Je suis un compositeur, un musicien, et mon rôle est d’aller là où l’on m’appelle, sans me mêler de politique et sans soutenir aucun régime. Et si j’ai la chance de pouvoir donner un petit peu de bonheur au public durant deux heures, c’est mon rôle d’y aller. Didier MAROUANI

Voilà, nous y sommes : vingt mois après Jean-Michel JARRE en Chine, Didier MAROUANI accomplit une tournée en Union Soviétique en juin et juillet 1983. La musique de SPACE est de renommée internationale, jusqu’en Union Soviétique où ses albums circulent au marché noir – le label Melodiya ayant encore le monopole des éditions officielles de disques – au point que l’Ambassade Soviétique à Paris invite Didier MAROUANI à rencontrer le Ministre de la Culture soviétique qui lui propose la négociation d’une tournée. Le groupe livre 21 concerts à guichet fermé à Moscou Leningrad et Kiev, réunissant au total 600000 spectateurs. Suite à cette tournée, Magic Fly est publié par Melodiya dans une version remaniée, avec "Just Blue" (1978) en lieu et place de la chanson "Carry On, Turn Me On".

En France, il en résulte ce double-album publié par Vogue. La set-list est éloquente : une moitié est dédiée à la quasi-totalité du nouvel album Paris France Transit (1982) (seul manque "Ego") ainsi que deux inédits, l’autre moitié au répertoire de SPACE, avec une préférence pour le deuxième album Deliverance avec pas moins de quatre morceaux, le cas particulier Deeper Zone (1980) étant purement et simplement oblitéré.
Passons rapidement sur les deux inédits, le très gonflant "Music From The Stars" en ouverture dont les chœurs préfigurent le futur Space Opera (1987), ainsi que "The Very Last Song", enregistré en studio et publié en single, pas bien fameux non plus. Qui plus est, "Music From The Stars" est parasité par un montage tout à fait factice, la vraie plaie des albums live : une juxtaposition indue de la présentation des musiciens et d’applaudissement grossièrement charcutés.

Les interprétations de l’album de 1982 ne s’éloignent guère des versions studio – sont rejoués sur bande les bruitages de "A Crime In Your Town" et le chœur d’enfants de "Child", entre autres. On peut tout de même apprécier la version plus nerveuse et enrichie en guitares de "Souvenir From Rio", la nouvelle transition entre "Voices From Jupiter" et "Beyond Your Mind". Par contre, le chant de Yann Löseth sur "Child" est un peu gauche et "A Crime In Your Town" est une pure copie carbone.
Plus intéressantes sont les versions des anciens morceaux de SPACE, revus et corrigés par PARIS FRANCE TRANSIT, pour un résultat avantageusement homogène (y compris avec l’autre moitié plus récente), qui gomme la crudité de Deliverance (1977) − même si on y trouve encore davantage de piano qu’ailleurs − et les boursoufflures de Just Blue (1978) − quoique nous devons nous farcir tels quels les chœurs ridicules de "Just Blue". Ça n’enlève cependant rien à l’indigence de "Let Me Know The Wonder".

La production est très correcte, même si ça ne va pas durer, cf. Années Laser (1984), l’affreux album solo de Didier MAROUANI. Un album live loin d’être indispensable, à l’intérêt avant tout historique. On peut éventuellement l’écouter par souci d’exhaustivité ou pour les nouvelles versions de certains morceaux. Éviter cependant les versions CD qui font l’impasse sur "Souvenir From Rio" et "Paintings".
C’est la deuxième et dernière parution de PARIS FRANCE TRANSIT dont les membres se dispersent ensuite, avec peu d’albums à la clé : Denis Cottard commet l’album Zoulou (1984) avec Guy BOULANGER ; beaucoup plus tard, Dominique Perrier refonde son groupe SPACE ART. SPACE subsiste par la suite sous la forme d’un one-man band de Didier MAROUANI, avec moult invités.

2 ½ sur 5