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MORRISSEY - California Son (2019)
Par NESTOR le 9 Juillet 2022          Consultée 868 fois

Après un Low In High School un peu inégal mais qui n’en comportait pas moins d’excellents titres, MORRISSEY nous revient avec cet album de reprises. Au menu, le dandy british nous propose aussi bien du Roy ORBISON que du Bob DYLAN, du Joni MITCHELL, du Carly SIMONS, du Tim HARDIN, du Dionne WARWICK. Et il existe un point commun entre tous ces artistes : ils sont tous nord-américains avec, parmi eux, une Canadienne, Buffy SAINTE-MARIE. Ce qui ne manque pas de surprendre tant, dans notre imaginaire, MORRISSEY est lié à l’Angleterre dont il est presque une incarnation. Autre caractéristique de ces reprises, elles datent pour la plupart de plusieurs décennies. D’ailleurs, trois de leurs interprètes sont décédés : Laura NYRO, JOBRIATH et Roy ORBISON.

La période allant de 1965 à 1968 semblant avoir tout particulièrement marqué le Moz. Au-delà de ces choix assez surprenants, il faut reconnaître qu’au regard des qualités vocales de MORRISSEY, l’inquiétude était assez limitée lorsqu’on évoque un album de reprises.
Et de fait, dès "Morning Starship", un titre issu du second album de JOBRIATH paru en 1973, la voix du crooner, mélodieuse et racée, fait mouche. Plus aérien et lumineux que sa version originale, le "Don't Interrupt the Sorrow "de Joni MITCHELL est ici présenté dans une version aux arrangements paradoxalement plus chargée, mais qui se révèle plus fluide. A nouveau un bon moment.

Le "Only a Pawn in Their Game" de Bob DYLAN (The Times They Are a-Changin', 1964) est également présenté dans une version plus travaillée et arrangée que l’original (ce qui n’est pas très difficile au regard de la sobriété de celle-ci). Passé dans les mains du Britannique, le morceau devient ainsi plus martial, plus grave. Le choix de cette chanson est intéressant pour un MORRISSEY qui est, à cette époque, en prise avec une réputation que l’on va qualifier pudiquement de 'conservatrice'. Son opposition affichée à l’immigration, entre autres, faisant débat. Dans ce contexte, choisir un texte, qui traite de la mort de Medgar Evers, un militant noir, assassiné en juin 1963 dans le Mississippi, n’est pas innocent. Il en va de même du choix de Bob DYLAN et de Phil OCHS, des artistes ouvertement progressistes et militants. C’est un peu comme si le chanteur cherchait à s’acheter une rédemption. Ce qui est assez surprenant au regard de son côté grande gueule et un peu autiste sur ces sujets.

Quoiqu’il en soit, le "Days of Decision" de Phil OCHS (I Ain't Marching Any More 1965), tout en mélodie et en douceur, est un moment fort de cet album. Avec "It’s Over", MORRISSEY s’attaque au registre de Roy ORBISON, ce qui n’est pas une mince affaire. Mais ses qualités vocales et son style limite crooner font ici des merveilles, le chanteur s’en sortant haut la main. LP (Laura PERGOLIZZI) vient l’épauler avec sa voix si particulière sans que l’on parvienne cependant à déterminer si elle se contente d’assurer l’introduction, où bien si elle est également à l’origine des cris de type 'opéra' du final. Le résultat est tout autant réjouissant avec le très beau "Wedding Bell Blues", servi par des chœurs qui, bien que très kitsch, sonnent de fort belle manière. Cela ne s’entend pas réellement, et coule encore moins de source, mais c’est Billy Joe AMSTRONG (GREEN DAY) qui vient prêter sa voix à MORRISSEY. On se demande encore comment celui-ci a atterri sur ce morceau, peut-être le plus éloigné de son répertoire habituel.

Le chaloupé et joyeux "Loneliness Remembers What Happiness Forgets" est agréable, sans plus alors que "Lady Willpower", à l’intro plus grandiloquente, fait bonne impression jusqu’à ce que l’on constate qu’elle n’apporte pas grand-chose à la version originale de Gary PUCKETT And The UNION GAP, dont elle ne parvient pas à s’affranchir significativement. Le trio final, "When You Close Your Eyes / Lenny's Tune / Some Say I Got Devil", est bien plus posé, voire dépouillé et grave dans le cas des deux dernières chansons. Mais, à l’exception du touchant "Lenny's Tune", tiré de Tim Hardin 3 Live in Concert de Tim HARDIN, les autres morceaux manquent de spontanéité et de naturel.

Il n’en reste pas moins que cette compilation de reprises comporte une majorité de très bons morceaux qui nous permettent de découvrir ou redécouvrir des chansons oubliées et de profiter du talent de chanteur de MORRISSEY. Mais le plaisir n’est pas total car le sentiment que le chanteur alourdit inutilement son propos avec des arrangements qui manquent un peu de sobriété est toujours très proche. En poussant le trait un peu plus loin, on l’imagine aisément sur une scène de Las Vegas en train d’en faire des tonnes en Crooner sirupeux. Nous n’en sommes pas encore là, mais on sent une légère tentation dans ce domaine. De très bons moments donc, mais quelques maladresses (tient, cela ferrait un très bon résumé de la chronique de son précédent album…).

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   NESTOR

 
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- Morrissey (chant)
- Billie Joe Armstrong (chœurs)
- Boz Boorer (guitare)
- Ed Droste (chœurs)
- Sean Hurley (basse)
- Little Willie Iniesta (chant)
- Dave Levita (guitare)
- Lp (chant)
- Roger Manning (claviers)
- Gustavo Manzur (claviers, accordéon)
- Zac Rae (claviers)
- Jesse Tobias (guitare)
- Matthew Ira Walker (batterie)


1. Morning Starship (jobriath)
2. Don't Interrupt The Sorrow (joni Mitchell)
3. Only A Pawn In Their Game (bob Dylan)
4. Suffer The Little Children (buffy Sainte-marie)
5. Days Of Decision (phil Ochs)
6. It's Over (roy Orbison)
7. Wedding Bell Blues (laura Nyro)
8. Loneliness Remembers What Happiness Forgets (dionn
9. Lady Willpower Jerry Fuller (gary Puckett & The Un
10. When You Close Your Eyes (carly Simon)
11. Lenny's Tune (tim Hardin)
12. Some Say I Got Devil (melanie)



             



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