Si Kanye WEST est un sacré loufoque qui veut faire croire qu'il est idiot dans les médias pour les faire parler, je reste intimement persuadé que derrière cette carapace se cache un mec intelligent et bigrement doué. Les preuves sont là : The College Dropout est une petite bombe qui se classe facilement parmi les meilleures productions de sa décennie. Les beats soul caractéristiques du rappeur y sont exploités à fond et il en résulte des morceaux d'exception. Après cette pépite, on est donc en mesure d'attendre de la grande production, et c'est – presque – ce que nous donne Kanye WEST avec Late Registration.

Ce qui impressionne chez lui, c'est qu'il impose le respect avec des titres qui pourraient paraître commerciaux – et qui le sont, hein – mais qui sont tellement bien foutus que cela créé des tubes furieux. On pense notamment au remix de "Diamonds From Sierra Leone" qui était à la base le générique du film James Bond Les Diamants sont éternels. Reprise fort bien orchestrée avec son compère JAY-Z qui n'a plus rien à prouver dans son métier, qui force le silence et l'admiration avec sa simple voix et quelques mots.
Mais bien entendu, le gros tube de cet album, c'est la reprise tonitruante de "I've got a Woman" de Ray Charles à la sauce Kanye WEST. Ça donne "Gold Digger", en duo avec Jamie FOXX – à l'époque remarqué pour son rôle dans le film Ray, quelle coincidence troublante ! Ici, le but n'est pas de faire une pâle copie du morceau mythique de Ray Charles mais bel et bien d'en faire une reprise au format hip-hop. Challenge réussi pour ce titre efficace au possible, encore largement écouté aujourd'hui car, on ne va pas se le cacher, il est excellent.

Hormis ces deux reprises/tubes remarquées de l'album, tout le reste est calibré et extrêmement bien troussé. Passons par un "Touch the Sky" à l'instru totalement sublime qui défie les lois du hip-hop avec ses beats fournis en instruments. Kanye WEST, quand à lui, n'a rien à prouver. Il maitrise le rap à la perfection, joue avec sa voix et ses intonations. Les bons moments s'enchaînent, on remarque la prestation de qualité de son pote COMMON sur "My Way Home", ou encore sur le titre suivant l'apparition du rappeur plus sulfureux GAME sur "Crack Music", titre un poil moins accrocheur mais bien foutu quand même. Même le rappeur NAS montre son bec sur "We Major", bon morceau à l'instru quelque peu troublante mais correcte.
"Roses" apparaît comme une évidence dans l'album : simple et efficace, toujours teinté de soul comme notre rappeur aime. Je ne parle même pas de "Hey Mama", troublant de justesse, qui m'a totalement transporté, et encore moins de "Celebration" qui selon moi aurait dû achever l'album par la magie qu'il dégage.

Mais attention, loin de moi l'idée de dire que la suite est moins bonne. "Gone" est un morceau excellent, dans la continuité de l'album et vraiment agréable à écouter. Seule la redite de "Diamonds From Sierra Leone" paraît clairement dispensable car la piste cachée "Late" est elle aussi une petite pépite dans son genre.

Les critiques sont unanimes : comme son prédécesseur, cet album a reçu les louanges de presque tous les médias possibles, ce qui après plusieurs écoutes est totalement compréhensible. On se retrouve face au second – et dernier, hum – chef-d'oeuvre de Kanye WEST. Pas une fausse note ou presque. On dénote un album un poil plus commercial que son grand frère et un peu plus prévisible, ce qui abaisse la note à 4,5 – et donc 4, cruel sort ! – mais qui ne réduit surtout pas ses qualités. C'est un album à conseiller à tous les fans de soul qui veulent se pencher sur le hip-hop. Et aussi à tous ceux qui ont un esprit ouvert.