Ce disque “spécial instrumental” des jumeaux Quéfféléant est leur cinquième. La Harpe Celtique n'est pas le premier de leurs disques à mettre en valeur ce bel instrument, mais il s'agit à l'instar de leurs autres publications, d'un chant de louange à ce divin instrument, bien qu'il soit loin d'être seul représenté.

Eh oui, en bon écho au mythique Renaissance de la Harpe Celtique d'Alan STIVELL, l'enchanteur qui a transmis aux jumeaux sa passion pour l'instrument, cette cinquième galette d'AN TRISKELL offre la part belle à des reprises de morceaux traditionnels mais aussi à des compositions originales, pour harpe (avant tout bien sûr) et d'autres instruments. Néanmoins, les compositions des frères Quéfféléant occupent une plus large place que la tradition pure et les musiciens extérieurs ont parfois droit à laisser leur signature dans leur confection.

Les morceaux, tous d'une très grande qualité, de même que les arrangements d'une finesse incroyable, contribuent naturellement à faire de ce disque une perle à posséder. Pas un seul titre en dessous du reste, le voyage est tout simplement fantastique... L'hommage à la harpe est renforcé par les interventions de ces autres instruments, classiques (le doux violoncelle), celtiques (caisse claire et cornemuse écossaises), ou même rock comme la basse électrique. Mais c'est bien elle, la harpe, qui demeure reine.

Les compositions sont variées dans leur style, les danses s'enchaînent aux complaintes et cette dynamique aura de la difficulté à faire reculer le néophyte ou le sceptique. On passe d'une gavotte bretonne ou d'un dañs fisel entraînant à une gwerz somptueuse. L'ensemble est enrichi par des apports extérieurs de choix comme une bombarde, un bodhran, des choeurs masculins somptueux ("Ar Hakous" entre autres) rappelant la version de "Eliz Iza" d'Alan STIVELL, ou même des nappes de synthétiseur. Si l'on devait citer quelques titres parmi les plus enchanteurs, il y aurait "An Hader", "Envorenn" et ses sublimes notes coulées...

Une oeuvre pas originale au sens innovation certes, ce que l'on aurait tort de lui reprocher, car elle se savoure pour son exquisité, sa douceur et tous les charmes qui se révèlent dès la première écoute. Si l'on recherche des disques dans la lignée de Renaissance de la Harpe Celtique mais en dehors de chez STIVELL et toujours à la même époque, c'est indubitablement vers celui-ci qu'il faut se tourner, ainsi que les albums non-chantés de MYRDHIN (Emersion, Harpèges), entre autres.