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SANSEVERINO - Exactement (2006)
Par RAMON PEREZ le 27 Avril 2020          Consultée 1034 fois

Une chose qui m’a amusé à propos de SANSEVERINO, c’est cette critique récurrente lue dans les journaux lors de plusieurs sorties de ses albums. Elle disait en gros : Sanseverino c’est vraiment super sur scène. Mais ses disques, jusqu'ici, c’était pas tout à fait ça. Par contre, celui-là est vachement bien. Ca prête à sourire au bout d’un moment. On se dit que ces personnes n’osent pas avouer, ou s’avouer, qu’en fait ils aiment ce chanteur, point barre. Il y a probablement un fond un peu snob, celui d’un milieu bourgeois qui pense s’épanouir dans l’intellectuel mais qui est comme tout le monde, préférant avant tout gentiment s’encanailler - ça reste plus excitant. Pas de ça entre nous, j’assume pleinement d’aimer les albums de ce monsieur. Cependant, la première fois que j’ai lu cette critique, à l’occasion de la sortie d’Exactement, je me suis fait avoir. Je n’avais pas encore le recul pour la comprendre, alors je l’ai prise au pied de la lettre. Vu comment j’appréciais les deux premières galettes, elle me promettait un millésime pétillant en diable. Seulement, si champagne il y a, celui-ci s’est révélé quelque peu éventé.

Qu’est-ce qui fait qu’on est plus ou moins réceptif à un disque plutôt qu’à un autre ? Vaste et insondable question. Sur le papier, il y a tout ici. On retrouve ce qu’on a aimé précédemment, enrichi de quelques nouveautés pour aller un peu plus loin. Mais ça ne fonctionne pas aussi bien, sans que cela ne s'explique vraiment. Tentons une hypothèse basée sur la suite de la discographie : c’est un album de transition inachevée. Notre artiste est catalogué comme chanteur manouche ; ça le gonfle d’être mis dans une case. Il rêve d’autre chose mais n’a pas encore l’idée (la force - le courage – la volonté ; rayez les mentions inutiles) de changer vraiment. Toujours là, mais ailleurs si tu me comprends. Plusieurs éléments dans Exactement crient vous m’attendez sur du manouche, je vous le donne, mais je suis plus et autre chose que ça. En tout cas, c’est comme ça que je l’entends.

Regardons par exemple ce qui saute aux yeux : la pochette. Le chanteur y pose non pas avec une Dupont mais avec une Gretsch. Ca veut tout dire, non ? Sauf que, comme précédemment, l’électricité reste bien camouflée au milieu du reste qui est avant tout basé sur des guitares sèches. L’autre gros changement évident, c’est l’introduction d’un big band sur l’essentiel des morceaux. Plus d’une vingtaine de cuivres donnent la couleur particulière de cet Exactement. S’il y avait déjà une ou deux chansons arrangées de la sorte sur le Tango des gens, cette fois on peut parler de concept musical sur l’ensemble. Il y a vraiment des fois où ça claque. Par exemple, le démarrage du disque est très réussi. Après une intro a capella, tous les instruments entrent petit à petit, amenant avec eux un vrai supplément de vie. Mais à la longue, je ne suis pas convaincu par ce choix d’accompagnement qui me paraît parfois tourner un peu à vide, surtout du côté des saxos.

Plutôt que de choisir de mettre ce big band sur les quelques morceaux où c’était réellement adapté, on a essayé de le mettre partout. Et cela révèle à mon avis la principale faiblesse de l'opus, à savoir la composition. Une partie de ces chansons me semblent fades. Du mid-tempo à la mélodie plate. On en avait peu entendu jusqu'ici, mais là ça constitue une part non-négligeable de l’album. Vu de loin, cela donne l’impression d’une trop grande uniformité qui m’ennuie un peu. Même si, vu de près, il y a des choses intéressantes – comme le côté bluesy de certains morceaux. Tant qu’on en est au rayon critiques, en voici une dernière, sur les textes cette fois. SANSEVERINO a toujours aimé charger la barque sur les mots et jouer avec eux, mais ce n’était pas forcément son fonds de commerce. Ici, il y a un côté démonstratif un peu vain à enchaîner ce genre de performances sur plusieurs titres, ce qui fait que je finis par lâcher.

Pourtant, il avait démarré en chantant "Démolissons les mots" ! Dommage qu’il n’ait pas appliqué davantage ce trait d’esprit par la suite. D'ailleurs, je le redis, quel beau démarrage que celui-ci ! Un petit texte a cappella, poétique et frais, prélude à un départ sur les chapeaux de roues avec la deuxième chanson qui est une vraie réussite. On retrouve le SANSEVERINO tchatcheur, aguicheur comme pas deux, qui déballe tous ses conseils de drague avec le sourire. La chanson titre swingue ensuite en diable, avec un texte beaucoup plus profond. Ce SANSEVERINO, en pleine forme, on le retrouve heureusement à plusieurs reprises, jusque sur la piste cachée. Ou avec un modèle de chanson engagée ("Swing du président", à propos du nucléaire). Et c’est souvent lorsqu'il fait dans la simplicité qu’il fait mouche (comme dit le poète, ce qui est parfait n’accomplit pas de performance mais œuvre en état de repos).

Ce qui ne l’empêche pas d’aller un peu plus loin pour proposer des choses un peu différentes mais convaincantes (ça colle bien avec mon hypothèse, soit dit en passant). "10 jours avant Paris", le titre le plus éloigné du jazz, réussit là où les tentatives de l’album précédant pour changer le ton avaient échoué, avec sa couleur lessivée fort bien rendue. Également, il y a la reprise du disque, très étonnante par son choix et réussie par son appropriation. Notre homme montre qu’il est vraiment un spécialiste de l’exercice avec cette résurrection de la chanson d’Amalia RODRIGUES, "Dans la maison sur le port", qui donne un rendu très différent à un moment où l’album en a bien besoin. A noter d’ailleurs que sur ces deux morceaux le big band est absent. SANSEVERINO y est quelque part davantage lui-même. La bonne nouvelle, c’est qu’avec le disque suivant il le sera totalement.

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   RAMON PEREZ

 
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