Après Southside et sa percée fulgurante pour un groupe jugé comme débutant, les choses se calment pour TEXAS avec un deuxième album enregistré à domicile (non pas en Angleterre mais en Ecosse, à Glasgow dans les studios Park Lane) mais qui retient peu l'attention du grand public. Les Etats-Unis, déjà quelque peu frileux pour ce qui allait au-delà du méga-tube "I Don't Want a Lover", se retirent encore plus face à l'absence d'un équivalent en cette année 1991, et à part en France (11ème place) ainsi qu'en Suisse (18ème), Mothers Heaven n'entre dans aucun top 30.

La raison est déjà donnée. En dépit de qualités musicales, d'un son aussi ample que celui de Southside, en fait brillamment restitué, simplement un peu plus chargé en choeurs, ce deuxième opus n'a pas son/ses classique(s). Peu de chansons se dégagent du lot ; à se demander si, alors que plus de deux ans ont passé, le groupe ne s'est pas trop reposé sur ses lauriers, n'est pas allé trop vite. Quel est le problème de ce disque ? De trop ressembler au précédent ? D'installer TEXAS parmi les groupes au confort artistique tels que leur réputation les précède ?

Les quarante-huit minutes s'écoutent bien, c'est indéniable, mais il est vrai qu'on ne peut pas toujours exampter Sharleen et les garçons de l'idée qu'ils tournent en rond. Le groupe reste aussi proche de ses racines blues que des envolées soul tout en adoptant un ton FM, non dénué de profondeur mais qui en dépit des efforts, n'évite pas toujours un niveau lisse trop étendu. Sur Mothers Heaven, où le tandem Spiteri/McElhone, chanteuse et bassiste, domine toujours en termes de songwriting, on note peu de surprises à l'image de "Waiting" avec son énergie tribale, son instrumental planant, qui s'avère en fait... le titre le plus court de l'opus !

"Mothers Heaven", la chanson-titre elle-même, est ouvert de la façon la plus trompeuse par une fanfare New Orleans de deuil ; non seulement vous n'entendrez rien d'autre de similaire, mais en plus, TEXAS est un groupe qui n'emploie(ra) jamais de cuivres (enfin, presque) ! C'est peut-être d'ailleurs ce qui manque à sa musique, les interventions extérieures. Pour le morceau-titre de ce deuxième opus, parmi les choeurs, il y a Maria McKee, ex-chanteuse du groupe LONE JUSTICE de qui le combo écossais a pu s'être vu rapprocher en termes de styles. Ses choeurs de caractère s'insèrent à merveille aux côtés de Sharleen et son élégance, sur ce titre aérien, teinté de soul lyrique.

On y retrouve également la slide du guitariste McErlaine, comme sur tant d'autres chansons du disque, même si ce n'est jamais aussi marquant que sur "I Don't Want a Lover". Parfois c'est un délice, comme la six-cordes en son clair de "Dream Hotel", avec son rythme chaloupé un peu californien, parfaitement adaptés à la voix de Sharleen. "Beliefs" et son couple batterie-basse fort, a un côté 'single noir' épique du plus bel effet, mais c'est "Why Believe in You", efficace et encore très soul, plein de bon feeling, qui a été choisi en proue des extraits. Mauvais choix marketing ? Pas pour les apports électroniques légers dans une funk-pop convenable !

On note le second single, "In My Heart", entre groove et suavité où Richard Hynd, nouveau batteur du groupe fait pour être stable, rajoute des effets. Le troisième, "Alone With You", est annonciateur de toute la pop 90's pleine d'âme et sensuelle dont les années suivantes vont nous abreuver, mais pas avec autant de guitare, ni même de l'harmonica ! Le shuffle blues acoustique de "Return", la brumeuse et ensorceleuse "This Will All Be Mine" et la très jolie "Walk the Dust", moitié folk, moitié électrique, complètent ce bel ensemble. Il ne manque pas tant de choses pour faire de Mothers Heaven un essentiel, juste un TEXAS un peu moins en pilote automatique, ce qu'ils mettront un peu de temps à comprendre !

Note réelle : 3,5