Après le méga-succès de leur dernier album éponyme en date, les filles de BANANARAMA sont désormais considérées comme un des actes majeurs de la new-wave à tendance pop de ces années bénies des dieux. Elles ont su imposer ce chant à trois comme leur marque de fabrique, à nul autre semblable, au point qu'il est impossible de les confondre avec un autre groupe. Keren, Sarah et Siobhan représentent alors très bien la jeunesse colorée et diverse du moment, ce qui explique aussi leur colossal succès. Jolly & Swain sont donc encore à la baguette, mais ils ont cette fois la team Saw entre les pattes. Les producteurs se disputent les faveurs des filles, il y a du fight dans l’air autour des billets verts. Ne nous voilons pas la face, les filles sont au Nirvana.

"Do Not Disturb" est le premier single. D'emblée, l’aspect pop est flagrant. La rengaine n’est pas immédiate, les filles sont toutes de blanc vétues, la batterie est en carton, la basse slappée et les synthés bontempi. La new-wave n’est pas au sommet de son art. Ca passe mais ça s’oublie facilement : 37ème en G.B, et Keren dit qu’elle n’est pas fan du titre.
Tout m’énerve dans "More Than Physical" : les poncifs des années 80 y sont accumulés. La mélodie est vilaine, les arrangements nazes. La vidéo ne me plaît pas jusqu’à ce solo abominable de synthé. A la poubelle, désolé les filles, c’est la seconde collaboration avec Saw. Les résultats sont très médiocres et Scott n’a de cesse de critiquer les rapports de travail avec le trio pour ce single.
Le dernier single de cet opus est "A Trick of The Night". Ce petit mid-slow n’a rien de honteux et il s’écoute bien, sans provoquer non plus la moindre érection. La vidéo est à nouveau très moche.

Bien sûr, le deuxième single tiré de cette livraison, l‘énorme hit "Venus" est une ode à la féminité et quel meilleur groupe pour le symboliser que nos mignonnes BANANARAMA ! Pas difficile, il n'y en a pas d’autres ! Les filles assurent comme des bêtes et donnent une formidable seconde vie à ce standard de l’espace. On se souviendra qu’en 69, les hollandais de SHOCKING BLUE en firent un numéro un des billboards du monde entier déjà. Le trio féminin atteint la même place avec la fabuleuse orchestration opérée par Saw – Scott Aiken Waterman - sur la demande de Siobhan, il faut le préciser, l’Irlandaise ayant eu du nez. Efficacité maximale, non ? Il s’agit assurément d'un des plus grands titres des années 80, un des classiques de la new-wave, ne passez pas à côté.

Le ton sombre de "Ready Or Not" est bien dans ma came. Malgré quelques avalanches synthétiques et des arrangements un peu vieillots, l’ensemble me botte bien.
"In A Perfect World" s’insère bien dans ce disque comme une petite reprise de respiration, les filles n’embrayant qu’après deux minutes instrumentales. Un nouveau mid-slow à l’identité plus trouble, cette fois. C’est le moment de dire que les filles continuent à faire la critique sociale de notre monde, le titre est éloquent. Hélas, mis à part ces deux pistes moyennes, le reste est une purge. Allez, "Hooked On Love" est sympa avec sa jolie basse, mais ne franchit pas la barre de l’écoute polie, même si le sujet sur la drogue est bien sympa.

Beaucoup de percussions et une basse mixée en avant, nul doute, "True Confessions" est symbolique du genre pratiqué en ces mid-eighties. Le refrain se laisse apprivoiser, mais dieu que tout ça a mal vieilli !
Comme à l’accoutumée, le slow "Dance With A Stranger" me laisse totalement froid, n‘est pas SPANDAU BALLET qui veut !
"A Cut Above The Rest" manque un peu de joie et de profondeur. Le chant des filles reste stable mais les orchestrations sont terribles. La critique doit rester dure sur "Promised Land" qui aligne aussi les éléments qu’on reproche le plus souvent à la décennie superficielle, mais il faut admettre que la composition est médiocre, là où un FRANKIE GOES TO HOLLYWOOD en employant les mêmes moyens voit ses compositions rayonner.

La critique est probablement facile après toutes ces décennies, mais s’il est vrai que le son, les orchestrations et les compositions de cet album sont très révélatrices des années 80, il n’en demeure pas moins que tout ceci a terriblement mal vieilli et symbolise à merveille les opinions aujourd’hui très sévères des spécialistes de musique à leur égard. Certes, mais il nous reste "Venus" et je vous le demande : quel hit d’aujourd’hui peut s’aligner sur cette fabuleuse version et lequel siègera à ses cotés dans quelques siècles ? Hélas, je dois me résigner à déposer un deux un peu sévère mais juste au troisième opus de mes chères BANANARAMA.