Après un début de carrière très prometteur sur le plan artistique, très vite suivi d’un succès commercial conséquent, TESTAMENT n’a pas su concrétiser tout le bien qu’on pensait de lui pour passer à un statut supérieur. Et le groupe s'est doucement installé dans une position un peu bâtarde. Le savoir-faire, le professionnalisme et les compétences techniques de ses musiciens, permettent au groupe de proposer des disques de très bonne tenue et qui peuvent faire figure de référence dans le style. Pourtant, il manque le petit supplément d’âme, de génie ou de folie, qui pourrait permettre à TESTAMENT de passer du stade de très bon élève appliqué au stade de groupe fondateur et leader.
L’écoute de Souls Of Black ne dément pas ce sentiment. En effet, à l’exception de "The Legacy", aucun morceau n’a vraiment l’étoffe pour devenir un classique. Et pourtant, aucun des autres titres n'est réellement mauvais. Simplement, on nage dans le prévisible, dans le conforme. On ne peut pas reprocher au groupe son savoir-faire : les morceaux sont très bien exécutés, mais cela ne suffit pas. Et même lorsque TESTAMENT se fait convainquant, comme c'est le cas avec le précité "The Legacy", on pourrait trouver à redire en arguant que celui-ci lorgne un peu trop vers "The Ballad" (Practice What You Preach, 1989). On retrouve ce même style, mêlant à une base de ballade, des montées en puissance et de courts passages rapides.
Si on prend des morceaux de la trempe de "Souls of Black" ou "Absence of Light", nous avons là de bons exemples de titres solides et biens construits, interprétés par des musiciens talentueux, mais on le sentiment que la passion est un peu absente et que le groupe s'interdit toute prise de risque. Et pourtant, on parle là des morceaux qui comptent parmi les meilleurs du disque. Le constat s’impose donc de lui-même : nous sommes à des années lumière de la folie d’un "Over The Wall" (The Legacy) ou de l’efficacité sans concession d’un "Disciples of The Watch" (The New Order). Même les digressions Speed ("Love To Hate" et "Falling Fast"), font un peu pâle figure dans ce disque trop monolithique et qui manque par trop de dynamisme.
Coincé entre un début de carrière fracassant et un retour de vigueur dans la seconde moitié des années 90’, ce Souls of Black se montre bien trop linéaire et timoré pour susciter un réel intérêt.