Bel hommage aux BEASTIE BOYS que ce Computer Controlled Acoustic Instruments Part 2 qui sort sans son Part 1. Le trio de rappeurs new-yorkais avait fait le même coup en 2011 avec leur dernier album Hot Sauce Committee. Cette intro s’autodétruira dans quelques mois quand Richard D. JAMES aura sorti la première partie sous le pseudo de Nicole Kidman (Moulin Rouge, c’était déjà lui !).

En attendant que le rouquin se transforme en rouquine, prenons la mesure de son tout dernier EP, qui rappelle les pitreries acousmatiques de l’album Druqks. APHEX TWIN reprend ses expérimentations là où il les avait laissées, en penchant encore un peu plus vers la musique concrète. L’ordinateur sert ici de chef d’orchestre et d’interprète à une escouade d’instruments acoustiques qui lui sont reliés. Rien de bien révolutionnaire donc, mais un travail intéressant sur les textures et sur l’identité sonore de chaque instrument.

De manière assez étrange, dans cette alternance de titres très courts et de pièces plus conséquentes, ce sont des rythmiques hip-hop qui constituent l’ossature de l’album. « Diskhat ALL prepared1mixed 13 », « diskhat1 » et « hat5c 0001 rec-4 » partagent tous les trois un nom à coucher dehors, une ambiance glauque, et des rythmes que n’auraient pas reniés les BEASTIE BOYS (encore eux). L’EP dans son ensemble donne l’impression de se balader dans un magasin d’antiquités qui aurait soudain pris vie (je vois Ben Stiller dans le rôle principal). Les portes d’armoires claquent, les armures cliquettent et les lustres carillonnent…

Malgré son côté fourre-tout et expérimental, Computer Controlled Acoustic Instruments est plutôt cohérent. Richard D. JAMES insiste sur le côté ludique de son laboratoire musical, en brouillant les pistes quant à l’identité de chaque instrument. « DISKPREPT1 » en est la parfaite illustration, avec ses percussions intrigantes et ses sons inidentifiables. Ce morceau réserve d’ailleurs de vrais moments de grâce après un début un peu pataud. A l’image de « piano un10 it happened », où APHEX TWIN nous refait le coup du piano préparé mélancolique… et ça marche !

Ni génial, ni raté, Computer Controlled Acoustic Instruments Part 2 est une pierre bigarrée de plus à caller quelque part au sein de l’édifice incertain que constitue la discographie de Richard D. James. On y trouve de bonnes idées avortées, des instants d’une beauté fragile et des titres incompréhensibles. Tout ce que l’on peut attendre d’un bon EP du DJ cornouaillais, en somme.