Après les disques, il fallait parler de la scène, car Musique Millet, même en train de préparer un examen, peut et sait aussi se défendre devant un public. Nous avons ici un DVD concert très copieux réparti sur deux disques, sans bonus ou presque (juste un mini-reportage sur les coulisses à la fin) et c'est amplement suffisant. Ce concert a eu lieu les 26 et 27 mai derniers (extraits prélevés sur les deux dates), une excellente période pour aider les élèves à relâcher un peu la pression qui pesait sur eux, en terminale surtout. C'est d'ailleurs la dernière occasion de profiter de la présence de certains d'entre eux. Le professeur Vincent Lonjon est là pour les soutenir bien sûr, et on ne le remerciera jamais assez pour cette assistance, la direction, la musicalité... Tout en fait !

Pour ce DVD, on ne parlera pas de technique visuelle. Le lycée ne disposant pas d'une grosse machinerie, ces DVD sont tournés par des parents d'élèves, avec les moyens du bord. On aura quelques petites coupures de çi de là, pas trop fréquentes, et il faudra repasser pour des gros plans sur le visage des élèves ou du professeur. Néanmoins nous n'avons pas à chipoter, car le film présenté reste de facture nettement acceptable pour un tel évènement.

La première partie, après un "Tonight" choral dirigé par Vincent Lonjon idéal pour ouvrir le bal, présente toute une série de morceaux que l'on n'a pas eu l'occasion d'entendre en CD. La plupart des interprètes vocaux ont déjà été ouï autrement en lead et l'on a quelques très bonnes surprises. Hugo Poidevin, Rebecca Contreiras, Jean-Marie Canoville sont les gardiens tout autant que Vincent Lonjon du secret d'un "background" sérieux et efficace. Mais les accompagnants instrumentaux étant toujours dans le bon ton, qu'ils soient guitaristes ou flûtistes, on s'attardera sur les voix. Certaines manquent un peu de justesse, mais dans le cas de Graziella Roger par exemple, on n'a cette impression que parce que les méandres mélodiques de son "Casta Diva" restent assez exigeants, même pour une aussi belle voix soprano. On apprécie toutefois ce moment lyrique, tout comme le plus léger "Black Horse and the Cherry Tree" de KT Tunstall, interprété par une Cassandra Castel qui sait mettre l'ambiance. Ces deux moments sont assez opposés en termes d'expression scénique. Mégane Lelong arrive à rendre agréable une chanson de Christophe Maé (une fille, ça change énormément), Léa Gibert ouvre le cercle des chanteuses avec force sur "Les Passantes" et nous émeut encore plus sur le "Sunrise" de Norah Jones, on sent des "jazzouillis" dans la voix de Léa Hautot sur le Nat King Cole (très différent de sa prestation sur "La Salsa du Démon" !), Tiffany Filliatre envoûte sur "Snow", on découvre que Rebecca Contreiras est aussi chanteuse (sur le Anaïs, avec des parties lead prometteuses), et Mickaël Picquerey fait un show à lui tout seul avec sa reprise de "Fever".

Les autres morceaux, on les connait, ce sont ceux du dernier CD. Tous sont présents, sans exception, et joués aussi bien, voir mieux. Les titres chorale de fin sont idéalement situés et assurent un final déjanté bien agréable. Bastien Loir livre une interprétation de Francis Cabrel encore plus vibrante (là encore grand décalage avec "La Salsa du Démon" !), se réservant aussi un "Déjeuner en Paix" décoiffant. On peut mettre un visage sur la voix paisible de Léna Quignette dont le "Jimmy" est encore plus étoffé (dommage qu'il ne sot pas à la toute fin du premier DVD), avec aussi ce duo guitare acoustique-harmonica. Serge Flambard et Jean-Rémy Gloaguen sont présents pour le "Friendship" de Camel et l'interprétation dépasse celle du studio. De même, Monia Baudry et Caroline Gasnier, sous des dehors timides ne nous ont pas menti sur disque et restituent l'intensité de leurs chansons respectives. Hugo Poidevin, non content de rajouter ça et là des soli de contrebasse (parfois à l'archet) se révèle lui aussi un interprète solide sur son "Behind Blue Eyes" et bien sûr "Eye in the Sky". Terri-Jade Nunn gère ses deux interventions avec autant de suavité que de classe. Que dire encore des "Robin" et "Tell Him" où les voix des filles s'élèvent aussi haut que des choeurs angéliques... "Histoire Sans Paroles" vit encore plus quand on regarde les interprètes jouer (même si eux regardent les partitions, normal), et "Capitaine Coeur de Miel" est juste comment dire, phénoménal ?

La transition est toute trouvée pour le dernier paragraphe car nous parlons-là uniquement de ce que l'on voit, et ce qu'on doit surtout en retenir. J'ai parlé de show un peu plus haut, et il faut dire que certains élèves n'ont pas volé leur talent. Si tous font le maximum d'efforts pour que la prestation soit belle (et y arrivent) en dépit d'une grande timidité, certains se démarquent, telles de vraies "bêtes de scène" pour parler vulgairement. Ce n'est pas seulement dans le jeu scénique, c'est aussi en ce qui concerne la "simple" présence. La plupart des chanteuses ont cela, mais on retiendra en particulier la sensibilité de Caroline Gasnier et de Terri-Jade Nunn, belles comme des fleurs quelle que soit leur empreinte, vocale ou "vivante". Mickaël Picquerey assure vraiment tout seul ou presque, et tout comme Hugo Poidevin, il est quelqu'un que l'on admire. Ce sont des noms que l'on retiendra, tout comme le guitariste Félix Moal pour ses soli époustouflants, ou encore Rebecca Contreiras qui, même si elle ne joue pas forcément seule, est toujours des moments les plus appétissants (et puis je garde le Harmonium tout comme les Genesis d'il y a deux ans bien en évidence dans ma tête). Last but not least, on ne peut décemment pas parler du DVD 2011 de Musique Millet sans citer monsieur Jean-Marie Canoville. Lui non plus n'était pas assez satisfait d'accompagner les chanteurs(euses) aux diverses guitares, il se réservait carrément la part du lion en termes de spectacle. Les deux titres de Ange où il officie sont de purs bijoux ne serait-ce qu'à regarder, en grande partie grâce à lui. "Capitaine Coeur de Miel" surtout, où d'ailleurs Vincent Lonjon et le public lui réservent une ovation particulière. S'il y en a au moins (je dis bien "au moins") un parmi tous ces élèves qui ira loin, qui se fera remarquer sur tous les plans, c'est bien lui. N'oublions pas miss Gaelle Manac'h qui, déjà excellente violoniste, fait un superbe "nain de stanislas" bariolé et accompagne joliment Jean-Marie sur la chanson appropriée.

Ce DVD même non dénué d'imperfections reste un beau moment de musique par de jeunes élèves qui donnent le meilleur d'eux-mêmes. Pour le meilleur...

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