J’aime bien les kebabs. C’est sympa de se caler ça sous la dent de temps à autre, du moment que la viande est bonne et que la sauce n’arrache pas trop la gueule. Mais je déteste les rondelles de tomates qui sont mises dedans. Ces tomates hors saison, sans aucun goût, pour 'donner du croquant', 'faire du frais dans la bouche', sont des reliquats honteux de la standardisation des goûts (certes, j’y participe avec mon histoire de kebabs, mais ça c’est pas pareil − mauvaise foi assumée). La simple vision de ces rondelles rouge pâle me donne des hauts-le-cœur (j’exagère à peine).

Eh bien avec Symphonic Space Dream, c’est à peu près pareil : un succédané de SPACE, une coquille vide. Qu’importe l’enrobage symphonique, qu’importent les arrangements vaguement technoïdes, qu’importe la participation de la chanteuse Deborah Cooper (CHANGE puis C + C MUSIC FACTORY), le problème de fond est le même depuis (alors) bientôt vingt ans avec SPACE/Didier MAROUANI : stagnation musicale, auto-parodie, recyclage, pire encore que chez Jean-Michel JARRE. La dérive dans le néant inter-musical continue.

De la stagnation musicale : flanquée du fameux parolier Paul Greedus, Deborah Cooper donne tout juste le change sur l’ersatz de soul qu’est la chanson-titre qui, malgré des tournures plaisantes, est coulé par un refrain terriblement indigent; "Rima Song", "From Angels To Raphael" (ça fait mal à lire) et "New York - Paris" sont trois ballades simplistes et dégoulinantes où l’orchestre est remarquablement sous-employé et où la guitare fait tache (pour les deux premières). De l’auto-parodie : "Start" est du sous-Just Blue et l’introductif "Oye Owa" est une écœurante contrefaçon de "Magic Fly" − c’est particulièrement criant avec les enchaînements harmoniques. Du recyclage : tiens, quand on parle du loup, voilà que "Magic Fly" et "Symphony" sont repris à la sauce symphonique, dans des versions inutiles et parasitées d’effets sonores à la gomme.
La production est racoleuse à souhait, mais l’album n’est pas insupportable, à la notable exception de l’atroce "Dancing In Space" nous assénant des voix d’enfants chantonnant le titre et un gimmick de ligne vocale synthétique ronge-nerfs. Aïe aïe aïe (sic).

Bref, un nouveau ratage, une chose sans âme, d’une lourdeur incommensurable, qui n’échappe au zéro pointé qu’avec la valeur refuge des auto-reprises et, dans une moindre mesure, la chanson-titre pas trop catastrophique.

0 ½ sur 5