Cela fait déjà plus de 35 ans que le groupe TEXAS existe. Et, il faut le noter, avec une stabilité assez forte, puisque trois des membres initiaux (Sharleen Spiteri, Ally McErlaine, Johnny McElhone) sont toujours présents alors que sort leur dixième album, le premier depuis Jump on Board (2017). En prélude à cette sortie, le groupe a annoncé qu’il fallait s’attendre à des changements, en indiquant qu’à cette occasion il a abordé les choses de manière différentes, en s’essayant à "différents genres", et qu’il faut donc anticiper un disque varié.

Le single "Hi", qui précède la sortie de l’album du même nom, avait tendance à conforter ces déclarations. Il s’agit en effet d’une collaboration avec le WU-TANG CLAN, qui apporte une touche de Rap au Rock habituellement pratiqué par les écossais. Et si nous ne sommes pas en terrain totalement inconnu puisque TEXAS avait déjà collaboré avec le groupe en 1997 sur le single "Say What You Want", ainsi que lors de la cérémonie des BRIT Awards de 1998, il faut reconnaître que le groupe s’aventure dans des univers qui ne lui sont pas habituels.

Mais l’écoute de l’album nous invite à modérer ce jugement, car de manière générale, il ne faut pas s’attendre à être renversé par les prises de risque et les contre pieds du groupe. A l’exception de cette petite digression, l’ensemble est assez convenu et surtout, terriblement mou du genou. Les mélodies manquent cruellement de relief, et le chant de puissance. Le Rock original de TEXAS, déjà relativement tempéré, est devenu une Pop mielleuse et douceâtre. Sans aller jusqu'à utiliser le terme de "fade", il y a lieu de reconnaître que les quatorze titres qui composent cet album défilent indolemment sans trop nous bousculer.

C’est très propre, bien interprété, facile d’accès, mais rares sont les morceaux qui sortent du lot et provoquent une petite chair de poule. Parmi ceux-ci, on peut citer "Just Want To Be liked", qui bénéficie d’un rythme un peu plus enlevé que la moyenne et d’une trompette qui apporte une petite touche "mariachi".
Le plus langoureux et dépouillé "Unbelievable", tient également bien la route. Et ce, même si le groupe ne peut s’empêcher d’ajouter des arrangements inutiles (chœurs lointains, nappes de clavier en fond sonore…), au risque d’affadir son propos.

Le plus primesautier "Moonstar", fait également partie des bons moments, au même titre que "Had To Leave" et ses faux airs d’ABBA. Enfin, il ne manque pas grand-chose à "Falling" et "Look What You’ve Done" pour que TEXAS ajoute de nouveaux tube à son catalogue. Il en va de même avec la version « Rock » du single "Hi", qui est donc proposé en deux versions sur l’album, l’une avec des refrains interprétés par le WU-TANG CLAN et l’autre sans ces ajouts. Au total, cela fait presque la moitié des morceaux qui se tiennent très correctement, ce qui est très honorable me direz-vous.

Mais à chaque fois, il manque ce petit plus, cette petite flamme, propre a vraiment nous faire totalement chavirer. C’est gentillet, professionnel, et loin d’être désagréable à écouter. Mais on reste un peu sur sa faim avec un album agréable, mais qui risque d’être très vite oublié. Ce d’autant plus que les morceaux que je n’ai pas cité sont eux bien dispensables, à la limite de l’insipide. Il en va ainsi de "You Can Call Me" qui cumule une musique monotone et un texte d’une profonde platitude. Avec, en moyenne, la phrase "Call Me" qui est répétée toutes les 8 secondes…

Mon jugement est très certainement un peu sévère pour un disque qui ne fera de mal à personne et qui trouvera très certainement des oreilles qui se contenteront sans peine de ces petites ritournelles popisantes, propre à nous accompagner gentiment dans nos activités quotidiennes. Mais on est en droit d’attendre un peu mieux d’un groupe de la stature de TEXAS, qui ne doit pas tout miser sur le joli timbre de voix de Sharleen Spiteri. Et qui pourrait faire preuve d’un peu plus de personnalité. La passion est un peu difficile à percevoir au travers du professionnalisme évident du groupe. Dommage.
2.5/5