Vous n’avez pas été sans remarquer que les précédents derniers résultats de nos ex-idoles des eighties les BANANARAMA étaient très médiocres, tant et si bien qu'après avoir visé le marché européen, voilà que notre duo, toujours constitué de Sarah Dallin et de Keren Woodward, en est réduit à ne plus viser qu’un seul pays pour continuer de survivre à la récession de la new-wave. Le producteur est Pascal Caubet, et le pays d’élection n’est autre que l’hexagone qui n’a jamais vraiment oublié le groupe. On est certes nuls en musique, mais on est fidèles. La classe, non ? cela dit, faut pas rêver, matez donc la setlist, il y a de l’auto-reprise dans l’air, et il a intérêt à ce que tout à soit à la hauteur pour éviter la relégation en division Z.

Et puisqu’on en cause, allons-y : nous débutons par une version latina de "Cruel Summer", avec une nouvelle orchestration et des arrangements qu’on qualifiera de sud américains. Ca s’écoute une fois. "Robert De Niro’s Waiting" se veut plus dance, des effets de synthés assez cheap, et déjà un semblant d’autotune, perdant ainsi toute sa dynamique. "I Heard A Rumour" propose un gros beat de sequencer, avec à nouveau de l’autotune, diable ! Impossible de s’aligner face à l’originale. On en termine avec l’indétrônable "Venus", cette fois avec une vibe technoïde, mais le titre perd toute sa gaieté ainsi encadré par de froids effets. Qui plus est, il manque clairement la voix de Siobahn Fahey pour nous replonger dans les délires de 20 ans plus tôt, un duo n’est pas un trio.

C’est donc le giga succès de Georges MICHAEL "Careless Whisper" qui est chargé de faire le buzz dans les charts. Hélas, même si j’adore les filles, elles ne seront jamais au firmament des voix comme celle du regretté blondinet. La vidéo ne change rien à l’affaire, c’est plat, l’orchestration nous endort là où la magnifique composition doit réveiller tous les sens, c’est donc une véritable catastrophe qui ressemble carrément à un acte d’impuissance. Quand on choisit le risque de reprendre un tel succès, on n’a pas droit à l’erreur, c’est bien simple. Et là, les filles sont en pleine déroute. C’est un grand malentendu d’une maladresse terrible. "If" est aussi choisi pour sortir en single, mais la maison d’édition annule cette sortie. La composition n’est pas vilaine, dance, un brin langoureuse, pas désagréable, avec des arrangements sympas. Pas le moindre résultat évidemment.

Le reste de l’album est incertain ? "What You Gonna Do", le titre le plus sympa du lot, dispense une ambiance noirâtre à laquelle BANANARAMA ne nous a pas habitués. Tentez le coup. Une certaine bonne humeur s’échappe du rythme de "Boom". Les filles semblent prendre du plaisir à chanter ce titre et c’est déjà pas mal. On pourrait presque chanter le refrain de "Starz" mais le reste de la chanson fait un brin bailler. On s’endort vraiment sur "Sleep" puis le mid tempo funky "Got A Thing For You" est d’une platitude rare. Un pseudo slow larmoyant ? "Crazy" ne me plaît pas plus – plutôt moins - que les autres performances des filles dans ce genre qui ne leur convient pas du tout.

Il paraît que les rares éditions du single "If" font un flambard sur le marché des collectionneurs de raretés. C’est possible mais en ce qui concerne l’opus en lui-même, je conseille bien de le cramer, si votre regard se porte par mégarde sur cette pochette pas si vilaine au demeurant. Détournez-en les yeux avec horreur car nous sommes bien au fond du fond pour l’ex-trio d’icônes des eighties devenu exécrable duo.
Embarrassant, c’est le mot juste. Nous n’y reviendrons pas.