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SANSEVERINO - Honky Tonk (2013)
Par RAMON PEREZ le 28 Mai 2020          Consultée 1201 fois

Il aurait sans doute été tentant, après le four commercial des Faux Talbins, de pantoufler la guitare manouche à la main, perspective qui n’a pas intéressé SANSEVERINO puisqu'il persiste et signe dans sa volonté de faire ce qui lui plaît. Une tournée radicalement rock en petit comité succède à celle de l’album, histoire d’être au clair lors des négociations en coulisse pour trouver une nouvelle maison de disque. C’est finalement chez Columbia que le chanteur s’installe pour ouvrir un nouveau chapitre de son œuvre. Quatre albums en quatre ans qui viendront confirmer que l’essentiel chez lui n’est pas le style qu’il joue à tel ou tel moment mais sa façon de faire des chansons. Pour ce nouveau disque, retour à ses premières amours, davantage inattendues que le style manouche qui l’a fait connaître puisqu'il s’agit d’un genre encore plus singulier : le bluegrass.

Le jeune Stéphane a découvert cette musique des années auparavant, ce qui lui a donné l’envie de se saisir d’une guitare ou d’un banjo pour faire ses premières gammes. D'ailleurs, son premier prof de guitare fut Christian Séguret, un spécialiste. Un personnage que SANSEVERINO retrouve des années plus tard, puis qu’il a bien voulu intégrer le groupe dont il s’est entouré pour faire ce disque à la mandoline. Si tu ne vois pas de quel style il s’agit, tu n’as plus qu’à écouter "Honky Tonk". Tu comprendras de suite puisqu'il a voulu en faire un vrai disque de bluegrass et s’est entouré pour cela d’un groupe de puristes (guitare, banjo, mandoline, violon, contrebasse). Sorte de country de nordistes, typique des Appalaches (particulièrement du Kentucky, d’où le nom de bluegrass qui est le surnom populaire de cet état), ce genre fait en effet la part belle aux instruments acoustiques à cordes. Musique avec une certaine mélancolie, malgré ses allures généralement très rapides, on y entend les traces des origines britanniques des habitants de ces régions, en particulier des effluves irlandaises.

Le bluegrass n’a toutefois historiquement rien à voir avec les honky tonk qui sont un type de bars bien plus typiques du sud des USA (ils ont par ailleurs donné leur nom à un sous-genre de la country). Mais il y a un lien familial qui fait que, vu de loin (par exemple de France), on peut mettre ces deux choses dans le même sac. De toute façon, il y a bien peu de spécialistes de ce genre de notre côté de l’Atlantique pour s’en formaliser, ce qui est aussi bien. SANSEVERINO propose du coup un disque très singulier et, pour ainsi dire, pratiquement vierge à nos oreilles. C’est ce qui le rend intéressant avec une autre chose importante : il est réussi. S’être entouré d’un groupe de spécialistes pour réaliser cet album s’entend. Il y a un vrai souffle dans le son de l’album avec le mélange des instruments, notamment un violon aérien et un banjo plus terrien.

D'ailleurs, on a l’impression d’être au fond d’un de ces honky tonk, avec l’orchestre jouant sur la scène dans le coin. Le disque est pensé comme une soirée de bal folk animé par cet ensemble, dans un set en trois parties : le répertoire original pour commencer, le moment des reprises ensuite puis une dernière partie à l’ambiance plus relâchée pour finir. Dans la première moitié du disque figure donc l’essentiel des nouvelles chansons écrites par SANSEVERINO qui fait vivre avec aisance son style propre d’auteur et d’interprète à l’intérieur de ce genre musical. L’interprète est très à l’aise dans cet univers, on sent qu’il le connaît assez profondément. L’auteur est fidèle à lui-même, livrant des textes bien équilibrés, détendus et amusants le plus souvent, mais avec une certaine mélancolie un peu plus affirmée qui colle bien à la musique. Les souvenirs de son enfance ou de sa jeunesse sont mis à profit pour rendre les choses plus personnelles, d’abord dans un versant introspectif lors de la deuxième chanson puis avec son côté tchatcheur si attachant un peu plus loin. Déconne autour de la fin du monde ratée de 2012 ou des penchants militaristes de certains habitués des honky tonks contraste habilement avec des chansons plus réflexives sur le voyage ou les habitudes de vie occidentales.

Le milieu du disque voit ensuite SANSEVERINO se glisser dans les mots des autres, rhabillés à la mode du soir. La plus étonnante est la première car elle est d’un chanteur contemporain franchement confidentiel qui répond au blaze de BOULE. C’est plutôt chouette de voir un chanteur un peu installé comme SANSEVERINO ne pas se contenter de reprendre les grands anciens mais donner aussi un coup de projecteur à des artistes moins établis. D'autant que la chanson est vraiment bien faite, narrant le coup de blues d’un Normand qui rêve de voir sur ses plages des filles en monokini plutôt qu’en doudoune. Viennent après un hommage au mentor François BERANGER puis une version très réussie du classique de Gilbert BECAUD, "Nathalie".

Enfin, la dernière partie du disque voit s’alterner les ultimes chansons avec quelques instrumentaux. Du côté des chansons, on retient "Freddy", tentative en français de ces ballades caustiques typiquement US (comme "Y a qu’un ch’veu" de POLNAREFF). Il y a aussi un réarrangement d’une chanson de l’album précédent ("Les rockers d'aujourd'hui aiment la java") qui n’est pas d’une utilité première sur un nouvel album mais s’inscrit bien dans cette logique "soir de baloche", puisque la réorchestration d’anciennes chansons fait pleinement partie de ce genre de programme. Quant aux instrumentaux, c’est un moyen de renvoyer aux standards du bluegrass, en premier chef à Bill MONROE, la figure tutélaire du genre ("Lonesome Moonlight Waltz") autant qu’une façon de finir ce baloche par la danse et la communion entre le groupe et son public. On a passé une bonne soirée.

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   RAMON PEREZ

 
  N/A



- Jean-marc Delon (banjo)
- Jidé Jouannic (contrebasse)
- Sanseverino (chant, guitares)
- Christian Séguret (mandoline)
- Christophe Cravero (violon)


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