Si The Hush, bien que parmi les best-sellers à l'orée du nouveau millénaire, a moins marché que son prédécesseur, c'est peut-être pour Mercury, la maison de disques, un signe que TEXAS est sur la pente descendante alors autant donner un soubresaut léger en publiant un Greatest Hits, au bout de cinq albums à peine, dont trois seulement ont vraiment cartonné.

Bien sûr, il convient de commencer par là où tout est arrivé, à savoir Southside (1989) et le méga-tube "I Don't Want a Lover", demeuré seule et unique vraie percée du groupe écossais aux U.S.A. En revanche, ce n'est pas une compilation chronologique : passé ce premier titre qui garde un effet de surprise, de rencontre enthousiaste pour le public devenu fan/amateur, tout est mélangé.

De ce premier album Southside, toutefois, on trouve également le blues alléchant "Everyday Now", remixé avec moins de réverb', ainsi que la gospel-folk entraînante de "Prayer for You" qui ont su marquer les esprits à juste titre. En revanche, aucun titre du mal-aimé deuxième album Mothers Heaven (1991) : "In My Heart" étant seule entrée dans un top 50, en France (44ème place), ce n'était guère suffisant pour avoir droit de mention.

Ricks Road (1993) est représenté par "So in Love With You" et surtout l'enchanteur "So-Called Friend", réenregistré pour l'occasion avec davantage de guitares aussi brillantes que nerveuses. Bien sûr, ensuite et au final, ce sont White on Blonde (1997) et The Hush (1999) qui se taillent la part du lion.

Enfin, pour ce dernier cela dit, en théorie uniquement puisqu'il ne l'est guère plus que Southside au final, et sans aucune retouche. Alors que "Say What You Want", version normale, se voit même soi-disant augmentée par sa version duo avec le WU-TANG CLAN, assez superflue déjà dans sa raison d'être, et heureusement reléguée tout à la fin (autrement dit, on peut stopper la lecture après "Put Your Arms Around Me").

Si jusque-là pareille compilation remplit bien son rôle, on peut apprécier la présence de quatre inédits sur cinq vraiment intéressants, dont une reprise d'Al GREEN, "Tired of Being Alone" que le groupe avait publiée en single. De la soul classique version TEXAS, avec un orgue de Campbell à l'avenant de même que la basse de McElhone. Qualité instrumentale que l'on retrouve sur le sample de Serge GAINSBOURG avec l'intro de "Je t'Aime... Moi Non Plus" qui est ici gardée comme motif récurrent de "Guitar Song", inédite où Sharleen Spiteri fait valoir son talent de façon différente de Brigitte Bardot et de Jane Birkin. Un refrain enduit de cordes bien sûr, mais relâché et tout aussi efficace, de même que le solo de guitare acoustique par McErlaine.

Très curieusement, sur cette poignée d'inédits, TEXAS donne mieux l'occasion d'entendre un groupe rock à nouveau, par rapport au dernier album en date. "Inner Smile", malgré ses boîtes à rythmes, ses 'yeah!' assénés au départ, se montre redoutable autant que passionné, avec encore une belle et franche nervosité dans l'élan, les guitares, les cris déchirants de Sharleen lors du final.

Quant à "In Demand", si elle les fait retrouver leurs aspirations r'n'b californiennes de l'époque, c'est pour moins de routine, un résultat plus convaincant que sur nombre de titres de The Hush. Superbe et frais, des cordes légères au pont avec l'orgue en passant par les choeurs, voilà, tout comme "Inner Smile", l'exemple idéal du single inédit et remplissant son rôle.

Ne parlons pas du clip avec Sharleen, cheveux longs dansant au vent tout comme sa robe sexy, passagère dans une voiture coupée la nuit aux côtés du regretté Alan Rickman (Hans Grüber face à Bruce Willis puis shérif de Nottingham face à Kevin Costner dix-douze ans plus tôt, qui allait lui aussi devoir porter sous peu la tignasse noire dans la saga Harry Potter, son tour de force le plus grand au cinéma). Le tout pour un résultat classe britannique supérieure comme dans les films romantiques, littéralement torride quand ils dansent le tango à la station-service.

Sans surprise, cette compil' devient elle aussi best-seller, carton plein dans les pays habituels (sauf la France curieusement, remplacée par d'autres comme l'Italie, l'Espagne ou le Danemark) et bien sûr, numéro 1 en Grande-Bretagne où elle est sextuple disque de platine et finalement numéro 42 (le plus beau nombre qui soit) des ventes pour la décennie 2000 à peine ouverte, malgré une forte concurrence présente et future.

4,5 arrondi à 5 à cause de cette pochette qui ouvre la voie à de trop nombreuses fois où Sharleen en fera de la sorte (pour TEXAS et en solo) avec la même expression fausse 'je-suis-si-fragile', le même geste de la main sur l'oreille.
Désolé, WU-TANG CLAN, le duo avec TEXAS n'est pas terrible et n'est pas non plus compris dans la bonne note, mais pas d'inquiétude, ce nouveau millénaire sera pour deux décennies au moins l'apogée du rap, avec des émules beaucoup moins intelligents et supportables que vous.