Sorti pile poil 20 ans après son premier album studio, Vultures 1 est le premier projet collaboratif de Kanye WEST qui s’associe au rappeur californien Ty DOLLA $IGN à l'occasion d'une trilogie musicale que le duo stylise sous le nom ¥$. Au revoir l'ambiance religieuse qui dominait clairement ses deux derniers disques, Kanye est reparti pour un tour de hip-hop et sa nouvelle esthétique qui consiste à montrer le boule de sa femme Bianca à la face du monde.

En plus d’hyper-sexualiser sa femme sans raison, l’actu de Kanye n’a franchement pas été belle : on se souvient de ses opinions politiques qui ont défrayé la chronique, mais c’est surtout ses commentaires antisémites des deux dernières années qui ont fait déborder le vase. Le rappeur se revendique ouvertement nazi, idolâtre le dirigeant du Troisième Reich et dénie la Shoah. De quoi desservir son image publique désormais au plus bas puisque les marques avec qui il collaborait et qui faisaient sa fortune l’abandonnent. Il lâche bien quelques vagues excuses sur Twitter, tout ça pour revenir tout de même avec cet album sorti en février 2024 dans lequel il repart pourtant de plus belle avec le même genre de commentaires.

Difficile donc de séparer la musique, les paroles et l’artiste, même si l’album débute sur la mise en bouche "Stars" au beat lent et atmosphérique, le texte reste la preuve du problème. Restons cool et essayons de trouver du positif : peut-être "Keys To My Heart", produite par TIMBALAND, où il revient sur sa relation avec Kim Kardashian ; ou alors les beats plus rythmés de "Paid" ou de "Back To Me" dont le refrain plutôt sympa de Ty DOLLA $IGN sur ce dernier.

Pour le reste, il faut vraiment gratter car le niveau est au ras des pâquerettes : avec Playboi CARTI et Travis SCOTT sur le beat trap de "Fuk Sumn", dans les titres "Problematic" et "Beg Forgiveness", l’instru stagnante de "Good (Don’t Die)" ou encore le single "Talking/Once Again" sur lequel sa fille North WEST balance son premier rap. "Paperwork" quant à lui est inintéressant en tout point, alors qu’on retrouve tout de même des sonorités hip-hop et R&B plus sympas sur "Do It ", "Burn" et "King".

Sinon, la suite est carrément merdique, soyons clairs : le répétitif et usant "Hoodrat" que la batterie agressive ne parvient même pas à secourir, la chanson titre aux propos haineux, ou encore le single "Carnival" dans lequel Ye se compare à Bill Cosby et R. KELLY… franchement passez votre chemin. Vous remarquerez que si on ne parle pas vraiment de Ty DOLLA $IGN, c’est qu’il n’y a pas grand-chose à en dire de plus ; WEST prend toute la place avec ses conneries de rageux mégalo.

Difficile donc d’outrepasser les faits, d’extraire les quelques sons qui ne font pas saigner les oreilles et d’oublier l’heure d’écoute avariée que Kanye WEST et Ty DOLLA $IGN nous livrent sur cet opus. C’est à se demander comment on a pu passer du génie de The College Dropout à un album comme Vultures 1, vingt ans ont passé et je ne suis personnellement pas sûre que Kanye puisse s’en relever.