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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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Peter GABRIEL - Iii (1980)
Par MARCO STIVELL le 2 Janvier 2012          Consultée 10822 fois

Peter GABRIEL a changé. Il ne s’est écoulé qu’un an et demi depuis la tournée de son deuxième album, et le chanteur semble avoir de nouveau bien évolué. La raison ? Sans aucun doute sa (re?)découverte des musiques traditionnelles (pas encore) dites "du monde", notamment pour la puissance des rythmes… Son instinct de batteur se réveille alors, notez qu'il n'a pas touché cet instrument depuis la fin des années 60, et surtout depuis qu'un certain Phil Collins s'était présenté sur son chemin. Non pas qu'il décidera de repasser derrière les marmites, mais son talent de compositeur le poussera à écrire de plus en plus pour la rythmique et de moins en moins pour les guitares. Robert Fripp, le "mentor" du deuxième album sera de ce fait le musicien le plus touché par rapport à ce remaniement. C'est à ce moment-là que Peter cesse d'être un chanteur typiquement britannique, et qui va s'ouvrir en grand au reste du monde.

Ce troisième album n’avait au départ pas de nom, comme les précédents, ce qui prouve bien que Peter se cherche toujours. L'oeuvre a été au fil du temps renommée communément Melt, au grand plaisir des fans et en parfait accord avec la mythique pochette.

Le premier grand changement vient donc de la batterie. Il y a bien sûr pour cela l’excellent Jerry Marotta, mais c’est avant tout la présence du précité Phil Collins qui est ici remarquable et déterminante. Outre l'entente évidente entre Peter et lui, c'est sûrement ce désir de retour aux sources qui a motivé le chanteur à réengager son ex-comparse de Genesis. Notez bien là encore que les deux morceaux où officie Phil sont placés au tout début de l'oeuvre. Pour ce son si particulier, il a suffi de détendre un peu les peaux de l’instrument, et le tour est joué. Les cymbales sont supprimées, et le batteur martèle plus que jamais ("No Self-Control", ou même "Intruder", dont le pattern prouve une fois de plus combien simplicité rime avec efficacité). Peter aura dû aussi apprécier les escapades du batteur dans le jazz-rock, puisqu'il pioche pas mal dans le Brand X d’alors, avec John Giblin à la basse pour quasiment tout le disque et Morris Pert aux percussions à lamelles (ah, ce solo dissonnant sur "Intruder" !).

Côté chansons, là aussi mine de rien, Peter sait de plus en plus ce qu’il veut. On reste en terrain connu avec par exemple "And Through the Wire", morceau rock simpliste gorgé de synthés et de guitares bien affutées (Paul Weller de Jam en invité), c'est typique de l'album précédent. Mais ce troisième album a aussi sa dose d’expérimentations comme "Start", petit duo sax alto / synthés en introduction à "I Don't Remember", et "Lead a Normal Life", mené par des mélodies de piano et marimba répétitives et ponctué d’interludes bizarroïdes. Peter a à son tour visiblement dû apprécier de faire l'acquisition d'un piano CP-70. Il y a encore des nouveautés comme le sautillant "Not One of Us", "I Don’t Remember" (le hit barré dans toute sa splendeur, où Robert Fripp laisse sa dernière empreinte). "Family Snapshot" reste l'une des plus belles chansons écrites par Peter durant toute sa carrière, grâce à sa magnifique alternance début calme / envolée rock / accalmie (Peter qui chante quasiment seul avec une basse, j'en ai des frissons).

Si l'inquiétant "Intruder" est sans conteste l'un des piliers de l'album qui annonce quelque peu la couleur des prochains albums, "Games Without Frontiers", n'est pas en reste. Ce tube à la rythmique "tribale" est le premier duo Peter / Kate Bush, même si celle-ci se limite encore aux choeurs. Il n'est guère étonnant que l'équivalent féminin du Gab' dans le milieu populaire soit de la partie, pour un disque aussi important (on l'entend aussi un peu sur "No Self-Control"). Enfin "Biko", dédié au Steven du même nom et hymne anti-apartheid, comment l'éviter ? Les fausses cornemuses de Larry Fast s’y mélangent superbement avec les percussions africaines ou équivalentes. Ce titre va particulièrement asseoir la réputation de Peter et prouve de manière concrète son attachement désormais grandissant et définitif aux peuples du "tiers-monde".

III, ou Melt est, à défaut de figurer tel un chef-d'oeuvre (pour la totalité), un disque essentiel à plus d’un titre, pour Peter et pour la musique en général. Certains l’ont considéré comme l’un des précurseurs du genre hardcore, ce qui n’est pas faux dans la mesure du travail effectué sur certaines ambiances, mais aussi sur les instruments : guitares -arrivée de David Rhodes à qui Robert Fripp passe la main, présence du Dave Gregory d’XTC et de Paul Weller-, voix et crissements, ou même saxophone grinçant ("Lead a Normal Life")… Steve Lilywhite (producteur d’XTC, plus tard U2) et maître Larry Fast n’y sont évidemment pas étrangers. Cet album peut surprendre, déconcerter aux premières écoutes (et encore, le pire reste à venir à ce niveau-là), mais est à découvrir, ne serait-ce que pour "Intruder", "Family Snapshot", ou encore "Biko" dont cette version peut se vanter d'être l'originale.

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   MARCO STIVELL

 
   DAVID

 
   (2 chroniques)



- Peter Gabriel (chant, claviers)
- Jerry Marotta (batterie)
- John Giblin (basse)
- Larry Fast (synthés)
- David Rhodes (guitare)
- Phil Collins (batterie)


1. Intruder
2. No Self Control
3. Start
4. I Don't Remember
5. Family Snapshot
6. And Through The Wire
7. Games Without Frontiers
8. Not One Of Us
9. Lead A Normal Life
10. Biko



             



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