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VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  STUDIO

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- Membre : Genesis, Malicorne, Manu Katché , Steve Gadd Band, The Purple Helmets , Liquid Tension Experiment, Synergy

Peter GABRIEL - I/o (2023)
Par MARCO STIVELL le 16 Décembre 2023          Consultée 3003 fois

Elle était bonne. Vraiment, monsieur Peter GABRIEL, simplement cher Peter pour les musico-intimes de longue date, la plaisanterie était bonne, en 2002-2003, dans les temps qui ont suivi la sortie de Up, quand tu (oui, 'tu' comme durant mon adolescence, et j'ai le syndrome de Peter Pan) nous promettais un nouvel album nommé I/O pour une parution très prochaine. C'est d'autant plus fort, après coup, que le laps de temps a fini par atteindre les vingt années. Ah, que c'était long, deux décennies presque sans toi, et j'insiste (oui, Scratch My Back, c'était bien ; oui, New Blood, c'était bien ; oui, les singles de 2016 restés inédits aussi et même mieux que le reste, puisque 'nouveau' entièrement).

Deux décennies sans toi, avec tes idées fraîches. Oui, mais voilà, comment ressentir autre chose que l'enthousiasme le plus pur (même si pas forcément direct à l'écoute) concernant la découverte de ce Graal qu'est I/O ? Et d'un seul tenant, à l'ancienne ! On passe certes sur la deuxième petite provocation de vouloir faire paraître, depuis janvier 2023, un titre de l'album en streaming à chaque nouvelle pleine lune, bien avant l'annonce définitive de la sortie de l'album. Pour cette dernière, quelques mois supplémentaires n'étaient pas de trop. Et dès qu'arrive la pochette digipack entre les mains, rien qu'à ton look et ton attitude, ami Peter, l'impression que tant de temps n'a point filé, en vrai.

Il y a une chanson pour rappeler l'inverse irréfutable néanmoins, c'est "So Much". Ces années qui s'accumulent, ce satané temps qui passe, ce maudit vieillissement que ton sens de la technologie des plus aiguisés ne nous a pas encore permis d'enrayer voire bloquer au moment où on en a l'envie ; la mort, à la rigueur, on s'en fiche. Pour soi-même bien sûr car, cependant, elle continue de frapper ceux qu'on aime. Comme, très cher Peter, ton père qui t'a inspiré la chanson "Father, Son" en 2000, tu dédies à ta maman un moins évident mais peut-être encore plus beau "And Still", le morceau du nouvel album qui requiert le plus d'écoutes, quand bien même il n'a plus rien du rock progressif de ton passé. Il y a en revanche du violoncelle, qui était, à elle, son instrument préféré.

I/O fait directement suite à Up pour de telles perles, en douceur sombre portée par les trois P qui te collent à la peau après ton prénom, à savoir piano, percussions et programmations, mais aussi en nuances. Il y a d'ailleurs deux mixes proposés, le Bright et le Dark, pour tous les morceaux. Ce dernier favorise plus de guitares et de sons 'rough'/rugueux (moins que Up cela dit), mais aussi de détails comme pour "And Still par exemple, les choeurs métalliques au Vocoder en fond. Vocoder et pas Auto-Tune, cette chose obligatoire depuis tout ce temps se voyant peut-être écartée au profit d'un son magnifique, d'une précision incomparable. Même un titre comme "The Court", plus orienté rap en concession ou non, transmet son bon plaisir, ses falsettos, ses cordes et cuivres orchestraux.

...Et ce groove mené par Tony Levin. Ce bon vieux Tony, au son de basse ou Chapman Stick peut-être moins 'gros' qu'avant mais toujours reconnaissable, cette chaleur conjuguée depuis plus de quarante ans avec la guitare pure ou bien 'rough' de David Rhodes. Il y a aussi 'petite' Melanie Gabriel, Richard Evans, Richard Chappell, la batterie de notre Manu Katché national, ancien collaborateur régulier, voire Ged Lynch, son remplaçant d'il y a vingt ans pour l'épauler aux percussions, entre autres. Voilà pour les vétérans, aux côtés de nouvelles têtes comme les deux producteurs, Katie May, guitariste-ingénieure sonore spécialisée en rock indé (ELBOW, FOALS etc), même si son nom est déjà également apparu auprès de ceux de Tom JONES, Roger WATERS ou MARILLION, ainsi que son collègue Oli Jacobs (Harry STYLES, Taylor SWIFT etc), bidouilleur tout trouvé pour les studios traditionnels de Real World, Bath, Surrey, Angleterre.

Puisque l'on a parlé de Katché notamment, difficile de ne pas apprécier le charme pop-funk à la fois non-original et comme nouveau pour Peter GABRIEL, à moins que ce ne soit le vent frais du plaisir après l'attente, disséminé sur plusieurs titres, en particulier "Olive Tree". Morceau enjoué au refrain inespéré (surtout après un début planant au très bel arpège de guitare électrique new-wave), celui-ci opte pour quelques cuivres hors-orchestre et plus piqués, incluant le saxophoniste Evan Smith (Lana DEL REY, re- Taylor SWIFT), et un pont 'mordant' pour contrebalancer la légèreté apparente. On peut facilement trouver des clins d'oeil au passé, tel "Playing For Time" qui semble être une rencontre entre "Here Comes the Flood" (version piano) et "Washing of the Water", avec cordes, cuivres royaux, final slow en grandeur. Sur un autre versant, "Road to Joy" évoque fortement "Kiss That Frog" (Us, 1992), avec une bonne écriture pop, et un son euphorique.

Pour ce disque bien équilibré, entre ombre et lumière, moins torturé que son prédécesseur peut-être, je préfère le Bright mix qui laisse dès "Panopticom" une sensation de grande fluidité, d'espace presque cosmique. Chanson d'ailleurs intelligemment réalisée, entre "Darkness" et une rythmique 80's à la "Stepping Stone" (du groupe CLANNAD) qui montre qu'en bon défenseur des technologies nouvelles, Peter GABRIEL a beau savoir qu'elle est très/trop présente dans le quotidien des gens, elle aide aussi à montrer des faits sans détournements, des exactions prises au bon moment. Avec la participation de Brian ENO sur ce titre et plein après, autre génie et vieil ami (cinquante ans depuis The Lamb Lies Down on Broadway !) et le délice, en fond, des voix ou guitares saturées de Melt (1980) ! Et sur "Love Can Heal", où l'on entend se promener la voix de Melanie, cette noirceur diaphane, ce violoncelle, ce très joli piano Rhodes en final.

Petite préférence pour les moments inondés de lumière musicale et ou textuelle. "I/O", avec sa mélodie belle et conductrice, son refrain en 7/4, ses superbes choeurs remontant à la fin et trop brièvement (encore plus sur le Dark mix où la guitare les étouffe). "This is Home", soul aux beaux accords folk claviéristiques, pop aventureuse. Et puis "Live and Let Live", seul titre vraiment 'world' en fin de compte, ode à la vie parcourue d'une trompette bouchée, de la caisse claire du grand Steve Gadd et sur un petit air de "In Your Eyes" grâce aux merveilleux choeurs zoulous, graves comme aiguës. Pour dire qu'avec tout cela, c'était mesquin de laisser les années défiler ainsi, ça ne se rattrape guère, mais le jeu en valait la chandelle. Le nouvel album de Peter GABRIEL frôle le chef-d'oeuvre, mieux que Up et d'autres anciens. Une beauté entière qui émane d'un grand. Pas un dieu (surtout pas plus que ses anciens compères de GENESIS, même pas le seul actif et qui tourne le plus en rond), mais un Maître.

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Peter Gabriel (chant, choeurs, piano, claviers, programmati)
- Manu Katché (batterie)
- Tony Levin (basse, chapman stick)
- David Rhodes (guitares, choeurs)
- Katie May (guitares, percussions)
- Oli Jacobs (programmations, synthétiseurs, piano, percussio)
- Richard Chappell (programmations, piano, effets sonores)
- Melanie Gabriel (choeurs)
- Ged Lynch (percussions)
- Richard Evans (mandoline, tin whistle)
- Steve Gadd (caisse claire loop)
- Stuart Mccallum (guitares)
- Brian Eno (synthétiseurs, percussions, effets sonores)
- Rioghnach Connolly (choeurs)
- Ian Burdge (violoncelle solo)
- Tom Cawley (piano)
- Ron Aslan, Angie Pollock (synthétiseurs)
- Hans-martin Buff, Oli Middleton (percussions)
- Evan Smith (saxophone)
- John Shpak (trompette, cor d'harmonie)
- Paolo Fresu (trompette solo)
- Faye Dolle, Jennie Abarahamson (choeurs)
- Linnea Olsson (violoncelle, choeurs)
- Bongani Ncube (arrangements et direction choeurs zoulous)
- Soweto Gospel Choir
- Dom Shaw (arrangements de la chorale)
- Cecilia Rydinger (arrangements et direction chorale)
- Orpheil Drängar Choir
- Ed Shearmur (arrangements d'orchestre)
- John Metcalffe (arrangements et direction d'orchestre)
- New Blood Orchestra


1. Panopticom
2. The Court
3. Playing For Time
4. I/o
5. Four Kinds Of Horses
6. Road To Joy
7. So Much
8. Olive Tree
9. Love Can Heal
10. This Is Home
11. And Still
12. Live And Let Live



             



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