« Gniiiiiiiiiiiiiiii, Wouhouhouhouh, Graaaaaiiiiiiiiiinnng, Weeeeeng, Tching. »

« Woh ! Mes oreilles saiiiigneuh moins ! »

Miracle, exploit, coup de génie ! L’EP débute par le seul vrai remix du Ventolin original (le « Salbutamol Mix », pour mémoire) : le « Wheeze Mix ». Oui c’est compliqué, tous ces mix s’imbriquent et se confondent, surtout que sur douze versions de Ventolin, dix n’ont strictement rien à voir avec l’original. Alors ne retenez qu’une chose : le « Wheeze Mix » transforme le crapaud en prince charmant, c’est juré. Grâce à quelques artifices hérités d’un double album d’Ambient encore tout frais à l’époque, APHEX TWIN rend l’insupportable supportable, vos oreilles peuvent dire merci au monsieur.

Cependant, Ventolin (The Remixes), ce n’est pas que l’histoire d’une métamorphose miraculeuse. C’est aussi le récit émouvant de trois vieux amis qui, main dans la main, œuvrent pour un EP plus grand, plus fort, plus beau. Richard D. JAMES, dont la liste des fréquentations recouvre une foule impressionnante d’artistes frappadingues, accueille sur cet EP Luke VIBERT et Chris JEFFS alias CYLOB, deux camarades du label Rephlex. Le premier nous offre avec le « Deep Gong Mix » une œuvre inhabituelle, qui tient plus du Breakbeat que de l’IDM. Ce qui ne l’empêche pas, soit dit en passant, de traîner en longueur. Le second, CYLOB, évolue dans un registre plus familier. Une mélodie ciselée avec le plus grand soin se superpose à une boucle rythmique pas trop agressive, dans la plus pure tradition Twinienne.

Puisque l’on en vient à parler de tradition, autant mentionner le cas du « Probus Mix ». L’ombre du Selected Ambient Works 85-92 (encore lui !) plane sur ce petit bijou mélodique. L’ambiance aquatique, le rythme apaisant, les sonorités acides, tout y est. Ventolin (The Remixes) lorgne aussi parfois du côté de la collaboration avec Mike Paradinas, le très étrange Expert Knob Twiddlers (voir MIKE & RICH), notamment sur le « Carharrack Mix ».

A cheval entre deux périodes, Ventolin (The Remixes) résume bien la problématique qui s’offre à Richard D. JAMES en 1995. Les mélodies aériennes se confondent avec un nouvel apport rythmique, plus complexe, moins froid, pour une raveolution IDM toute en douceur.


Note pour le collectionneur : depuis quelques temps, acquérir les deux Ventolin est devenu un joyeux bordel. En cause une réédition de l’EP Ventolin qui reprend la pochette de Ventolin (The Remixes). Pour savoir qui est qui, il suffit de demander au vendeur quel numéro de série est inscrit sur le disque en lui-même, et non sur le boîtier. WAP60CD : c’est le Ventolin ; WAP60CDR : c’est le Ventolin (The Remixes). Etre fan d’APHEX TWIN est un combat quotidien.