BLUES-ROCK :


Samantha FISH
Wild Heart (2015)
Une jeune reine du blues en devenir




GOV'T MULE
The Georgia Bootleg Box (2012)
Quand la mule était enfant


Marquez et partagez





 
   RAMON PEREZ

 
  N/A



- Stéphane Huchard (batterie)
- François Puyalto (basse)
- Sanseverino (guitare, chant)
- Xavier Tribolet (claviers, accordéon)
- Frédéric Gastard (saxophone basse)


1. Je N'en Veux Pas
2. Chez J.j. Cale
3. Les Îles De Pâques
4. Les Deux Doigts Dans La Prise
5. Ça Boxe
6. Craonne
7. Nein
8. Liquéfié
9. Au Medef
10. Les Embouteillages
11. Moi Moi Moi
12. Qui C'est Celui-là



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod