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Chuck BERRY - One Dozen Berrys (1958)
Par ERWIN le 11 Février 2020          Consultée 1185 fois

Le deuxième opus de Chuck BERRY sort de la besace de CHESS évidemment et l'ensemble provient de plusieurs sessions aux Sheldon de Chicago à la maison ! La moitié des titres ici présents ont déjà fait l'objet d'un 45- tours puisque tel était le support roi à l'époque. La fine fleur des musicos de Chess l'épaule ici, avec pas moins que l'immense Willie Dixon à la basse, Johnny Johnson au piano – le mec qui lui a permis de percer tout de même ! -, et le gigantesque Hubert Sumlin à la gratte. Les distributeurs ont aussi repris l'idée de montrer l'artiste de loin, au milieu d'une montagne de fraises, les berries ça a du bon pour se planquer finalement. Un negro au beau milieu d'artistes convenables comme Jerry Lee LEWIS - pensez donc ! - ou Elvis PRESLEY, ça le fait pas encore !

Le principal titre à rester dans les annales est "Sweet Little Sixteen", classique indémodable ensuite pillé par les gentils BEACH BOYS sous le sobriquet de "Surfin USA", soit l'un des plus grands foutages de gueule de l'histoire ! Toujours est-il que Charlie est seul responsable de ces deux titres historiques. L'autre super classique de cette livraison 57 est bien sûr "Rock And Roll Music", repris par une bonne moitié du showbiz ensuite. Bien qu'il abatte sec, je le trouve moins original que son confrère.

Chuck aime les tempos rapides, il n'y a qu'à voir l'époumonante "Baby Doll" qui ne laisse pas une seconde de répit pour respirer. Voilà qui était taillé pour les marathons des meilleurs danseurs d'alors. "Reelin and Rockin" nous présente un autre rythme en référence aux "Johnny B Goode" ou "Roll Over Beethoven". Chuck les répétera inlassablement au gré de sa carrière. Sa voix claire impose cependant beaucoup de bonne humeur.

Dans un tout autre genre, "How you've Changed" nous présente un tout autre Chuck BERRY, plus cool, mais aussi plus fin. Sa superbe voix est à nouveau pour beaucoup dans la justesse de cette compo qui n'a pas été retenue par l'histoire, un slow blues de belle facture pourtant. Plus poppy "It Don't Take But A Few Minutes" en impose par sa gaieté, mais sonne très datée. Hélas, l'effort dans la langue de Cervantés sur "La Juanda" n'a rien de bien remarquable, comme il le dit lui-même « I Don't Understand Espagnol ». A oublier rapidement.

Les cinq instrumentaux disséminés ici nous permettent de constater toute la dynamique de Chuck à la guitare. Il n'a certes rien d'un virtuose à la Eddie COCHRAN, qui officiait aussi déjà dans le genre à la même époque, mais il en impose par sa dynamique et la rugosité de ses accords, avec un son déjà fuzzant pour l'époque. "Guitar Boogie" n'a rien à voir avec le classique d'Arthur SMITH, mais Chuck y laisse libre cours à sa fantaisie. C'est raide, rapide et direct dans la tronche ! Plus tranquille, "In-Go" permet au guitariste de placer quelques accords différents. L'espèce de percussions donne à l'ensemble un look sudiste rural pas si éloigné des standards du blues.

D'ailleurs, "Blue Feelings" et son alter ego "Low Feeling" sont bien bluesy, bien smooth, ce qui n'est pas toujours la qualité première du Chuck ! On y apprécie une guitare moins agressive qu'à l'accoutumée, qui va chercher plus d'émotions et moins de sécheresse, très chouette. On termine avec "Rockin At The Philarmonics", qui présente sans doute les plus jolies qualités en terme de guitare. Cette fois, l'ensemble sonne beaucoup plus sophistiqué, le piano et la guitare échangeant les solos avec beaucoup d'entrain et de technique.

Ce deuxième essai de Chuck BERRY chez Chess se solde bien entendu par un succès considérable. Les Singles ont déjà fait un flambard. Le L.P. quant à lui se contente de confirmer cela. Chuck est déjà au sommet des charts en compagnie des quelques autres pionniers du rock. Il va sans dire qu'il en représente la portion noire et à ce titre, il est porteur pour tous les noirs américains d'une intense symbolique, leur accession à la part de reconnaissance à laquelle ils aspirent tous, comme il est tout à fait « normal », mais qui leur est refusé pour cause d'un système encore fondé sur la ségrégation. Nous sommes encore dans les fifties ! Un 3.5 arrondi à la supèrieure pour d'évidentes raisons historiques.

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   ERWIN

 
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- Chuck Berry (chant-guitare)
- Hubert Sumlin (guitare)
- Willie Dixon (basse)
- Johnny Johnson (piano)
- Fred Below (batterie)


1. Sweet Little Sixteen
2. Blue Feeling
3. La Juanda
4. Rockin At The Philarmonic
5. Oh Baby Doll
6. Guitar Boogie
7. Reelin And Rockin
8. In-go
9. Rock And Roll Music
10. How You've Changed
11. Low Feeling
12. It Don't Take But A Few Minutes



             



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