Bon, là, ça commence à bien faire. Toujours la même variété instrumentale insipide, les mêmes mélodies simplistes, le même néo-classicisme lourdingue. Certes, l’enrobage change. Après les chœurs de Space Opera (*tousse*), l’Eurodance de Best Of (*tousse*) et les arrangements symphoniques (*tousse*) de Symphonic (*tousse*) Space Dream, voici cet ultime album qui fait un peu figure de bilan, voire de fourre-tout. Un peu de chœurs par-ci ("On The Moon"), un peu de violons par-là ("Fishing The Stars"), une bonne louchée de rythmiques electro en toc. Mais From Earth To Mars est également caractérisé par la participation accrue de Yann Benoist (présent depuis Paris France Transit, presque sans discontinuer) à la guitare et Marc Hazon (découvert avec Space Magic Concerts) à la batterie. Une vraie batterie, cette fois, une première en studio depuis Paris France Transit! Un assemblage hétéroclite donc, mais bon, tant que l’inspiration n’y est pas, il ne peut pas advenir grand-chose de mémorable.

Je redoutais sérieusement From Earth To Mars. Ayant enduré les Variations of Supernature* (2010) et Déjà Vu (2015) de Giorgio MORODER, je me préparais tant bien que mal à une torture auditive. Si mes premières impressions furent effectivement très douloureuses, finalement cet album reste globalement soutenable, pas moins que Symphonic Space Dream, mais tout de même crucifié par trois horreurs: un morceau-titre aussi assommant et débilitant que "Dancing In Space" (2002), l’ignoble "After All", chanson à l’Autotune pernicieux qui de sa gluance et de sa balourdise semble distordre le temps pour notre plus grand malheur, et un effroyable remix de "Back To The Nature", l’autre chanson de l’album. Terrible.

Pour le reste, c’est écoutable. C’est nul mais écoutable. Parmi les incongruités, on peut citer "Ballad For Papoune" et "On The Moon" qui présentent de gonflantes et factices montées dramatiques à grand renfort de guitare et de batterie réverbérée − avec supplément chœurs synthétiques sur "Ballad For Papoune". "Back To The Nature", voyant le retour de la chanteuse Madeline Bell, est une énième chanson post-Disco sans saveur, mais pointent d’étranges glitches du chant dans les aigus, qui puent le traitement informatique. Didier MAROUANI nous avait déjà fait le coup de la revisite de vieux morceaux en studio avec Space Magic Concerts et Symphonic Space Dream (Best Of est un cas à part). Le voilà qui récidive avec cette version vaseuse au possible du déjà très médiocre "Baby’s Paradise". L’album se conclut pathétiquement sur "Message Of Peace From Earth To Mars", court extrait du morceau-titre sur lequel Jean-Claude Arnaud (1931-2011), ancien membre de la Comédie-Française, déclame un bref mais éprouvant texte, sorte de discours de paix totalement niais et téléphoné.

Étrangement, l’édition physique de cet album, uniquement publiée en Russie, contient un deuxième CD compilant trois anciens morceaux du groupe tels quels ainsi que trois clips. Pour finir, signalons l’existence d’un single, "Gagarine Hourra!", performé pour la première fois en concert le 13 avril 2011 avec le conclurs des Chœurs de l’Armée Rouge au Palais du Kremlin à l’occasion des 50 ans de la première expédition spatiale de Youri Gagarine, dont on entend la voix dans la chanson. Pas pire que From Earth To Mars, au moins est-ce moins ringard et mieux produit.

0 sur 5

* C’est même le premier album de CERRONE que, dans un élan de voyeurisme musical malsain, j’ai écouté.