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MORRISSEY - Ringleader Of The Tormentors (2006)
Par RICHARD le 17 Juillet 2022          Consultée 1529 fois

Lorsque sort Ringleader Of The Tormentors, MORRISSEY peut enfin arrêter de faire son Caliméro. On l'attend de nouveau au tournant et ce n'est forcément pas pour lui déplaire. Son retour avec You Are The Quarry en 2004, après un septennat de silence discographique, a en effet été salué par un beau succès critique et surtout public. Cela peut paraître d'autant plus étrange que l'album du come-back, avec le recul, demeure à vrai dire bien convenu. L'Anglais qui est redevenu quasiment fréquentable a également réussi, sans trop le vouloir d'ailleurs, à marquer de son empreinte la nouvelle génération pop de ce début de siècle.
Rétrospectivement, ce qui frappe à cette époque, c'est la capacité de l'ancien leader des SMITHS à surprendre encore son monde. Le rythme de sénateur romain, le surplace lui sont pour l'instant étrangers. Il faut croire que son départ de Los Angeles pour son nouvel exil prolongé dans la capitale italienne lui a insufflé une verve créatrice qui ressemblerait à s'y méprendre à celle de l'accomplissement artistique.

La Ville éternelle a en effet remis le Moz en selle et c'est donc un Anglais lyrique et plein d'assurance qui se présente à nous en ce début de mois d'avril. Est-ce à dire, à l'instar de la malicieuse photographie illustrant la pochette, que cette galette a déjà tout du classique ? La réponse est sans équivoque. C'est un grand album que nous tenons effectivement entre nos mains. Pas un Deutsche Grammophon, non, mais un douze titres exposant une pop élégante et émouvante. MORRISSEY a bien su s'entourer, il est vrai.
A ses côtés, on retrouve ni plus ni moins à la production que TONY Visconti (BOWIE, si tu nous lis) mais aussi, Italie oblige, Ennio MORRICONE aux arrangements de cordes. La rencontre de monstres sacrés ne fait pas nécessairement une réussite. Pourtant, MORRISSEY à travers cet album rappelle, pour qui l'aurait bêtement oublié, qu'il demeure également l'une des plus belles plumes de la pop anglaise. Et lorsque celle-ci trouve comme réceptacle les notes adéquates, c'est tout bonnement savoureux.

On serait pourtant parfois tenté d'être fatigué par cet auto-apitoiement, par ce côté 'je suis le mâle aimé' qui soufflait alors ses plus de deux décennies de petit cœur serré. L'Anglais est finaud et trouve malicieusement la parade à l'image du désormais classique "You Have Killed Me", où il se prend pour lui (normal et encore), mais aussi pour PASOLINI et VISCONTI (le cinéaste). Ce qui fait assurément plaisir, c'est de se retrouver de nouveau face à un large éventail sonore qui a le parfum des belles productions. Ainsi, si la majeure partie de l'introductif "I Will See You in Far-Off Places" semble épouser une ossature orientalisante sur fond paradoxal de lourde rythmique, les dernières secondes à la trompette façon mariachi ont de quoi surprendre. MORRISSEY est devenu Citoyen du Monde. Il s'ouvre enfin. Il en va de même du direct et fougueux "I Just Want to See the Boy Happy" qui se clôt cette fois-ci sur un inattendu trombone. L'album fourmille de ce type de petits détails qui le rendent, sans forcer, rapidement attachant et riche.

MORRISSEY, comme il sait si bien le faire, alterne morceaux enlevés et ambiances mélancoliques qui ne baignent pas pour autant dans un pathos boursouflé. Dans la catégorie KLEENEX, je demande le superbe "Dear God Please Help Me" qui voit cette ballade déchirante se partager l'espace entre la voix d'un Moz crooner, ici à son meilleur, et les subtiles cordes dirigées par MORRICONE. Ringleader Of The Tormentors souffle ainsi le chaud et le froid. Par légers coups de pinceau, le Mancunien brosse une toile où certaines couleurs rappellent l'univers des temps passés, à l'image de "The Youngest Was The Most Loved" où les chœurs enfantins font échos à ceux de "Panic" ou ceux, plus adultes, du début des années 90 ("On The Streets I Ran"). Cet album demande assurément une écoute attentive car son aspect symphonique pourrait être confondu avec de la grandiloquence. Il est plutôt l'expression d'un homme qui, à défaut d'être apaisé émotionnellement, commence tout juste à effleurer un semblant de bonheur.

Retrouver MORRISSEY ainsi fait forcément plaisir. Ringleader Of The Tormentors confirme que l'Anglais a tout d'un Phénix pop qui distille avec brio de belles et subtiles émotions. Un classique des années 2000, tout simplement.

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- Morrissey (chant)
- Alain Whyte (guitare, chœurs)
- Boz Boorer (guitare)
- Jesse Tobias (guiare)
- Gary Day (basse)
- Matt Chamberlain (batterie)
- Michael Farrell (piano,orgue,claviers,trompette,trombone)
- Laura Adriani (chœurs)
- Gaia E Andrea Baroni (chœurs)
- Niccolo Centioni (chœurs)
- Julia D'andrea (chœurs)
- Alice E Ester Diodovich (chœurs)
- Marco Lorecchio (chœurs)
- Charlotte Patrignani (chœurs)


1. I Will See You In Far Off Places
2. Dear God Please Help Me
3. You Have Killed Me
4. The Youngest Was The Most Loved
5. In The Future When All's Well
6. The Father Who Must Be Killed
7. Life Is A Pigsty
8. I'll Never Be Anybody's Hero Now
9. On The Streets I Ran
10. To Me You Are A Work Of Art
11. I Just Want To See The Boy Happy
12. At Last I Am Born



             



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