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- Style : Suede
- Style + Membre : The Smiths

MORRISSEY - Viva Hate (1988)
Par RICHARD le 7 Avril 2022          Consultée 954 fois

Voici encore un fait établi. La séparation des SMITHS en 1987 est, pour l'Angleterre, la musique et les fans, un véritable choc. Selon la légende noire, trois Anglais auraient préféré quitter notre terre à cette annonce. Ceci peut paraître excessif mais, pour les amoureux d'une pop élégante, subtile, soutenue par des mots fins, cruels et souvent très drôles, ce quatuor a forcément représenté beaucoup. A l'heure de ces années hédonistes et parfois superficielles, le monde des SMITHS a instantanément parlé aux timides, aux rêveurs et à tous ceux qui, sans être asociaux, ne se retrouvaient pas pour autant dans ces futiles moments. L'entente entre Morrissey et Johnny Marr n'était malheureusement pas éternelle. Trop de lumière sur le premier et les envies d'ailleurs du second ont eu raison de cette symbiose presque parfaite.

L'avenir en ces mois d'été est donc des plus incertains, voire angoissant pour beaucoup. Le Moz peut-il vraiment exister artistiquement sans sa moitié ? Ce serait sans doute mal connaître le Mancunien tant la nécessité de créer pour ne pas se noyer dans l'amertume semble alors le tenailler. Il n'a pas perdu de temps, le petit Steven. Comme une forme évidente d'instinct de survie. Pour ne pas avoir le moral dans les chaussettes, l'ancien leader donne le chant libre à Stephen STREET (producteur des trois derniers opus des SMITHS) pour composer un album. Le challenge paraît bien difficile car passer après Marr n'est pas la situation la plus confortable qui soit. Qu'importe, le nouveau duo prend le risque et les paris sont ouverts sur la suite.
Une seule question vient naturellement à l'esprit. Ces titres sentent-ils bon la nostalgie réconfortante de l'ancienne bande des quatre ou portent-ils la trace d'un renouveau, quitte à trébucher leur regard ailleurs ? La réponse ne se fait guère attendre, dès mars 1988, à la parution de Viva Hate. Pour moi, il n'y a que l'aérien "Dial a Cliche" qui, par sa rythmique légère, rappelle le pas si lointain "Stretch Out And Wait". Pour le reste, et c'est l'un des attraits de cet album, les notes le composant ne sont pas des ersatz du maestro Johnny. L'autre intérêt tient évidemment à la présence de "Everyday Is Like Sunday" et "Suedehead" qui deviennent des classiques instantanés. Il faut dire que le jeune duo a sculpté pour ses débuts deux pépites pop des plus subtiles.

De la première, on peut retenir la mélodie irradiante et les superbes paroles du Mancunien qui, bien que toujours féroces, se teintent ici d'une forme de douce amertume. De l'autre, le jeu de guitare limpide de Vini Reilly, leader du groupe post-punk THE DURUTTI COLUMN, la batterie fougueuse d'Andrew Paresi et la voix de Morrissey, plus belle que jamais, s'allient parfaitement pour rappeler que l'Angleterre est définitivement le pays de la pop. Viva Hate permet au leader d'explorer ainsi de nouveaux horizons musicaux parfois surprenants. Ainsi, l'introductif "Alsatian Cousin", habité par la guitare acérée de Reilly, ou la pulsation inquiétante et la brièveté de "Little Man, What Now" ont de quoi décontenancer. La pop de l'homme aux glaïeuls dans la poche arrière du pantalon se fait désormais éclatée et hétérogène.

L'Anglais fait, à l'image du très beau "Angel, Angel, Down We Go Together", des cordes un convaincant allié. Moins de deux minutes et un définitif "I Love You More Than Life" suffisent à rappeler que le Moz n'est pas encore mort. En même temps, avec "Margaret On The Guillotine" (l'album The Queen Is Dead aurait dû se nommer ainsi), ce serait difficile de l'enterrer aussi facilement. Telle la guillotine qui tombe et qui conclut le morceau, les mots du chanteur envers la Dame de Fer sont aiguisés et le résultat est d'autant plus dérangeant qu'il les assène avec détachement sur fond de douce guitare. Sa plume acide, nostalgique, émouvante ne se répète pas encore et, sous des atours simples (le fin et pourtant ambigu "Bengali in Platforms"), fait de nouveau mouche.

Avec son premier album en solo, Viva Hate, MORRISSEY fait des débuts plus que prometteurs. Pop, varié, avec peu de réelle faiblesse, il prouve surtout qu'il y a une vie pour lui après les SMITHS. Pour l'avenir, ceci est vraiment plutôt de bon augure !

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   RICHARD

 
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- Morrissey (chant)
- Stephen Street (basse,guitare)
- Vini Reilly (guitare,claviers)
- Andrew Paresi (batterie)
- Fenela Barton (violon)
- Richard Koster (violon)
- Mark Davies (violoncelle)
- Rachel Maguire (violoncelle)
- Robert Woolhard (violoncelle)
- John Metcalf (alto)


1. Alsatian Cousin
2. Little Man, What Now?
3. Everyday Is Like Sunday
4. Bengali In Platforms
5. Angel, Angel, Down We Go Together
6. Late Night, Maudlin Street
7. Suedehead
8. Break Up The Family
9. The Ordinary Boys
10. I Don't Mind If You Forget Me
11. Dial-a-cliche
12. Margaret On The Guillotine



             



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