Deuxième album live des COWBOYS FRINGANTS, Au Grand Théâtre de Québec, enregistré les 21 et 22 décembre 2006 dans la capitale de la province du même nom, marque l'engagement écologique du groupe de manière concrète en faveur de la reforestation. Digipack réalisé en carton recyclé, 1$ par billet de concert et album vendus reversés en faveur de la fondation Cowboys Fringants (vouée au rachat de divers territoires du nord québécois afin de les préserver), le combo met sa notoriété toujours grandissante au profit d'une cause qui lui est chère.

Mais parlons de l'album en lui-même. Fortement axé sur La Grand-Messe (15 des 16 titres de cet opus sont interprétés ici !), Au Grand Théâtre de Québec montre un groupe plus mûr et déployant une énergie plus maîtrisée que celle présente sur l'incontournable Attache ta Tuque paru cinq ans plus tôt. Reprenant en quasi-intégralité son dernier opus en date, le groupe montre ainsi que chacun des titres le composant passe fort bien l'épreuve de la scène. Cette prise de risques constitue néanmoins également le principal point faible de ce nouveau live. Car si certains morceaux s'imposent immédiatement comme des incontournables au même titre que les classiques « historiques » du groupe ( « Ti Cul », « Camping Ste Germaine », « 8 secondes », « La Reine », « Lettre à Lévesque »), ce n'est pas le cas de tous les morceaux de La Grand-Messe, dont les ambiances variées rendent certains morceaux moins immédiats en live. Ainsi, même si le politisé « En Attendant », l'alambiqué « Symphonie pour Caza » et l'épique « Si la Vie Vous Intéresse » déclenchent l'adhésion d'un public donnant de la voix sur l'ensemble de l'album, ces morceaux tendent à nuire à la qualité de l'ensemble et paraissent quelque peu incongrus sur cet album live. En revanche, comment ne pas être sous le charme des deux morceaux clôturant l'opus, le pessimiste « Plus Rien » et le nostalgique « Les Etoiles Filantes », les deux perles de La Grand-Messe qui, retravaillées et rallongées pour l'occasion, offrent une montée en puissance génératrice d'émotions bouleversantes et contradictoires que seuls les COWBOYS FRINGANTS savent nous procurer.

Une maigre place est ainsi laissée au répertoire pré-Grand-Messe du groupe, puisque seuls neuf titres antérieurs à cet album sont interprétés sur ce live. Et si l'on retrouve avec plaisir les formidables classiques que sont « Joyeux Calvaire », « Le Gars de la Compagnie » (dont les propos anti-déforestation prennent ici une nouvelle dimension), « La Manifestation » et bien entendu l'incontournable « En Berne », la comparaison avec le superbe live Attache ta Tuque est inévitable. Certes, l'interprétation de ces titres est impeccable et de haute volée, mais semble plus propre et moins portée par le public que sur Attache ta Tuque. Néanmoins, c'est avec un plaisir non feint que l'auditeur retrouve l'impertinent « Marcel Galarneau » absent du précédent live et extrait du deuxième album du groupe (Sur mon Canapé) ainsi que « Le Pharmacien », reprise de Felix Leclerc jouée par le groupe à ses débuts et magnifiée par le violon débridé d'une Marie-Annick Lépine au sommet de son art.

Faisant un peu trop la part belle au pourtant formidable album La Grand-Messe, LES COWBOYS FRINGANTS livrent avec Au Grand Théatre de Québec un deuxième album live moins convaincant et peinant à égaler la qualité de son prédécesseur, qui avait placé la barre très haut. Reste le plaisir d'entendre en concert un groupe folk/country respectueux de son public et auteur des plus belles compositions du genre depuis le début des années 2000.