Depuis le siège du clergé, où pour info les cols en V sont proscrits depuis peu, notre équipe (infiltrée clandestinement) a pu enregistrer cette conversation entre Frater Imperator (ex-Copia, Ex-Papa IV), sa tante (désormais secrétaire générale de cabinet) et une jeune secrétaire fraîchement débarquée, alors que Skeletà (VIe opus pas Eponymous de GHOST) porté par le dénommé Papa V Perpetua vient de se propulser en tête du Billboard, une première pour un album Hard-Rock/Metal depuis des années. En exclusivité pour notre communauté, en voici le verbatim :

-Comment ? Qu’ouïs-je ? Où cours-je ? Dans quel état erre-je ?
-C’est : "dans quel état j’erre", sinon c’est pas drôle.
-Parce que c’est drôle une étagère ?
-Nan c’est "état j’erre" en trois mots. Du coup on confond avec l’étagère. Et c’est drôle…
-Gnééééé ? Depuis quand l’état gère ?
-Bah l’état c’est toi, vois-tu et c’est vrai que sans rien foutre, tu es devenu le #1.
-Bah, en même temps on m’a toujours pas installé de bureau, même pas une étagère pour y planquer les dossiers, alors que môman m’a donné les clés du pouvoir au moment de caner. Et puis céki ce parvenu qui a pris ma place au micro ? Je l'déteste, pourquoi c'est plus moi qui chante !
-Il se murmure qu’il s’agit de votre jumeau sire. Euh…je veux dire, souverain pontife, enfin j’veux dire souverain pontife émérite !
-Calme toi mon petit et Frater c'est une belle promo, nan ?
-‘tain, c’est n’imp ce lore… Qui se permet de propager pareilles sottises ?
-Celui qui est derrière tout ce foutoir depuis les origines : toi, ou plutôt ton vrai toi, Tobias !

Allez, c’est reparti sur les chapeaux papaux pour GHOST alors qu’on découvre le successeur de Papa IV Copia sous les traits de Papa V Perpetua en fin de vidéo de "Satanized", premier single issu de l’album Sekeltà. Et là, patatras ! Quelques jours après l’intronisation du nouvel Unholy Father, voilà que le véritable Holy Father s’en est allé voir plus haut si le ciel était encore plus bleu. Coïncidence ? J’ai de GROS DOUTES !!! Souvenez vous du départ Tina à la sortie de Phantomime avec l’inclusion de "We Don’t Need Another Hero" au tracklisting. De toute façon la contre église ne vit que par le complot, suffit de suivre ses vidéos sur YT pour voir qu’elle ne s’en cache absolument pas. En revanche, son lore est vraiment éclaté au sol avec sa succession de papes frères n’ayant que (trop) peu de mois d’écart s’agissant des deux premiers, un numéro III qui serait leur demi-frère, tous assassinés par leurs darons. On poursuit avec le IV qui n’est rien à la base mais en fait si parce qu’il a été engendré par le couple infernal Sister/Papa Nihil mais élevé par sa tante et voilà qu’il a désormais un frère Jumeau ! Et puisque Skeletà conclut une trilogie entamée en 2018 avec Prequelle, poursuivie en 2022 avec Impera, achevée en 2025, je le dis sans détour : Tobias, arrête avec l’influence narrative, la cohérence inexistante, des Star Wars 7, 8 et 9. Ces films-là n’existent pas, si ce n’est dans le cerveau malade d’un groupe d’Illuminati ! Bon Tobias, qui a quand même voulu et fait réaliser un film concert autour de ce fumeux lore, a fini par expliquer que le plus important c’était la zique. Encore heureux mec ! Entrons derechef dans le lard dudit sujet : Alors Skeletà ou pas ?

Commençons par "Satanized", le premier extrait -catchy à souhait- dévoilé de cette livraison avec ce sentiment diffus de douche froide qui s’installe comme c’est souvent le cas avec GHOST dès lors qu’il s’agit d’un nouveau titre alors que les anciens sont solidement ancrés dans les cortex. Concernant votre serviteur, seuls "Square Hammer" et "Rats" s’étaient imposés d’emblée. Ouais, ouais, ouais… Si ce n’est qu’après avoir écouté une version bootleg de cette chanson jouée en Live, on se rend compte que le public chante toutes ses paroles à l’unisson du Papa et qu’elle est d’une efficacité redoutable, alors on se laisse convaincre parce que, comme souvent, les chansons de GHOST –qui se veulent pourtant immédiates- délivrent leurs fragrances sur la répétition. On poursuit avec "Lachryma", deuxième single tout aussi mélodique mais avec un pré-refrain déjà moins prévisible, et là, vu que notre cortex s’est déjà habitué au son développé dans le premier single, ça prend –non pas immédiatement- mais encore plus rapidement. On enfonce le clou avec "Peacefield", qui achève de convaincre les plus réticents. Sa première version, celle du single, ôte le chœur élégiaque introductif qui ouvre aussi l’album magistralement, on entre direct en territoire Hard FM avec des mélodies irrésistibles et un refrain outrageusement pompé sur le "Separate Ways" de JOURNEY. Scandaaaaale ! Sauf que j’aime pas vraiment JOURNEY, nonobstant les qualités du groupe dont la classe de Steve PERRY, donc je m’en tape royalement ou plutôt bibliquement. On en parle du "Dazed And Confused" de LED ZEPPELIN ? Exemple parmi plein d’autres s’agissant des emprunts du dirigeable de plomb ? Oui, mais c’est pô bien ! Soit, mais GHOST a inversé l’échelle des valeurs depuis ses débuts, donc si t’es pas content va gueuler chez ton disquaire. A cette salve de chansons placée au début du skeud, ajoutons "Umbra", seul nouveau titre hors singles à être joué Live en ce début de tournée, placé en avant-dernière position sur l’album, rythmé par une cloche sortie des enfers, soit un morceau bien Heavy qui trancherait a priori avec les propositions ouvertement putassières susnommées. On peut relever son pont instrumental où guitare lead et claviers s’affrontent dans un duel sans merci. Si ce n’est que la prod’, hallucinante de clarté, vient lisser le tout pour faire passer la pilule à tous ceux qui disent aimer toutes les musiques, sauf le Hard. Alors le Heavy Metal, c’est même pas en rêve ma brave dame !

Si ce n’est que de Heavy Metal, il a toujours été question chez GHOST et si Prequelle puis Impera semblaient avoir mis la pédale douce à ce sujet, c’est beaucoup moins le cas de Skeletà, cela en dépit d’une prod’ éblouissante au point de te faire passer des vessies Heavy pour des lanternes AOR. Ne serait-ce, a fortiori, qu’avec l’apport des deux premiers singles déjà évoqués dont les riffs n’auraient pas dépareillé les derniers efforts de JUDAS PRIEST. On ajoutera à cela "De Profondis Borealis" qui repose sur une rythmique de guitare jouée en poussé après une intro qui te fais croire à l’arrivée d’une ballade mais qui est rapidement balayée par le fracas des six cordes. Que dire de "Marks Of The Evil One" ou de "Missilia Amori " ? Où il est question d’enfouir ce même fracas sous des nappes de synthé, on est plus proche du Hard Rock FM 70’s que du Heavy du coup mais au fond c’est plutôt chanmé. Et puis il y a "Cenotaph", jouée sur un galop de cheval, une des marques de fabrique du Heavy, contrebalancée par des licks à la STATUS QUO soit un crossover entre Boogie Rock et Heavy. Le bousin contient itou deux ballades, "Guiding Lights" dans laquelle Tobias résume tout le bien (hum, hum) qu’il pense des religions et de leurs représentants, mais aussi "Excelcis" où il est question de mort et d’éternité. Car au fond son propos très introspectif tout du long de l'opus, encadré par un univers lumineux, reste assez sombre dans l’ensemble. Ces deux titres, tout sauf honteux, laissent ci et là poindre une influence Proggy qui existait déjà sur les disques précédents, notamment la deuxième où les arpèges de guitare acoustique nous ramènent vers le GENESIS pré Pop. D’ailleurs son (magnifique) solo de guitare fait pas mal penser à ceux d’un certain Steve HACKETT à cette époque, à moins qu’on ne parle de Steven Rothery (MARILLION), un zigue qui doit beaucoup à l’influence du du gratteux du groupe nommé plus haut.

Et s’il s’agit d’aller chercher le numéro de la (petite) bête alors que la prod’ de Skeletà décorne de nouveau les boucs, émissaires ou non, ce serait plutôt du côté du son de batterie. Le batteur habituel des sessions n’est plus là. Un certain Max Grahn se voit propulsé au rang de principal song doctor or il est également multi-instrumentiste dans le civil. Ce serait lui derrière les fûts. Mais lorsque j’ois la chose quelque aspect me titille : cette satané batterie aussi rigide qu’une barre de (Luci)fer. Ça sonne pas naturel excepté s’agissant des cymbales. M’est avis que le gus a programmé les pistes de batteries ce qui n’est pas une première dans le Metal, demandez à JUDAS PRIEST justement. Argh. Le diable se niche dans les détails or GHOST veut la reconnaissance mondiale en général et étasunienne en particulier. La prod’ est là pour faire chavirer les auditeurs lambdas, les séduire en leur offrant ce à quoi la masse a été biberonnée, et le moins qu’on puisse dire c’est que ça marche du feu de Die... Du diable ! Cependant force est de constater que Tobias et ses sbires réalisent un nouveau tour de force même si Meliora reste solidement ancré sur son trône de (Kiss the go-) GOAT. Heaven’s on fire ? Hell ain't a bad place to be. Tobias a dit.