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SANSEVERINO - Le Petit Bal Perdu (2014)
Par RAMON PEREZ le 28 Juin 2020          Consultée 911 fois

Je suis un peu embêté d’en arriver à cette chronique, car je vais devoir la commencer en reconnaissant quelque chose de peu glorieux : il m’arrive d’avoir des préjugés. Ainsi, lorsque j’ai vu SANSEVERINO faire le tour des médias, la guitare manouche à la main, pour promouvoir cet album de reprises, je n’ai pas pu m’empêcher d’imaginer la scène des négociations de son contrat avec Columbia. Il y a celui qui tient le stylo d’un côté du bureau, le chanteur de l’autre. Le premier dit au second : « Ok coco. Tu me parles de faire des disques de bluegrass et je veux bien te les financer. Mais tu me feras aussi un truc qui se vendra un peu. Des reprises par exemple. ». Et le second d’obtempérer. Il ne s’est du reste jamais caché que l’idée de ce projet venait de la maison de disque. Voilà comment j’ai attendu un sacré moment avant de l’écouter, ce Bal Perdu ; il ne m’attirait pas vraiment.

Pourtant, une chose aurait pu me faire voir ça autrement : me rappeler que SANSEVERINO pratique depuis le début l’art de la reprise puisqu’il en a fait au moins une à chaque album. Toujours de façon admirable, je l’ai dit à l’occasion de mes précédentes chroniques. Des reprises, il en a aussi fait pléthores sur scène ou sur des albums d’hommages collectifs (comme ça, je peux citer au moins LEPREST et THIEFAINE, mais il y en a d’autres). Alors, effectivement, pourquoi ne pas pousser le truc plus loin avec cet album ? D’un autre côté, on peut aussi se demander pourquoi en faire davantage. Y a-t-il un vrai intérêt dans cette démarche ?

SANSEVERINO l’a dit et redit : sa condition pour faire ce disque était d’avoir la main sur les arrangements. Avec un contre-modèle en tête : le disque old-school de BRUEL. Lui veut le faire à sa manière, point. Et il a bien raison. L’album prend dès lors l’aspect d’une nomenclature des aspects musicaux explorés par le chanteur jusqu’ici. Traits manouches et accents bluegrass se succèdent et même s’entremêlent, tandis que d’autres morceaux semblent tout droit sortis des Faux Talbins. Seul l’épisode big band n’est pas repris ici. Ce mélange des genres est sans doute le plus intéressant dans ce disque. On peut dire que, musicalement, c’est l’album qui représente le mieux l’artiste dans sa globalité, les autres explorant généralement un aspect particulier de son identité.

Il y a néanmoins une petite nouveauté ici. Le répertoire remis au goût du jour provient d’une époque où l’instrument roi n’était pas encore la guitare mais plutôt l’accordéon. SANSEVERINO ayant toujours un petit côté puriste, il fait appel au soufflet car cela fait partie de la nature de ces chansons. Si ce n’est pas la première fois qu’il l’utilise, cette fois il décide de construire l'album autour de lui, avec une volonté évidente de moderniser tout ça. Le très bon point c’est qu’il a trouvé à qui parler en recrutant Lionel Suarez. Si tu ne connais pas, je dirai en deux traits que la fin du XXe siècle a eu Galliano et le début du XXIe Suarez. La liste de ceux que l’accordéoniste aveyronnais a accompagnés est impressionnante. Ici, il saisit parfaitement ce que souhaite faire l’ami des manouches. Son piano à bretelles se fond dans l’orchestre pour donner la couleur particulière de l’album.

Le résultat de cette démarche est finalement un disque tout à fait acceptable, agréable à écouter. Ce n’est donc pas une surprise puisque le chanteur a de longue date trouvé la recette des bonnes reprises. Respecter l’esprit et la lettre, mais changer la police (pour résumer). S’il n’a pas écrit ces chansons, il se les est totalement appropriées. On retrouve ce qu’on aime de son interprétation : le débit, la gouaille, la décontraction, l’énergie. Et, en général, la sobriété, voire l’humilité. Toutefois, le choix fait sur la direction de certains morceaux peut vraiment déstabiliser. Les puristes brasséniens n’adhèreront pas à sa version de la « Supplique » (malgré le supplément d’énergie qui revitalise l’œuvre), mais il y a plus spectaculaire. Comme « Les roses blanches » qui a une approche très légère collant peu avec le fond de la chanson. A l’inverse, il y a parfois des reprises un peu sages comme celle de TRENET.

Heureusement, il y a toutes celles vraiment réussies, qui tombent sous le sens ainsi (entre autres celle de FERNANDEL et de MIREILLE). Elles font revivre pleinement ces chansons qui, malgré leurs quelques décennies, prouvent qu’elles passent sans problème l’épreuve du temps. SANSEVERINO a globalement choisi dans le répertoire de l’âge d’or de la chanson (années 50 à 70) en faisant quelques emprunts plus anciens. Des grands classiques comme des choses beaucoup plus oubliées (« La fille de Londres » par exemple) qu’il est intéressant de trouver ici. Quitte à faire des reprises, autant ne pas se contenter de ce dont tout le monde se souvient. Y compris lorsqu’on parle de chanteurs très connus, comme Pierre PERRET pour lequel il fait un vrai choix de connaisseur. On sent parfois que SANSEVERINO ne considère pas son disque comme étant de première importance, par exemple lorsqu’il réenregistre des reprises de REGGIANI déjà entendues précédemment (même si la présence de Dédé MINVIELLE pour « La java des bombes atomiques » est tout à fait bienvenue). Mais, globalement, l’application qu’il met dans cet exercice lui fait honneur. Le Petit Bal Perdu est une sorte de parenthèse dans cette discographie, aucunement nécessaire mais bien à sa place.

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   RAMON PEREZ

 
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- Sanseverino (chant, guitare)
- Lionel Suarez (accordéon)
- Christian Séguret (mandoline)
- Xavier Nikci (contrebasse)
- Hervé Legeay (guitare)
- Christophe Cravero (violon, orgue)
- Xavier Mesa (batterie)


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