J’attire un instant l’attention des masses laborieuses sur la plastique de Keren et de Sara en guise de préambule à la chronique de ce dixième opus des BANANARAMA. Sérieusement, on se fout pas de notre gueule ! Le look des quinca aujourd’hui, c’est quelque chose, non ? Ainsi prises en blanc, les deux demoiselles ne font pas plus de trente ans, franchement la classe ! Mon faible pour Keren est toujours là après toutes ces années. La pochette est vraiment positive, en tout cas. Le précédent album a un peu remis les pendules à l’heure et le monde entier s’est finalement souvenu des icônes des eighties. C’est leur cinquième livraison comme duo. Et oui, le temps passe.

Les deux singles sont tirés de la plume de nos deux artistes. Le premier est "Love Comes". La vidéo insiste sur la plastique des filles et le résultat, sans être transcendant, est sympa. Un zeste de synth pop et au final un titre d’euro-pop cool à la jolie production bien dans le trip des années 2000, efficace. Le suivant est "Love Don’t Live Here" - toujours des histoires d’amour vous remarquez -, il sort de la même brasserie si ce n’est qu’on y trouve un brin d’autotune, juste pour me faire plaisir. Le chant des filles n’est pas toujours à l’unisson, elles se partagent parfois les couplets. Sacrée évolution ! Les positions dans les charts ne sont pas mirobolantes : 44 puis 114ème, c’est pas l’extase.

La recette est employée sur "Extraordinary", et ça marche. Les compos des filles tiennent super bien la distance, nanties de la production maousse du nouveau millénaire. On retient aisément le refrain de "We’ve Got The Night" qui se signale par sa bonne humeur. Les filles ont vraiment réussi à transposer la vibe de leurs succès vingt ans plus tard. Tout est relatif bien sûr, mais il y a du plaisir à écouter ces hymnes de synth pop ces années plus tard. On est en pleine techno europop sur "Dum dum Boy" et ça s’écoule magnifiquement. On reste en pleine new wave avec "Seventeen" dont les sequencers abattent encore une fois un travail de titan. Le gros beat de synthés laisse place à une ambiance bien noirâtre, avec à nouveau un super refrain sur "Twisting", c’est efficacité maximale pour les nanas. "Tell Me Tomorrow" est un peu moins originale mais reste écoutable.

Et pas mal de reprises donc : celle de LIO, "Rapture", est un électro modern rempli de sequencers qui confèrent une belle puissance tellurique au titre. Voilà une chanson taillée pour courir ou faire du fitness en rythme. Très chouette ! La reprise des THREE DEGREES "The Runner" fonctionne très bien. Cette resucée du standard disco composé par le génial Gorgio MORODER tient ici une vraie renaissance avec un attrait à nouveau bien spécifique pour les oiseaux de nuit. Vous imaginiez en 86 lors de la sortie du tube de DESIRELESS "Voyage voyage" que les BANANARAMA la reprendraient un jour ? Moi pas. Il y a pourtant peu d’hymnes de new wave qui trainent dans l’inconscient collectif francophone. La puissance des sequencers donne à la composition une belle postérité et pas mal de séduction, un must pour les amateurs de dancefloor.

Allez, on est devenu un duo, on va faire dans le duo, non ? "The Sound of Silence" ? Damned, c’est gonflé de la part de Keren et Sarah. Elles ne sont ni Paul SIMON ni Art GARFUNKEL au niveau de l’organe vocal. Mais cette version, sans émuler l’originale, se tient pas mal avec d’assez jolis arrangements. Je le dis souvent mais Bryan des bois ADAMS les aura toutes. Voyez donc ! Le voilà qui fait de l’oeil à ma Keren et cette dernière ne peut s’empêcher de reprendre un de ses grands succès. On va dire que cette version boostée sous amphet de "Run To You" est un joli hommage au chanteur canadien. Enfin, les filles se font plaisir et reprennent un des hits de leur adolescence, 1976, avec le titre des FOX "S-S-Single Bed". C’est sympa sans plus.

Le rebond est assez génial. Tout est chouette dans cet album : les filles sont su agrémenter la new wave de leurs débuts avec la production massive des années 2000 et le son si puissant des sequencers issus de la techno. Les reprises tiennent fort bien la route et jamais ni Keren ni Sarah, qui chantent cette fois en solo assez souvent, ne sont prises en défaut. Je vais donc poser un quatre de circonstance bien agréable ou considérer l’ensemble de la discographie des BANANARAMA aujourd’hui efficace duo de charme. Inespéré !