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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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- Style : Les Croquants

Jacques BREL - Jacques Brel 67 (1967)
Par EMMA le 2 Février 2025          Consultée 736 fois

À l’automne 1966, BREL annonce qu’il arrête le tour de chant pour se livrer à de nouveaux horizons, notamment la comédie et retrouver sa liberté. En vérité les raisons sont diverses et changent d'un jour à l'autre. Il honore bien sûr sa tournée pour Jacques Brel 67 et fait ses adieux au public sur scène à l’Olympia dans une ultime phrase, brève, qui lui ressemble, "Je vous remercie parce que ça justifie 15 années d’amour. Je vous remercie". Il sortira tout de même un dernier album l’année suivante.

Ce sont les trilles de "Mon Enfance" au piano qui ouvrent l’album. Une longue pièce de cinq minutes narrant une enfance bourgeoise jusqu’à atteindre l’âge adulte. L’arrangement musical s’amplifie avec les cordes, les vers vont toujours plus puissants jusqu’au crescendo éclatant de l’adolescence puis l’ajout de cuivres brutaux comme métaphore de la vie adulte. Le piano majestueux aux airs de concertos qui éclate tout en gammes et en arpèges dans les aigües confère à cette pièce musicale et théâtrale une certaine grandeur. "Le Cheval" s’enchaine dans un registre plus ironique, sur un rythme vivant et effréné. C’est une chanson sincère bien qu’un peu grandiloquente lorsque sont associées voix et orchestration tout comme "Fils De…", une chanson mignonne mais un arrangement musical qui tombe un peu dans le pathos par rapport au message de la chanson.

"Mon père disait" succède de tout évidence "Le Plat Pays", le ton et l’intonation sont quasi identiques. Et, comme un écho évidemment on les compare et on se rend vite compte que "Mon Père Disait" n’arrive pas à la cheville de sa grande sœur qui est plus sincère et moins précipitée dans ses paroles. L’arrangement musical lui est assez novateur grâce aux cordes. "La… La… La…" est un portrait pathétique et drôle sur une musique de cirque, une chanson déjantée un peu n’importe quoi mais BREL maîtrise l’ironie et la moquerie et brille dans sa capacité à changer de registre avec aisance. Le registre change d’ailleurs avec "Les Cœurs Tendres" issu du film "Un Idiot À Paris", une pièce vivante et touchante à la fois qui change un peu de ce que BREL a l’habitude de proposer et ça fonctionne à merveille. Une balade à l’accordéon dans Paris.

On retrouve le protagoniste de la chanson "Les Bonbons" sortie quelques années auparavant, dans une nouvelle version "Les Bonbons 67". Ici, il cherche à devenir quelqu’un de respectable mais retombe dans ses travers. Déjà la deuxième chanson de l'album en écho à une ancienne et si celle-ci non plus n’est pas à la hauteur de son originale, un peu redondante pour un BREL qui disait ne pas vouloir tricher et se répéter s’il n’avait plus rien à dire, on se laisse quand même séduire par la voix tendre, le caractère ironique, presque grotesque de la pièce en contraste avec la musique aérienne et naïve telle une comptine. Et puis, il maîtrise parfaitement son art et cette chanson sonne comme un petit retour au passé avant un au revoir. Puis, sans qu’on s’y attende, après toutes ces pièces comiques, "La Chanson Des Vieux Amants" émerge et nous bouleverse. Une des plus belles chansons de BREL d’une douceur sans précédent où le piano et le violon sont en pleine conversation sur la durabilité et la complexité de l’amour au fil du temps en se basant sur une relation construite sans qu’aucun des protagonistes ne possèdent l’autre et qui restent liés malgré tout. Chanson intemporelle, mélancolique et tendre, voyage émotionnel plein de sagesse. Je peux citer "Il nous fallut bien du talent pour être vieux sans être adulte" pour un aperçu de la justesse de la chanson mais à vrai dire, chaque vers est à écouter tant ils sont transperçants.

Pas le temps de s’en remettre, on passe à "À Jeun" une chanson proche d’une interprétation d’acteur qui joue avec des variations de voix. "Le Gaz", une chanson pleine de sous-entendus, poursuit sur la lignée comique. Enfin, "Les Moutons" vient clôturer l’album rappelant dans son air, une comptine pour enfant.

Jacques Brel 67 passe malheureusement après deux albums aux sommets. Il n’empêche que "Mon Enfance" et "La Chanson Des Vieux Amants" règnent dans ce disque. Elles sont intenses, bouleversantes et juste très belles. Un album traduisant un peu le changement de vie de BREL alors on le retrouve sur des airs plus guillerets et amusants, tout en comédie. Tout est bien structuré. Il s’ouvre sur « L’Enfance » dont les paroles finales « Et nous voilà ce soir » nous mènent à ce moment précis de l’album et la chanson suivante ouvre l’horizon sur la suite de sa vie. Pièce avec deux titres très forts, légèrement en deçà par certains autres titres mais le tout est équilibré, ce sera donc un joli 3,5.

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1. Mon Enfance
2. Le Cheval
3. Mon Père Disait
4. La… La… La…
5. Les Cœurs Tendres
6. Fils De…
7. Les Bonbons 67
8. La Chanson Des Vieux Amants
9. À Jeun
10. Le Gaz
11. Les Moutons



             



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