Pour les filles, cet album est un peu un quitte ou double. Le duo des BANANARAMA n’a pas connu le succès depuis un bail, ayant dû survivre pendant les noires nineties, symbolique tombeau de nombre de gloires de la grande new -ave. Quelques années plus tôt, leur dernier album en date n’est sorti qu’en France, aveu d’impuissance d'un groupe ayant vendu des semis remorques de disque. Bien sûr, les best of se vendent bien, les hits inoxydables du groupe continuent d’illuminer sa légende. Toutefois, pas de place à l’erreur pour ce neuvième opus !

Les icônes se serrent les coudes. Il y a ici le remix du giga hit "Venus" opéré par Marc ALMOND, leader sans partage de SOFT CELL – remember "Tainted Love", les gars ? On peine à reconnaître la composition dans ces montagnes de sequencers. Tout ça est bien méchant certes, mais à gagner en agressivité, on perd en joie et en bonne humeur. Au final cette version est plus synth pop que jamais, avec le son des années 2000. Enfin, propose un remix de "Really Saying Something", une énorme basse est au chevet du classique de la new-wave, qui perd un peu en puissance mélodique mais gagne en hypnose rythmique, pas mal.

C’est "Move In My Direction" qui est choisi pour être le single suivant. On évolue en pleine dance pop, avec ce qu’il faut de réminiscence de new-wave pour appâter le vieux fan. Le petit refrain se laisse faire avec talent et les voix des deux nanas enrobent bien le tout, un joli produit bien ficelé. "Look On The Floor" poursuit la quête du hit dance de l’année avec une certaine réussite puisque le single va investir les charts US sans sortir en single jusqu’à la 2ème place du hot dance billboard, certes secondaire, mais tout de même, voilà qui ne manque pas de piment.Le titre s’écoute aussi bien que le précédent.

Les aspects électro de "Frequency" vont surprendre pas mal de monde, d’autant que l’ambiance générale n’est pas sans évoquer un KILLING JOKE au féminin. Ouais, ya grand écart, je sais, mais quand on connaît l’implication de Youth dans la musique des filles, est-ce vraiment étonnant ? Très chouette. "Rules of Atttraction" poursuit cette quête identitaire avec pas mal d’aplomb. Certains aspects new-wave surnagent au milieu d’une débauche électro de belle allure – et cette fin à la BEATLES ! - . Ces deux morceaux 'spéciaux' détonnent dans le reste du disque. Qui plus est, ils prouvent que les filles sont capables d’une sacrée dose d’évolution.

"Feel For You" rappelle clairement les accents de MADONNA à la même époque, pas de doute ! On repart en plein eurodance, la song est remplie à ras-bord de sequencers et de synthés, tout ça encadrant de manière sympathique le joli refrain. Entre électro-funk et vibe synth pop, "Don’t Step On My Groove" voit les filles sussurer des couplets qui auraient fait effet dans les eighties. Une jolie rythmique de gratte sud américaine embraye la charmante "Middle of Nowhere". Dance à bloc avec sa rythmique à la JAMIROQUAI, "I Love The Way" tient bien la route. Électro à donf, "Lovebite" ne tient que parla grâce de ses sequencers. Enfin, "Your Love Is Like A drug" reste dans cette même mouvance, avec pas mal de réussite.

La sentence est claire, les BANANARAMA ont réussi à recoller au troupeau des ex-has been en quête de reconnaissance. Les générations ont passé, mais Keren et Sarah restent toujours capables de faire la différence, c’est la marque des grands groupes que d’être capables de rebondir. Pour tous les fans de dance new-wave des eighties, c’est un petit instant de bonheur que de voir le duo ainsi renaissant. Pas de réel instant faible dans cette livraison, c’est un joli trois mérité.