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CHANSON SWING   |  STUDIO

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- Style : Benabar, Bernard Lavilliers , Johnny Cash , Les Croquants

SANSEVERINO - Le Tango Des Gens (2001)
Par RAMON PEREZ le 11 Avril 2020          Consultée 1462 fois

Contrairement à la plupart des gens que j’écoute, je me souviens parfaitement de la première fois que j’ai entendu SANSEVERINO. C’était un soir de Victoires de la musique, à une époque où ça ressemblait encore à quelque chose. La preuve : RENAUD avait tout gagné. Mais cette cérémonie avait été surtout le moment de célébrer l’avènement de ce que l’on a appelé la nouvelle chanson française. Ensemble d’artistes éloignés un tant soit peu de la variété, se référant plutôt aux grands noms historiques de la chanson - particulièrement aux trois géants BREL, BRASSENS et FERRE (influences manifestes à retrouver dans cet album). Mais restant tout de même dans le radar des médias et des majors, contrairement à la chanson dite indépendante qui se développait aussi à cette époque. Il y avait de tout là-dedans. Des fils de (SOUCHON, M), des intellos (DELERM) ou des choses plus grand public (BENABAR).

J’avais de suite vu dans SANSEVERINO quelque chose de plus prolo, presque punk, dans sa prestation déjantée qui avait largement justifié sa victoire dans la catégorie révélation scène. Un type pas tout à fait du même monde et qui faisait sentir un autre vécu. Un rapide coup d’œil sur sa biographie vient confirmer cette impression, lui qui a passé une grande partie de son enfance et de sa jeunesse dans de nombreux pays et notamment en Europe de l’est où il a découvert la culture Tzigane. Puis, de retour à Paris, toute une période de petite main du spectacle, entre petits groupes animant les soirées des bars de la ville (le plus solide, au nom faisant aussi référence au monde gitan, LES VOLEURS DE POULE, a laissé un album : Tu sens les poivrons), cabarets (dont celui de Shirley et Dino) et divers autres petits boulots. Une époque où il pousse les portes des bars gitans de Montmartre pour finir par s’y installer guitare en main au milieu de références du genre. Enfin, la quarantaine approchant, notre homme démarre en solo, écume les salles de spectacle et finit par être repéré. Un album est mis en boite, l’histoire est lancée.

Les premiers albums sont de deux types. Soit on l’enregistre sans trop se connaitre, pour voir. Cela donne souvent quelque chose d’assez basique ou bancal. Soit il a longuement mûri, notamment sur scène et c’est souvent très réussi. Le tango des gens est un très bon exemple du second type. On sent des morceaux qui ont déjà vécu mais aussi un effort collectif entre personnes qui ont eu le temps de se connaitre et qui rendent ensemble du très bon boulot. En particulier, on peut parler d’Hervé Legeay, qui fut longtemps le compagnon de guitare du chanteur et de Dominique Fillon, au piano et claviers, mais surtout arrangeur et producteur du disque. Si SANSEVERINO est un grand fan de jazz manouche et qu’il a beaucoup fait en ce temps pour médiatiser un peu cette musique (THOMAS DUTRONC ou CARAVAN PALACE pour ne citer qu’eux s’engouffreront plus tard dans cette brèche), son album est plus riche que cela. Et il le doit beaucoup à ceux qui l’accompagnent.

A proprement parler, ce disque est avant tout un disque de swing. Ce qui est relativement classique dans la chanson depuis TRENET. Mais là c’est vraiment mis en avant et surtout très bien fait. Que ce soit dans sa forme manouche ou dans des formes New Orleans plus classiques, c’est très entraînant. Un vrai plaisir d’écoute, énergique et séduisant. On y entend aussi des choses plus jazzy, ou des inspirations orientales ou balkaniques. Sans oublier le tango du titre, qui est mis à l’honneur à deux reprises. C’est parfois construit de façon complexe, comme dans "Les films de guerre", morceau polymorphe qui passe pourtant tout naturellement. La plupart du temps immédiatement sympathique et attractif, comme le très vivant "Swing du nul" ou le plus instable mais si bon "Maigrir".

Si l’on a mis sur SANSEVERINO l’étiquette manouche, à raison dans un premier temps, la suite aura montré autre chose puisqu'il a depuis touché de nombreux styles. On y viendra plus tard, mais rétrospectivement, on peut voir ce qui est déjà là : un auteur et un interprète tout à fait intéressants. L’interprète c’est cette bête de scène qui communique aisément sa dinguerie. Le plein d’énergie, balancée dans un torrent de mots, avec une vraie camaraderie de suite attachante au fond de la voix (les parigots parleraient de gouaille). Mais c’est aussi celui qui est tout à fait capable de partager des choses plus intimes, dans des registres plus mélancoliques. On retiendra dans cette catégorie la reprise de l’album, "Le tango de l’ennui" de FRANCOIS BERANGER, la plus minimaliste de ces pistes mais pas la moins touchante.

L’auteur c’est justement ce mec capable de produire ce torrent de mots dont pas un ne ripe. Tout coule de source, c’est fort. Parce que c’est bien écrit. En termes de rimes, de pieds, de rythme, on a à faire à de la très bonne chanson tout simplement. Truffée d’humour, tendre ou vachard (et parfois très noir), d’images étonnantes et parlantes ou de jeux sur les mots (allitérations ou doubles-sens à la BOBBY LAPOINTE). Il y a vraiment de quoi s’occuper à l’écoute et on en découvre à chaque fois un peu plus. Enfin, last but not least, tout cela n’est pas chanter pour ne rien dire. Derrière des textes de prime abord amusants se cache une réflexion plus profonde sur la vie et les rapports humains (la solitude, l’obsession de plaire, la réussite). SANSEVERINO n’hésite pas non plus à partager ses doutes ainsi que ses certitudes, entre deux gros tacles sur la corrida et ses préoccupations écolo. Le tout n’a pas pris une ride aujourd’hui, y compris musicalement. Cet album garde la même fraîcheur, qui lui a permis en son temps d’être primé par l’académie du disque. On est bientôt vingt ans plus tard, je constate que de toute cette génération, SANSEVERINO est le seul qui m’accompagne encore vraiment. Comme un vieux pote dont on se souvient toujours de la première rencontre.

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   RAMON PEREZ

 
  N/A



- Sanseverino (chant, guitare)
- Hervé Legeay (guitare)
- Benoit Nicolas (contrebasse)
- Manu Riquier (batterie)
- Dominique Fillon (claviers)


1. Frida
2. Mal ô Mains
3. Les Embouteillages
4. Les Films De Guerre
5. Swing Du Nul
6. Le Tango De L'ennui, Reprise De François Béranger
7. André
8. Le Tango Des Gens
9. Rouge
10. Maigrir
11. La Mer



             



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