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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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- Style : Les Croquants

Jacques BREL - Marieke (1961)
Par EMMA le 20 Décembre 2024          Consultée 1017 fois

Au début des années 60, BREL commence à outrepasser largement les frontières et nous sommes en 1961 lorsqu’il est à son apogée à l’Olympia où il capte un public fidèle et passionné. Cette même année, sort le poétique album Marieke. Figure établie de la chanson française, ce cinquième opus à la maturité artistique grandiose consolide BREL dans sa réputation de chanteur poète. Il se plonge et explore plus profondément des thèmes, nous offrant une vision plus intime de son univers.

Comme bien souvent, BREL chante l’amour sous différentes formes. La pièce s’ouvre sur l’album titre "Marieke", déclaration d’amour déchirante à une femme ainsi qu’à sa terre natale. L’orchestration plutôt minimaliste crée une atmosphère intime mettant l’accent sur la voix de BREL qui porte la mélancolie du texte. Chanson poétique en alternant entre un français lyrique en contraste au flamand plus dur, Marieke, mélancolique, souvenir d’une identité culturelle. "Le prochain amour" s’ouvre sur des cordes douces qui accompagnent toute la chanson. Nous faisons face à un BREL passionné qui chante, mélancolique, l’amour comme une quête continue. Sur un air plus léger, il s’inspire de musique de différentes cultures pour enrichir son univers et "Clara" apparaît aux sonorités un peu latino qui rappellent le tango. Bien qu’avec un style unique, elle est à mon sens un peu moins poignante que les autres.

Rencontre entre humour noir, ironie et poésie, "Le Moribond" parle de la mort en célébrant la vie à travers un adieu joyeux. Il présente la mort comme inévitable mais non tragique, grâce aux paroles et à une musicalité festive, presque dansée, une fête funèbre créant un sentiment d’unité dans l’adieu créant une dissonance émotionnelle.

BREL chante les premiers vers de "Vivre debout" a capela avant d’être accompagné à la guitare qui aide à soutenir l’intensité du message de résilience. Elle n’a pas de véritable structure musicale, se faisant tout est construit autour des mots, ce qui en fait une chanson d’une intensité poignante.

Cet opus explore dans plusieurs de ses chansons des codes qui rappellent la valse. "On n’oublie rien" notamment qui traite de la mémoire nous donne, de par sa musicalité, le sentiment de tourner en rond. Les trois temps soutiennent l’idée d’un retour incessant de souvenirs. Le côté valsé, un peu dansant donc, allège le caractère grave de l’œuvre, comme "Les prénoms de Paris" d’ailleurs. Sur un ton un peu tragique et un air toujours valsé, bien qu’engagé, BREL personnifie Paris, la transformant en personnage à part entière. Paris comme lieu de rencontre, Paris comme scène et témoin de multiples histoires d’amour qui se font, tourbillonnent, se rapprochent, s’éloignent et disparaissent au milieu de la foule.

"Les Singes" et "L’Ivrogne" ont un aspect plus théâtral. "L’Ivrogne" illustre le génie de BREL pour brosser de manière saisissante des portraits et leur donner vie. Il dépeint un homme en proie à l’ivresse et donc à la douleur. La musique accompagne cela de manière grandiose sur un rythme lui-même enivrant, un peu valsé. Elle oscille entre moments ironiques et moments graves, avec un crescendo au fur et à mesure que les émotions du personnage s’amplifient, illustrant avec finesse les effets tragiques de l’ivresse. "Les Singes" est illustré dès les premières secondes par des percussions et des bruits de singe. Sous forme métaphorique, en comparant l’Homme à un singe, BREL dénonce dans un crescendo dont il est maître la violence, l’absurdité des actions humaines dénuées de sens, la quête de pouvoir. Satire sociale acerbe, sur fond d’une musique entraînante, il nous transmet sa passion de dire les choses.

Cet album est une unité, une pièce où tout s’accorde parfaitement jusqu’à atteindre une harmonie aux caractéristiques musicales et narratives dignes d’une comédie musicale. Avec une signature musicale soignée et expressive, l’orchestration riche quasi-cinématographique amplifie l’impact des textes et de l’interprétation. Dans ce cinquième opus, chaque morceau trouve son identité sonore de l’intime au théâtral, du doux au puissant. BREL capture des émotions universelles, faisant de cet album à la fois un écho du passé et un miroir du présent. La musique et les mots se mêlent pour former un parfait équilibre. La force de cet album réside dans son intemporalité et la capacité de BREL à faire écho à l’humanité. Cet opus, bien que n’étant pas le plus répandu, est très complet, d’une grande richesse émotionnelle et musicale, à écouter et réécouter.

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1. Marieke
2. Le Moribond
3. Vivre Debout
4. On N'oublie Rien
5. Clara
6. Le Prochain Amour
7. L'ivrogne
8. Les Prénoms De Paris
9. Les Singes



             



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