Cette première moitié de 2017 nous a proposé déjà quelques albums élégants et de belle tenue puisque le féminin a son importance, par exemple la nouvelle Imelda MAY ou le dernier TEXAS. Ceux-ci nous avaient déjà bien convaincus avec leur effort précédent, The Conversation (2013), au style pop-rock alternatif dans la lignée de Southside (1989).

Jump on Board se rapproche mieux de White on Blonde (1997) et d'autres, une empreinte soft qui a déjà fait ses preuves et qui sied bien au groupe écossais, bien que celui-ci a souvent du mal à proposer un album convaincant sur la longueur. Au moins, avec dix chansons d'une moyenne de trois minutes, on ne prend pas trop de risques !

Une durée vinyle pour un disque frais et sympathique, parfait pour aborder l'été et même rafraîchir un peu l'atmosphère, vu le soleil mordant. La voix de Sharleen Spiteri ne perd rien de sa superbe, suave et caressante au possible, les choeurs arrivent souvent à-propos.

Le seul et unique thème reste celui de l'amour, distillé de façon différente et on peut remarquer avec amusement l'effet miroir des deux premiers titres. Sur le single principal, "Let's Work It Out", le texte défend les relations volages parce que la vie est trop courte etc. Y-aurait-il un clin d'oeil aux jeunes générations qui cultivent l'éphémère et ne veulent pas s'attacher ? Juste après, dans "Can't Control", Sharleen est au contraire passionnée d'amour et vit mal d'être rejetée.

C'est de la pop gentille et bien taillée, à tendance soul, funk, disco un peu et électro également. Le chant de "Can't Control" est sobrement auto-tuné afin de donner une couleur, et non pas pour susciter le dégoût. En tout cas, ces chansons méritent de porter l'album assez haut dans les charts et non pas seulement parce qu'il s'agit du nouveau TEXAS.

En matière de texte amoureux, "Sending a Message" est tout bonnement ensorceleuse, dans une ambiance Californie psychédélique, guitares slide et baryton à l'avenant. Dans un ton similaire, en plus groovy, "For Everything" fonctionne également très bien. Excellente basse au début, pendant que la guitare joue funky. "Rien ne changera, je t'aimerai toujours" chante Sharleen. C'est simple, ça fonctionne.

L'absence quasi-totale de nervosité peut nuire à l'attention de l'auditeur, sauf s'il se satisfait de l'homogénéité. Si l'on voulait chipoter un peu, on pourrait mettre un bémol sur "Great Romances" et son rythme sixties, et surtout pour "Won't Let You Down", chanson un brin plus amicale et jolie ballade en soi mais qui s'étire un peu trop sur le final. Les refrains restent basiques et les arrangements discrets, un choix sans doute. Néanmoins, c'est à double tranchant.

Il reste de très bonnes chansons cachées comme "Tell That Girl", seul titre à faire ressortir la batterie et les guitares rock, sur fond de synthés vintage. La fin du disque est particulièrement réussie avec un "Midnight" envoûtant et le funk rêveur de "Round the World". Ce sont les meilleurs rapports couplets-refrains de l'ensemble et les arrangements les plus denses : les choeurs flottent sur les claviers de Michael Bannister.

Bref, rien de révolutionnaire, mais de l'agréable et du positif !