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SANSEVERINO - Sanseverino & Tangomotán (2019)
Par RAMON PEREZ le 16 Septembre 2020          Consultée 1756 fois

A chaque album sa légende. Pour celui-ci, elle raconte que SANSEVERINO s'était rendu en amateur de tango dans une cave ou quelque chose du genre où jouait TANGOMOTÁN. Il y a découvert non seulement un super groupe, mais surtout son futur projet. Le temps d’y réfléchir, il fait passer l’invitation à la formation ; « Ça vous dit qu’on fasse un disque ensemble ? » Dans la minute, la réponse lui parvient : c’est oui. L’histoire est lancée. Mais qui est TANGOMOTÁN ? Privé depuis peu de son violoniste, c’est alors un trio contrebasse-piano-bandonéon qui, comme son nom l’indique, fait dans le tango. Qui le fait toutefois avec quelque chose de très actuel. Il parait qu’ils sont des « réformateurs » du genre. A l’écoute, je pense voir ce que cela signifie : une approche très physique de la musique, directe et brute. Qui n’oublie pas la forme la plus classique du tango, mais la transcende littéralement.

Le trio est très largement responsable du rendu musical de ce disque, vu qu’il compose l’ensemble des morceaux. Pas tout seul toutefois (sauf le dernier titre), deux musiciens supplémentaires ayant aussi pris part à l’enregistrement. Stéphane Huchard à la batterie, participant à la composition des titres (à l'exception du dernier). Venant du jazz, avec toute la finesse de toucher que cela suppose, il renforce ce côté direct. Ainsi l’album est très percussif, plein de rythmes étonnants qui le rendent abrasif ; ce tango-là est en relief. Une pointure venue du classique officie également au violon : Nicolas Dautricourt. Si celui-ci ne participe pas à la composition, son instrument illumine méchamment le disque d’une couleur tranchante qui lui va très bien. Ce tango-là a aussi un petit côté dangereux.

Enfin, bien-sûr, il y a SANSEVERINO, le guitariste se faisant assez discret bien qu’omniprésent. Pour ce disque tout en rythmes, il abat des plus solidement le travail de fond. Les Faux Talbins avait déjà montré son goût des ruptures rythmiques, mais ici c’est presque le concept technique. Ça lui va bien. On peut également signaler une réflexion plaisante pour marier la sonorité électrique de sa gratte à la masse acoustique du reste de l’orchestre. Si la guitare est très peu mise en avant, son écoute attentive révèle beaucoup de choses intéressantes. Elle participe ainsi, par petites touches, à la couleur unique de l’album. Notre chanteur est décidément un musicien doté de plusieurs cordes à son manche (il tenait seul l’enregistrement précédent, sans même parler des anciennes aventures manouches ou bluegrass).

S’il participe à la composition de la moitié des titres, le fait de laisser à TANGOMOTÁN la responsabilité générale du versant musical le recentre sur l’écriture ainsi que sur son rôle de chanteur. L’interprète ne propose pas cette fois de reprise. Fidèle à lui-même, voix posée, peu dans la mélodie mais avec une maitrise rythmique au cordeau. Moins gouailleur que jadis, notre homme se fait davantage conteur. C’est qu’il en a des histoires à nous raconter. Celles d’un duel tragique au petit matin, d’un cycliste qui craque ou d’un traineur en gares de triage. Des histoires presque toutes sombres, qui se terminent souvent mal. Est-ce le tango qui le rend si mélancolique, si pessimiste ?

Quoi qu’il en soit, le disque est extrêmement bien écrit, nous transportant dans un univers très singulier où les films d’horreur japonais côtoient des histoires de vampires ou de serpents. Une ou deux chansons à propos de l’amour quand même, ainsi qu’un petit texte revendicatif à la BERANGER, à propos des graffiti, viennent diversifier le propos. Ce dernier morceau venant aussi varier les ambiances musicales, grâce à un long passage instrumental à la limite de l’électro. Dommage d’ailleurs qu’il n’y ait pas un ou deux passages supplémentaires purement instrumentaux. Pour finir, deux très belles chansons enluminent l'album : "Les gares" et "2-3". La première ne manque ni d'âme ni de grandeur, ce qui s’entend dès les premières notes. La seconde conclut l’écoute sur une note plus fragile renvoyant à la grande tradition réaliste à laquelle SANSEVERINO s’attache régulièrement.

Récapitulons : c'est un disque vivant, singulier, à la fois de pur tango mais sans s’y limiter absolument, où le chanteur laisse sa plume se balader avec bonheur. Un nouveau genre musical exploré (bien qu’il en eût mis une touche des années avant dans son premier album). Une critique à formuler ? Peut-être un manque de peps dans sa deuxième partie. Une conclusion ? Un nouveau chapitre largement à la hauteur de l’œuvre de SANSEVERINO qui poursuit le défrichage de ses terrains d’expression comme peu d’artistes l’ont fait.

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   RAMON PEREZ

 
  N/A



- Sanseverino (guitares, chant)
- Nicolas Dautricourt (violon)
- Stéphane Huchard (batterie)
- Mario Chiron (bandonéon)
- Leandro Lacapère (piano)
- Blanche Stromboni (contrebasse)


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2. Pistard Inculpé
3. J'ai Froid
4. Hobo
5. Les Gares
6. Les Films D'horreur
7. Les Serpents
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9. Stupida
10. De La Liberté D'expression Murale
11. 2-3



             



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