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SANSEVERINO - Papillon (2015)
Par RAMON PEREZ le 11 Juillet 2020          Consultée 869 fois

La parenthèse reprises refermée, SANSEVERINO revient là où il en était (au bluegrass). Mais, plutôt que d’offrir une deuxième édition d’Honky Tonk, il a en tête quelque chose de bien différent : faire un album-concept. Pas simplement au niveau musical comme ça pouvait être le cas précédemment. Un vrai de vrai, avec une histoire dessus. Il y a au départ l’un de ses livres de chevet préférés : Papillon, d’Henri Cherrière. Puis, progressivement, l’idée de l’adapter. En tant que familier du bouquin, le chanteur s’amuse à faire une chanson à partir de ce que raconte le premier chapitre. Puis une autre avec le deuxième. Et ainsi de suite jusqu’à avoir le matos pour assembler le disque.

Papillon est un récit autobiographique, couvrant une quinzaine d’années à partir des années 30, écrit par un marlou condamné à cause d’un meurtre qu’il nie avoir commis. Il y narre le quotidien des bagnes guyanais et ses envies permanentes d’évasion. Certaines échouent mais d’autres réussissent, devenant le cadre de nouvelles aventures. Régulièrement rattrapé et ramené à la case départ (après détour par le mitard), la dernière sera pourtant la bonne - notre homme démarrant ensuite une nouvelle vie à l’étranger. Ne m’en veux pas de t’avoir divulgué la fin, car celle-ci est donnée dès les premières phrases par le chanteur. L’important n’est pas la destination mais le voyage. Le bouquin fut un carton littéraire (plusieurs millions d’exemplaires écoulés), adapté par Hollywood avec Steve McQueen dans le rôle-titre. Il est toutefois sujet à polémique. On lui conteste notamment la véracité de certains épisodes, ou tout du moins la participation de l’auteur à certains d’entre eux.

SANSEVERINO a intelligemment compris que l’important n’était pas là. L’important c’est que l’histoire soit bonne. "Tu n’es pas obligé d’y croire", glisse-t-il malicieusement dans un des titres. De bonnes histoires il n’en manque pas ici. Des récits d’aventures aux senteurs exotiques (époque et région obligent), d’autres bien plus tragiques. Pour beaucoup de bagnards croisés, le destin ne sera qu’un cercueil. Des réalités peu avouables sont clairement exposées tandis que le quotidien des bagnards est révélé par plusieurs détails criants de véracité (les piqûres des mille-pattes qui te filent 12 heures de fièvre, les façons de se shooter sans drogues ou encore de garder son argent par devers soi, ou plutôt dedans).

SANSEVERINO est à mon sens un auteur assez sous-estimé. Les faiseurs d’opinion aiment la poésie à la Rimbaud ou à la Baudelaire. Les choses un peu classe. Moi j’aime aussi le langage populaire, celui de la tradition réaliste. Notre ami est vraiment bon sur ce tableau-là. Cet exercice de synthèse d’un livre entier le force à être précis et il s’en sort très bien. Il utilise un vocabulaire pesé, plein de l’argot des apaches ou des bagnards qui donne sa cohérence au concept de l’album. L’alternance de rimes et de proses rend bien, mais c’est surtout par une métrique impeccable pour s’accorder avec le propos musical qu’il fait mouche. Enregistré avec le même groupe que l’album précédent, Papillon est un nouveau chapitre quasiment puriste de Bluegrass. Un choix qui convient bien à l’aventure contée. Une musique américaine pour une histoire américaine (même s’il y a l’équateur entre les deux) ; un peu la musique que l’on imaginerait en lisant un bon vieux Lucky Luke.

D'ailleurs, en parlant de BD, il faut savoir que le projet Papillon dans son ensemble en contient une. SANSEVERINO avait demandé à un de ses voisins de lui faire quelques dessins pour la pochette. A la présentation du travail, un cadre de la maison de disques trouve ça tellement chouette qu’il souhaite que cela soit le point de départ d’une BD illustrant l’album. Le chanteur ne participe pas particulièrement à cet ouvrage autrement que par ses chansons (il est tout de même la personnification du personnage), mais le scénario de la BD a été confié à sa compagne. Celle-ci ajoute quelques passages pour faire le lien entre les chansons. Vu ainsi, le disque peut donc bien être la bande son d’une bande dessinée.

Un disque malgré tout un peu sec. Faire du bluegrass sur un concept de cette nature laisse assez peu de fenêtres ouvertes pour aérer les choses. Il n’est pas forcément facile de rentrer dans cet album, d’autant que les mélodies sont peu diversifiées. Par conséquent beaucoup de choses se ressemblent. Il y a en revanche un travail assez intéressant sur la notion de refrain qui structure plus franchement les choses. Il me semble qu’il manque à l’ensemble une ou deux chansons qui ressortent vraiment du lot et qui pourraient s’inscrire comme des incontournables du chanteur pour que Papillon ait plus d’ampleur. Toutefois, si ce disque n’est pas le meilleur pour découvrir l’univers de SANSEVERINO, il est sans doute son œuvre la plus singulière et l’une de ses plus cohérentes. En terminant l’écoute, si ça t’a donné envie de lire un jour le bouquin c’est que c’est réussi !

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   RAMON PEREZ

 
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- Christian Séguret (mandoline, fiddle)
- Christophe Cravero (violon)
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