Après un Low au travers duquel le groupe avait déjà considérablement durci son propos, TESTAMENT poursuit la radicalisation de sa musique avec Demonic qui, en 1997, s’impose comme l’album le plus puissant en date des thrasheurs californiens. En effet, et bien que le ralentissement global des tempi puisse laisser penser que le groupe s'engage dans une voie favorisant l'adoucissement de sa musique, la réalité est tout autre. Avec ce septième album, TESTAMENT s’oriente vers des univers bien plus brutaux et malsains qu'il ne l'avait fait par le passé, notamment en adoptant une orientation Death-Metal qui trouve son expression au travers de guitares plus lourdes et grinçantes, et surtout d’un Chuck Billy dont les vocaux growl évoluent désormais dans un style très proche d’un chant Death. L’arrivée à la batterie de Gene Hoglan (ex-DEATH) n'est certainement pas anodine dans cette évolution.
Le résultat assez impressionnant nous donne à écouter (ou pourrait presque dire, à découvrir, tant la métamorphose est parfois saisissante) un groupe teigneux et malsain qui parvient à concilier, avec succès, le qualité des compositions et l'agressivité des ambiances. En effet, une fois digéré le côté sombre et puissant de la musique, nous ne pouvons que constater combien les compositions tiennent plutôt bien la route et que nous ne sommes pas dans de la violence gratuite et primaire. Bien au contraire, le groupe semble avoir à cœur d'exposer des sentiments extrêmement forts, mais dans un cadre très bien maîtrisé. Ainsi, les refrains sont accrocheurs et les mélodies bien construites (même si on peut considérer qu'en la matière, leur album suivant fera encore mieux).
Dès lors, difficile de résister à un titre aussi furieux que "Demonic Refusal" qui, après une intro glauque à souhait, déboule pour tout bousculer sur son passage. Et le constat est identique avec "The Burning Times" aux changements de rythmes constants, ou avec le très Death, "Jun-Jun". Le groupe parvient presque à faire carton plein et les titres un peu redondants ou dispensables sont vraiment marginaux. Tout au plus peut-on citer les moins mémorables "Ten Thousand Thrones", "Nostrovia" et "Distorted Lives".
Pour le reste, TESTAMENT ne connaît ici ni baisse de régime, ni baisse de qualité. Et si son image de groupe de Thrash classique des années 80 ne l’a certainement pas aidé à conquérir le public qu’un tel album était susceptible de toucher à cette époque, il est indéniable que du point de vu artistique le groupe a magistralement négocié son évolution. Demonic ne fait qu’annoncer l’encore plus jouissif The Gathering qui sortira deux ans plus tard. Rétrospectivement, on peut se dire qu'il est le premier pas du groupe dans cet univers musical, une sorte de test.

Il est a noter que, dans cet album, nous avons la seule participation studio du guitariste de FORBIDDEN, Glen Alvelais, au sein de TESTAMENT sur le titre "New Eyes of Old". Une tentative qui n'aura pas de suite, excepté en live.
La réédition de 2008 comprend en bonus une reprise du "Rapid Fire" de JUDAS PRIEST.