PARIS FRANCE TRANSIT n'est autre qu'une nouvelle incarnation de SPACE, ou plutôt un nouvel embranchement, après le départ de Jannick TOP et de Roland ROMANELLI. Depuis Just Blue (1978), Didier MAROUANI est de retour mais ne peut plus utiliser le nom SPACE pour des questions de droit. Cette nouvelle mouture voit le retour de Joe Hammer derrière les fûts (et les pads) et l'arrivée du guitariste Patrice Tison, du claviériste Denis Cottard et d'un autre bassiste emblématique de MAGMA, Bernard PAGANOTTI.

Cet album, au titre rendant explicitement hommage au meilleur album de KRAFTWERK, est un double nouveau départ pour Didier MAROUANI qui, après des expériences peu concluantes sur son album solo Seul Dans La Ville, verse franchement dans la synth-pop des années 1980. La batterie électronique Simmons succède aux pulsations Disco, les influences funk s’effacent au profit de mélodies marquées par la variété française; la ressemblance avec Jean-Michel JARRE est particulièrement frappante sur le morceau-titre et "Voices Of Jupiter" au niveau des nappes et des mélodies à la tierce. La guitare électrique fait sa première apparition majeure chez Didier MAROUANI et octroie du mordant bienvenu à plusieurs morceaux tels que "A Crime In Your Town", "Voices From Jupiter" ou "Ego".

Je ne vais pas à nouveau en faire des tartines à propos des lubies mélodiques néo-classiques de Didier MAROUANI. Disons simplement que Paris France Transit est une réussite et que certains morceaux poutrent méchamment. "Paris France" ouvre idéalement l’album avec un fluide et beau thème ternaire, porté par le séquençage qui fait facilement pardonner l’emprunt à Jean-Michel JARRE. S’ensuit "A Crime In Your Town", chanté par Yann Löseth, diablement entêtant, avec un refrain des plus réussis. Plus loin, Denis Cottard s’illustre en signant deux compositions, la ravissante ballade mélancolique "Paintings" et l’optimiste et communicatif "Ego".

"Voices Of Jupiter", moins marquant, dispense tout de même de petites mélodies pas vilaines du tout. Seul le pseudo-reggae "Souvenir From Rio", trop cliché, me semble nettement inférieur au reste de l’album. Les deux derniers morceaux emportent définitivement mon adhésion. L’enchaînement de la seconde chanson "Child" et du conclusif "Beyond Your Mind" est magistral. C’est là qu’on réalise que Didier MAROUANI n’était pas qu’un simple faiseur de tubes et de ballades. "Child" est probablement ce qu’il a composé de plus puissant, de plus galvanisant. Le refrain est à tomber par terre et sa reprise transposée et ralentie, avec le chœur d’enfants, est brillante. La power ballad "Beyond Your Mind" ne fait que confirmer cet élan d’inspiration.

Si le disque est indéniablement marqué par son époque, Didier MAROUANI s’abstient de (trop) verser dans la caricature et c’est tout à son honneur. La production de l’album reste relativement variée : les rythmiques alternent entre percussions, batterie, drums Simmons et boîtes à rythmes légères; le piano bien présent donne une belle plus-value à l’ensemble. Malgré ce changement de direction musicale, Paris France Transit est bel et bien à considérer dans la continuité des albums SPACE – mis à part le cas particulier de Deeper Zone – ce que confirmera la tournée de Didier MAROUANI et de son groupe en URSS l’année suivante.