On a déjà pu dire que TEXAS, passé l'an 2000, n'est plus vraiment un groupe. La structure est pourtant bien là, ils ont même recruté un nouveau guitariste supplémentaire en la personne de Tony McGovern. En revanche, le nouveau paru en 2003, Careful What You Wish For, est le dernier avec le claviériste des débuts, Eddie Campbell. Et pour autre constatation assez symptomatique, l'artwork (non seulement la pochette) est très axé sur Sharleen Spiteri. L'album est produit par le bassiste Johnny McElhone, avec quelques participations selon les intervenants à tel ou tel morceau. Il co-écrit la plupart des titres avec Sharleen Spiteri, même si l'on note pour deux ou trois d'entre eux le concours là aussi extérieur d'un certain Guy Chambers, producteur doré de Robbie WILLIAMS.

Le dernier titre un peu collectif, Campbell étant compris dans le processus, s'avère être le premier de l'album, "Telephone X". On entend la célèbre tonalité de quand on appelle quelqu'un avant qu'il ne décroche, puis un shuffle sexy aux sonorités rock se met en place avec une rythmique impeccable, une guitare brillante, Sharleen très sensuelle dont la voix sonne comme si elle était au bout du fil. Assez efficace, très limpide, ce morceau enthousiasmant comporte un très bon pont avec orgue et batterie tribale. Une réussite franche, sans surprise puisqu'avec McElhone, un certain monsieur Trevor Horn (BUGGLES, YES, producteur divin plutôt que seulement doré, lui) gère la moitié du son.

En revanche, dès que Guy Chambers s'en mêle, ça se gâte, pas méchamment certes. Sont concernés les titres suivants, "Broken" sautillant où Sharleen surjoue la complainte, à la fois cool et un peu forcé, ainsi que "I'll See It Through", valse slow garnie de cordes, jolie, légère, mais sans plus.
En revanche, entre les deux, il y a "Carnival Girl" qui est tout simplement une nouvelle tentative de TEXAS pour refaire le coup de "Say What You Want" dans sa version mi-pop mi-rap. Pour cela, il y a le Canadien KARDINAL OFFISHALL avec son flow teinté de raggamuffin, et malgré une Sharleen toute sucrée pour le refrain, cela donne un moment dont on se passerait bien.

Chose difficilement pardonnable, TEXAS qui a tout de même attendu cinq ans pour cela, s'est vraiment adonné au rap, tentant de concilier deux genres certes pas antinomiques (pour preuve, le nu-metal en vogue). Deux autres titres en sont perclus : "Place in My World" avec DOLOMITE ainsi que le court "Carousel Dub" avec SUNCYCLE. Malgré le ton folk groovy de cette dernière, façon "Walk on the Wild Side" de Lou REED et cet orgue-Mellotron qui se balade, malgré le caractère plus électro de la première (il n'y a pratiquement que des boîtes à rythmes sur ce disque, comme sur le précédent), c'est proprement indigent. Et trois titres sur douze, c'est beaucoup. Un seul ("Carnival Girl") sera publié en single et ce sera le tube unique de TEXAS en 2003.

Outre les titres passe-partout déjà mentionnés avant que les sports-wears/chaînes en or ne déboulent, il y a cette resucée ayant pour titre "And I Dream", electro-groove plus ou moins efficace dans la lignée de "Summer Son", inférieure bien entendu. "Another Day", ballade country de clôture, parvient à être suffisamment épique, grâce à des sons de sax et une petite ligne de piano, la dernière par Campbell. La pop bubblegum de "Careful What You Wish For", avec encore piano conducteur et une belle anatole andalouse pour les accords choisis, n'a pas de quoi faire date pour autant.

En revanche, "Big Sleep", claire et paisible, au son chaud est déjà bien plus intéressante que la plupart de ces titres (sauf "Telephone X"). "Where Did You Sleep?", rock tendance indé très accrocheur et illustrant bien la pochette, avec la patte Chambers encore mais pour du bon cette fois, nous fait renouer avec le meilleur de TEXAS pour pareil genre, avec une bonne alternance entre couplets brumeux et refrains épiques. Il serait le meilleur morceau au-delà du seul tout premier de l'album, s'il n'y avait encore et un peu plus loin le tout aussi excellent "Under Your Skin", jouant sur le même registre, rythmique plus libérée que jamais, mélodie si plaisante, pont musclé...

Voilà donc, en trois-quatre titres, ce qu'aurait bien mérité d'être Careful What You Wish For, un album rock inspiré d'un groupe soudé, plutôt qu'une pochette trompeuse qui renferme un ensemble vanté comme diversifié mais ne sachant en réalité par trop où nous amener. Et ce choix de single premier avec un rappeur, c'est presque rageant que ça ait marché, à moins que ce ne soit le fait de fans non pas de TEXAS, juste curieux d'entendre réunis le rappeur Canadien avec eux.

Un seul single ensuite derrière, "I'll See It Through", fait un flop et les agents de Mercury, la maison de disques, renvoient vite le groupe en studio pour enregistrer un nouvel effort d'envergure et surtout tenter de relever la tête ! Il est vrai que dans le cas de cet album qui nous occupe, Careful What You Wish For, deux seuls disques d'or à la clef (en Grande-Bretagne et en Suisse), c'est peu. Pour le niveau artistique global, c'est encore trop. Et puis Sharleen, cela suffit de fantasmer sur les rappeurs, tous 'vré z'hommes' qu'ils sont !