Après plusieurs années de silence, une carrière solo pour Sharleen Spiteri qui ressemble à une parenthèse plus qu'autre chose et quelques soucis divers comme le guitariste Ally McErlaine subissant un anévrisme cérébral (dont seuls 20 % des cas parviennent à réchapper), il était temps pour TEXAS soit de laisser le passé au passé, soit de se reformer. Tout le monde revient donc, même Eddie Campbell, en cette année 2013 pour un The Conversation au bas mot enthousiasmant.

Le tempo sautillant du morceau-titre avec sa guitare électrique en slide, l'effet dense et épique témoignent presque d'une envie de revenir aux sources, au son des débuts du groupe, vingt-cinq années plus tôt. En tout cas, malgré le rap léger de Sharleen, c'est une introduction assez classe, inattendue et choisie comme premier single du projet. Un titre d'une portée épique, de quoi espérer que la surprise demeure et que l'album reste au même niveau.

L'autre single est "Detroit City", ouvert par une basse-synthé rythmique pour un esprit 'trucker'/routier là encore, avec de grosses guitares, lui aussi tout à fait digne de Southside etc. On aime cette fraîcheur et ce mordant qui ne mentent guère, contrairement à certain album paru dix années plus tôt, et puis la chanteuse y met tant de c(h)oeur(s) à la fin que le sentiment de jubiler n'est pas incongru.

En prime, si vous ne l'aviez point remarquée, la batterie fait son grand retour sur un album de TEXAS et bon sang, que ça fait du bien ! Le préposé se nomme Ross McFarlane, autrefois batteur d'un groupe appelé STILTSKIN qui avait connu un succès éphémère en 1994-95. The Conversation, l'album, est produit par Johnny McElhone selon la tradition, un seul titre s'échappant du principe, à savoir "Big World", autre titre qui retient l'attention, un peu à part dans cette carrière et fort réjouissant ! Le producteur en est Bernard Butler, ancien guitariste du groupe SUEDE.

Peut-être l'influence extérieure aide-t-elle l'album à figurer sous un beau jour ? En tout cas, on remarque dans le songwriting la présence récurrente de Karen Overton (connue pour son single "You Loving Arms", 2005, dans un style pop-trance) ainsi que de Richard Hawley qui a accompagné pas mal de grands noms de la brit-pop. L'album possède un son chaud, avec pas mal de détails de fond qui donnent plaisir à l'écoute attentive.

"Dry Your Eyes" fait renouer le groupe avec la pop californienne simple et efficace, avec une voix sensuelle et une guitare western, tandis que juste derrière, "If This Isn't Real", poursuit dans la même ambiance en plus dreamy, claviers doux et choeurs 'waouh waouh' à l'appui, du plus bel effet. Idem de "Talk About Love", avec un côté plus bubblegum que vient contredire une pluie de guitare saturée en guise de pont.

Les deux accalmies folk - mais pas avec des guitares acoustiques -, "Maybe I" et "I Will Always", offrent des trois temps pépères et se font écho ; Sharleen y apparaît langoureuse mais aussi plus rauque, crooneuse, faisant un peu plus son âge. Après une ou deux escapades 60's-Motown en milieu d'album, The Conversation déroule encore ses petits bonheurs jusqu'au conclusif "I Need Time" dans la veine des précités avec des éléments country supplémentaires.

Bien que répétitive, voilà une jolie ballade crépusculaire, prolongée – pour le thème choisi – par le titre bonus proposé sur iTunes, "Where Do You Go", en piano-voix d'abord, où les cordes résonnent mieux qu'ailleurs sur le disque, et où se font entendre quelques ruptures rythmiques inédites. À écouter, tout comme les extraits live du CD bonus, enregistrés en Ecosse, malgré un son 'bootleg' là par contre, et qui témoignent de la cohésion retrouvée du groupe, d'une belle vigueur ! Drôle d'idée néanmoins d'enchaîner ainsi dix titres 'cadeaux' au lieu de proposer un vrai live à part. Autre preuve d'un retour à l'avenant, The Conversation est très bien accueilli un peu partout en Europe, Grande-Bretagne mais aussi Suisse, Belgique, France...